Révolution Libyenne
La révolution libyenne appelle les observations suivantes :
-C’est une révolution pacifique menée par la jeunesse libyenne. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est le refus du pouvoir libyen de libérer l’avocat des parents de prés 1200 prisonniers qui ont été tués par le pouvoir pour avoir réclamer une amélioration des conditions de leur détention, il y a de cela quelques années,
-L’usage de la force disproportionnée a poussé ces jeunes à recourir à des armes récupérées ici et là lors des affrontements,
-Ces jeunes n’ont aucune idéologie hormis celle d’aspirer à la liberté et à la dignité à l’instar de leurs confrères tunisiens et égyptiens,
-Cette révolution a emporté l’adhésion du peuple libyen à l’exception des tribus dont est originaire Kaddafi,
-Cette révolution a entrainé la défection de certains membres du Gouvernement, d’officiers de l’armée et de représentants de la Libye à l’étranger,
-Nous autres voisins de la Libye avons découvert à travers les personnes interviewées, un peuple digne, pacifique, profondément croyant, solidaire et courageux qui ne mérite pas d’être dirigé par Kaddafi. Ce personnage rocambolesque, menteur, manœuvrier, sans scrupule et rustre, pour ne pas dire autre chose, a montré qu’il ne nourrit que de la haine pour son peuple qu’il n’a pas hésité à massacrer avec des armes terribles pour essayer de se maintenir au pouvoir et continuer à accaparer ses richesses.
Ces richesses immenses n’ont pas été à même de loger ses concitoyens de Tobrouk qui continuent à habiter dans des abris rudimentaires recouverts de tôles, ni à édifier un système sanitaire moderne puisque ses concitoyens se font soigner à l’étranger.
-Après sa libération les tunisiens seraient fiers de construire avec ce peuple, un ensemble économique solide dans l’intérêt des deux parties. Quand bien même les tunisiens traversent une période politique, économique et sécuritaire difficile, ils ont répondu à l’appel de la solidarité et ont également ouvert leurs portes aux autres réfugiés de différents pays,
-Tous les pays arabes regardaient Kaddafi mater son peuple sans pitié et poursuivre son massacre jusqu’à Ajdabia sans broncher. Seul le Qatar n’a cessé d’envoyer des convois humanitaires et a fini par saisir le Conseil de Sécurité devant la perspective d’une catastrophe humanitaire à Beni Ghazi.
Nous avons tous vu des libyens de tous âges fuir les combats d’Ajdabia, raconter les atrocités vécues et implorer l’aide du monde les larmes aux yeux. C’était bouleversant.
Parmi les pays étrangers , seule la France, conduite par son fougueux Président a entrepris une course contre la montre pour faire voter par le Conseil de Sécurité la fameuse résolution 1973 après avoir été le premier à recevoir et à reconnaitre le Comité Provisoire de la révolution,
-Cette résolution appuyée par la Ligue arabe prévoit un cessez le feu, une « no fly zone », une action militaire contre les moyens militaires susceptibles de mettre en danger la vie des civils, l’interdiction du recours aux mercenaires, un embargo contre les armements et un gel des avoirs du clan Kadafi
-Ma grande surprise a été de relever l’abstention de la Russie, de la Chine, du Brésil, de l’Allemagne et de l’Inde au Conseil de Sécurité. La Turquie et la Syrie m’ont aussi déçu. A quoi jouent-ils ?Les enjeux commerciaux et la peur de la contagion suffisent-ils à éluder l’aspect humanitaire ?Drôle de politique qui ignore les valeurs morales élémentaires !
La Libye de demain en tiendra compte certainement. Une autre grande surprise a été de voir des tunisiens protester devant l’ambassade de France contre la vigoureuse et nécessaire intervention militaire française en Libye et à leur tête un certain Hamma el Hammami futur candidat à la Présidence de la République tunisienne ! Les arguments éculés avancés tirés du néocolonialisme n’ont rien de convaincant. Ils oublient le drame qu’auraient vécu les populations civiles de Beni Gazi sans l’intervention des pilotes français à qui j’adresse mes vifs remerciements d’avoir risqué leurs vies pour des étrangers. Ma surprise a été grande d’apprendre que Amr Moussa n’est pas d’accord sur l’étendue des interventions de la coalition se prêtant aux allégations de la propagande libyenne et ignorant délibérément les termes de la décision du Conseil qui ne peut exclure la nécessaire neutralisation des défenses anti aériennes et les blindés au sol susceptibles d’attaquer les civils.
En conclusion, la révolution libyenne doit être soutenue en renforçant ses moyens de combat. L’action militaire de la coalition doit être saluée et soutenue tant qu’elle ne mette pas les pieds sur le sol libyen. A cet égard, Je tiens ici à rendre un vibrant hommage notamment à la France, la Grande Bretagne, les USA, le Qatar et l’Italie qui ont accepté de mettre en péril la vie de leurs pilotes et ont engagé des sommes colossales alors que leur économie traverse une période difficile.
Ces pays ont compris qu’il fallait soutenir les peuples dans leur lutte pour la liberté et qu’il est de loin préférable d’entretenir des relations politiques et économiques avec des pays libres qu’avec des dictatures moyenâgeuses.