vendredi 28 octobre 2016
dimanche 23 octobre 2016
Ce qu’on est en droit d’attendre du Chef du Gouvernement
Le discours d’investiture du chef de
Gouvernement, à l’ARP, a laissé bon nombre de citoyens sur leur faim. Ils se
sont dit, qu’un package de mesures concrètes suivra. Mais l’attente a été
longue alors que le rendez-vous de fin novembre des investisseurs arrive à
grand pas. Gardons, cependant, bon espoir.
Peut-on
oser dire ce que nous attendons ? Oui, cette « révolution » a
diminué notre niveau de vie mais nous a gratifié de la liberté d’expression.
Il y
a d’abord des préalables à satisfaire
1) Ce
n’est pas parce que le chef du Gouvernement s’est entouré, surtout de jeunes
collaborateurs, bardés de titres, que la croissance économique repartira. Il ne
faudrait pas faire l’erreur de mettre sur le bord de la route les gosses
pointures de notre économie qui ont exercé surtout des fonctions
ministérielles. On pourrait les inviter à faire partie du « Pool
économique » à créer ou du « Conseil économique et social » dont l’intérêt, tant pour l’ARP que pour le
Gouvernement, est évident.
A cet égard, pourquoi ne pas mettre à
contribution, par exemple, monsieur Mohamed Ghannouchi pour ne citer que cette
illustre personnalité qui a pu
assurer à notre économie une croissance
de 5% en moyenne en dépit des dérives
dont il n’assume pas, à mon humble avis, la responsabilité ? Il faudrait
les pousser à mettre la main à la pâte, au moins pour nous aider à faire
repartir la machine économique qui patine.
2) Eviter,
à tout prix, de lancer un mauvais signal aux investisseurs en se bornant à
reproduire une loi des Finances préparée par le Gouvernement précèdent et qui
n’a d’autres préoccupations que de trouver des ressources.
3) L’Etat
devrait se doter des moyens juridiques permettant de dépasser les contraintes
administratives source de lenteurs et de débats interminables, quitte à ce que
les contrôles a posteriori de l’ARP sanctionnent toute dérive. Cependant, cette
délégation législative est à limiter dans le temps.
4) Le
Chef de Gouvernement n’a d’autres choix que d’agir, dans le cadre de ses larges
attributions constitutionnelles, contre les individus qui dévergondent
l’économie, en ayant le courage de se soustraire aux pressions diverses qui pourraient s’exercer sur lui.
C’est cette action courageuse que le peuple attend impatiemment. Le chef du
Gouvernement devrait se placer au-dessus des partis en faisant peu de cas de
son avenir politique. Il devra apprendre
à s’adresser directement et franchement au peuple en lui demandant son soutien,
soutien qu’il lui accordera et qui légitimera son action.
5) Engager,
sans tarder, la réforme de la justice. Le Conseil supérieur de la justice,
nouvellement élu, sera là pour épauler l’action du Ministre de la justice. Cette
réforme pourrait se traduire, notamment, par l’informatisation et le
renforcement des moyens humains. A cet égard, certains juges à la retraite, mus
par un esprit nationaliste, pourraient faire bénéficier, bénévolement, la
justice de leurs compétences, pendant une certaine période, pour traiter les
dossiers en suspens. Une justice sereine, indépendante et rapide renforcera la
crédibilité de l’Etat et sécurisera tout justiciable.
Quelques mesures attendues
a) La
loi de Finances pour 2017 devrait représenter la première année du plan de
développement en cours d’élaboration. Elle se devrait de contribuer à rétablir
la confiance des investisseurs et du
citoyen en général. Certes, il faudrait identifier des ressources. Mais, plutôt
que de chercher à augmenter la pression fiscale il faudrait s’engager plutôt sur la voie de sa compression. En effet,
c’est sur l’entreprise que pèse la responsabilité de la création des emplois
devant l’absence de moyens suffisants de l’Etat. Rappelons, que lorsque l’Etat
a diminué, à un certain moment, les droits d’enregistrement, le citoyen a
accouru aux guichets des Finances, pour enregistrer ses biens. Il faudrait
gagner le pari d’une diminution de l’impôt
qui encouragerait le citoyen à s’acquitter de ses obligations fiscales.
C’est là aussi un signal positif adressé
aux investisseurs, surtout étrangers.
b) Veiller
à ce que la fiscalité soit une obligation pour tous, soit juste sans être un
frein à la croissance.
c) Le
déficit en ressources pourrait être comblé, par un élargissement des assiettes
fiscales (limitation du régime forfaitaire… ) et la mise à contribution
des professions qui ne paient pas actuellement suffisamment d’impôt. Il n’y a
d’autres voies que le dialogue technique serré avec les professions qui ont
chacune leurs spécificités.
d) L’Etat
devrait comprimer, cette année, ses dépenses, à l’exception des dépenses
destinées à renforcer les équipements de sécurité. Une reconduction des
enveloppes budgétaires antérieures et la généralisation de la gestion informatique s’avèrent nécessaires.
e) L’Etat
devrait s’atteler à recouvrer, au plus vite, les créances qu’il détient sur les
entreprises et les particuliers.
f) L’excèdent
constaté au niveau de la fonction publique devrait être redéployé, au plus
vite, dans les administrations qui souffrent d’un manque, dans le renforcement
des équipes de contrôle fiscal et dans le déblocage de certains investissements
au niveau régional.
g) Qu’attend
l’Etat pour céder les biens confisqués sans pour autant les
brader ? Un audit effectué par une équipe d’experts indépendants pourrait
évaluer ces biens à leur juste valeur et l’Etat les vendrait, au moins à ce
prix, sur appel d’offres transparents.
h) Qu’attend
l’Etat pourrait-il céder, dans la
transparence, certaines de ses participations dans les secteurs non
stratégiques à définir rapidement.
i) Le
commerce parallèle accapare plus de 40% du PIB, fait qui ne peut plus durer. Qu’attend-t-on
pour démanteler ces réseaux apparemment puissants à partir des résultats
obtenus en aval (action dans la rue des salines, étalages de marchandises
douteuses dans la rue,)? Certaines langues affirment que ces réseaux pourraient
financer certains partis politiques et avoir des ramifications dans les
structures de l’Etat. C’est la volonté politique du Chef de Gouvernement et le
soutien de la société civile qui permettra de gagner la bataille. Que de
nouvelles recettes budgétaires seraient attendues de cette action courageuse !
Certains disent qu’ils connaissent nommément ces barons de la contrebande et de
la corruption. Un député s’est dit prêt
à livrer certains noms au chef du Gouvernement lors de la séance de son
investiture. Alors ? Où le blocage réside-t-il ?
j) Les
dépenses de la caisse de compensation deviennent de plus en plus insoutenables.
Il va falloir libérer certains prix. En ce qui concerne, le pain, l’huile, le sucre
et certaines autres denrées alimentaires, il est possible de verser, à travers
l’entreprise ou l’Etat, qui emploie les catégories à faible revenus, mensuellement et
régulièrement, une somme qui couvre leurs dépenses , à ce titre. Pour ceux
qui sont sans emplois cet ajustement pourrait s’opérer au niveau des
délégations au vu d’une liste ne prêtant à aucune confusion.
k) L’augmentation
des cotisations sociales, l’adjonction, au régime de répartition, d’une dose de
capitalisation est nécessaire pour le rééquilibrage des caisses sociales. Le
recouvrement des créances au titre des cotisations, le relèvement de l’âge de la retraite et le réexamen du mode de calcul des pensions
nouvelles, urgent.
l) La
production de phosphates devra se maintenir et
s’accélérer étant entendu que le Gouvernement devra honorer les engagements pris pour
développer la région minière. Pour résoudre à terme le problème du transport
coûteux du phosphate, pourquoi ne pas s’inspirer de l’expérience marocaine du
transport par aspiration à travers un
tunnel ?
m) La
transformation d’une partie plus importante de notre dette en investissements
et l’étalement du reliquat pourraient être envisagées.
n) Dresser
un plan d’actions pour soutenir la campagne céréalière à engager suite aux
pluies (augmentation des surfaces emblavées, alimentation en engrais, crédits
agricoles).
o) Venir
en aide aux PME en difficultés qui emploient déjà un réservoir d’emplois qu’on
risque de perdre.
p) Désorganiser
le trafic de devises en multipliant les contrôles et s’il le faut en autorisant
l’ouverture de nouveaux bureaux de change dans les zones frontalières.
q) Sur
le plan extérieur nos exportations devront trouver de nouveaux débouchés avec
un nécessaire accompagnement diplomatique et bancaire et la facilitation des
moyens de transport maritimes et aériens pour atteindre notamment l’Afrique
subsaharienne.
r) Œuvrer
pour rétablir plus rapidement la Paix en Libye, l’un de nos principaux
partenaires.
En
conclusion, ce train de mesures qui serait engagé, au plus vite, mettra le pays
sur la voie de la reprise de la croissance.
C’est
cette reprise de la croissance, tant attendue, qui diminuera les tensions
sociales et poussera ce Gouvernement à aller plus loin dans le développement
des infrastructures, les encouragements à la génération des richesses et leur
redistribution équitable.
La
stabilité politique et sociale et la
consolidation du processus démocratique sont à ce prix.
Nous
n’attendons rien de ce Gouvernement que nous soutenons sinon qu’il administre
la preuve qu’il est en mesure de mettre le pays sur la voie de la croissance.
Mokhtar
el khlifi
23/10/2016
mardi 18 octobre 2016
Le coup de semonce de l’UGTT se justifie-t-il ?
18/10/2016
Je dirai d’emblée oui. Cette organisation nationale a signé le
fameux accord de Carthage précipitamment fait. Elle a reconnu expressément la
situation peu enviable que vit le
pays et notamment la situation de ses
finances publiques. Elle a reconnu la nécessité des sacrifices à consentir par
toutes les parties pourvu qu’ils soient équitablement répartis. Elle a
manifesté sa disposition à poursuivre le dialogue et a saisi la main tendue du
Gouvernement. Que veut-on de plus ?
Où se situe donc le problème ?
Je le situe, encore une fois, au niveau des « experts »
des parties concernées. Chacune partie semble détenir la vérité alors que
celle-ci pourrait être à mi-chemin.
Tout en excluant les éventuelles arrières pensées politiques, je
pense qu’à partir de données communes et d’une même vision politique, il est
possible de parvenir à un accord équitable.
A cet égard, il appartient à l’Administration, au sens large, ce
qui inclut la BCT, de maîtriser ses données et de marquer sa disposition à les
communiquer d’autant qu’il y a une loi
qui l’y oblige.
Si elle en est
matériellement incapable actuellement, il est temps qu’elle améliore ses
procédures et recrute les profils idoines quitte à s’inspirer d’exemples étrangers.
A l’heure du numérique, il n’est plus permis de ne pas dominer le problème des
données.
Le tableau de bord nécessaire au décideur que le Gouvernement
Jomaa en a parlé, semble ne pas avoir
été réalisé.
Aux organisations nationales de maîtriser également leurs données et
de faire en sorte que les informations
soient fluides entre elles et l’Administration.
Le temps du chacun pour soi
est révolu surtout lorsque l’intérêt national est en jeu.
A défaut de cette maîtrise
des données, de cette fluidité et de cette transparence, l’orgueil personnel
aidant, un problème technique national à résoudre, se transforme rapidement en
suspicion et en querelles de personnes entre « experts » des
différentes parties. Le pays doit pouvoir en faire l’économie au plus vite.
Nous venons d’apprendre que le Gouvernement s’apprête à créer un
« pôle économique » composé d’experts. C’est là une excellente idée
qui ne devrait pas cependant se substituer à la création du Conseil économique
et social qui tarde à être réalisé.
Mais son efficacité dépendra
de sa composition.
Il va falloir, je crois,
ratisser large pour y inclure le plus grand nombre de ceux qui ont une
compétence réelle avérée et même de
personnalités qui ne partagent pas les idées libérales de ce Gouvernement. Il
faudrait aussi que ses travaux soient publiés.
Le coup de semonce de l’UGTT a le mérite de remettre les pendules à
l’heure.
Imaginez un seul instant que cette organisation n’ait pas réagi
fermement. La contrainte de temps aidant, le Gouvernement, disposant d’une
majorité confortable à l’ARP, aurait pu faire passer le projet de loi de
Finances concocté par ses services lequel aurait pu répondre à ses
préoccupations immédiates et occulter les intérêts d’autres parties.
Sur le plan fiscal, ce qui m’inquiète surtout, c’est que le projet
a pris le parti d’obérer les charges de
l’entreprise appelée pourtant à se substituer à un Etat défaillant dans la
création des emplois tout en affectant également les revenus des classes
moyennes moteur de la consommation.
Je ne suis pas fiscaliste, mais je dirai que si au lieu d’augmenter
la pression fiscale le Gouvernement prenait le parti de la diminuer mais d’en
élargir l’assiette et de mettre tous ses moyens pour réaliser un contrôle
efficace et soutenu et qui tienne compte
des signes extérieurs de richesse, ce serait, de loin, beaucoup plus
préférable. C’est là aussi un calcul à faire à partir des données en possession
de l’Administration pour être sûr du volume des recettes fiscales.
Il demeure entendu que cet effort serait insuffisant si le commerce
parallèle et la corruption ne seront pas combattus.
Mokhtar el khlifi
lundi 10 octobre 2016
Tunisie : Refaire l’union nationale
10/10/2016
Le Gouvernement de notre pays est dans une situation politique,
financière, économique et sociale très difficile.
Les engagements formels pris vis-à-vis des composantes de l’Union nationale
scellée dans le fameux accord de Carthage et vis-à-vis des organismes
internationaux (FMI, BIRD) le lient au point de l’étrangler.
Une situation peu enviable pour un chef de Gouvernement sans grande
expérience.
A ces engagements s’ajoute l’inexorable contrainte de temps. Une loi complémentaire
des finances pour boucler le budget 2016, la loi des finances pour 2017 à
voter avant décembre 2016 et la rencontre avec les investisseurs étrangers de
fin novembre. Un vrai casse-tête.
Si le Gouvernement précédent aurait été reconduit, mais cependant avec
quelques modifications, nous aurions pu au moins gagner un peu plus de temps,
mais l’initiative inattendue de BCE a tout chambardé sans que la nouvelle
équipe ait montré qu’elle dispose de solutions immédiates aux maux qui
rongent nos finances et qu’elle soit prête à donner un coup de pieds dans
la fourmilière.
Comment sortir de cette impasse?
Je ne pense pas qu’on puisse convaincre le FMI de maintenir les salaires à
un niveau aussi élevé et ne pas commencer à les comprimer.
La bonne orthodoxie financière et l’engagement pris s’y opposent. Cette
compression des salaires est, d’ailleurs, l’un des bons signaux qu’attendent
les investisseurs.
Il ne reste donc plus qu’à revoir l’accord de Carthage sur des bases
précises en associant des composantes qu’on a laissé au bord de la route.
A cet égard, les « experts » aussi bien du Gouvernement, de la BCT, des
organisations nationales, des partis politiques que de la société civile,
pourquoi pas, devraient, autour d’une table, commencer par ajuster rapidement,
leurs chiffres et donc avoir une idée très précise sur la situation réelle du
pays.
Ils pourront alors proposer aux politiques les mesures à réaliser à court,
moyen et long terme.
Le passé, particulièrement, de l’UGTT et de l’UTICA m’autorise à croire que
face aux rapports que leur feront leurs «experts», elles prendront la bonne
décision à savoir la voie des sacrifices librement consentis avant qu’on nous
les impose de l’extérieur et à leurs conditions.
Sur le plan politique un retour immédiat à la transparence et à la
bonne gouvernance sera donc une nécessité.
En effet, on ne voit pas, actuellement, pourquoi le gouvernement ne
s’engage pas d’une manière franche notamment sur la voie de réforme de la
justice vers plus d’indépendance, de célérité et d’efficacité, de la
fiscalité et de la douane. Ce sont pourtant ces actions qui conforteront notre
position vis à vis des bailleurs de fonds qui ne sont pas des âmes charitables,
je vous prie de le croire.
C’est cet engagement sur la voie des réformes qui sera le véritable ciment
d’une nouvelle union nationale plus large et plus homogène.
Sommes-nous enfin conscients que nous vivons le dernier quart d’heure?
Inscription à :
Articles (Atom)