mardi 30 août 2016

Le recours à la "fatwa"

En écoutant la mise au point de monsieur Essid, aujourd’hui 29 août 2016, lors de la cérémonie de la passation, je tire la conclusion que ce chef de Gouvernement honnête sérieux et compétent a fait ce qu’il pouvait compte tenu du lourd héritage et de l’environnement qui  a caractérisé son action.
 Si on ne visait que l’intérêt national, ne pouvait-on pas demander à Essid de remanier son staff et d’apporter des correctifs à sa politique tout en le laissant continuer à mener les affaires du pays ?
A quoi bon toute cette acrobatie politique qu’a vécue le pays depuis le 2 juin date de l’initiative de BCE ?
Une initiative qui a débouché sur  l’accord de Carthage et qui ne contient que des principes généraux alors qu’il aurait fallu se reporter au projet de Plan de développement soigneusement préparé et  sur un Gouvernement dont ne fait pas partie tous les partis mais qu’on persiste à qualifier de GUN.
Essid était contre l’initiative de BCE. Essid conseille de ne plus refaire cette erreur, et d’un ton ironique, il demande de ne pas recourir demain à une « fatwa » pour justifier un nouveau changement de gouvernement.
 Il a préparé un bon nombre de textes de loi et remis à son successeur trois documents dont l’esquisse d’un Plan de développement. Tout est fait ou presque. C’est pourquoi Il  conseille  à son jeune ministre de bâtir à partir de ce qui a été fait. En fait, Essid  n’a été appelé que pour déblayer le terrain pour que le jeune ministre soit son successeur. L’histoire nous le dira.
Je ressens la profonde amertume de cet homme malgré le sourire qui a émaillé sa longue intervention.
Maintenant, les jeux sont faits et nous ne pouvons que souhaiter plein succès  à la nouvelle équipe. Il y va de notre intérêt. Nous nous devons de la soutenir.

 Mais, Il n’est pas exclu que Monsieur Essid reviendra, un jour, au Pouvoir, cette fois, à la tête de la Présidence de la République, car il  le mérite amplement.

Mokhtar el khlifi
29/08/2016

mardi 23 août 2016

L’avenir de nos enfants en péril

J’espère que les jours à venir  démentiront ce sombre présage, mais aujourd’hui au vu, du peu  qu’on nous laisse voir, je crois que l’avenir me parait incertain, voire houleux.
D’abord, il y eut, une volonté claironnée de former un Gouvernement d’Union Nationale. Le résultat est plutôt médiocre. L’allié d’hier qui claque la porte faute de ministres, Ennahdha  et Nidaa qui imposent plusieurs de leurs candidats à des postes clefs, un Front Populaire qu’on a pas réussi à convaincre, des partis sans poids politique réel qui entrent au Gouvernement, un centre gauche sur le bord de la route…
Est-ce ce là le véritable et solide support du Gouvernement national promis ?
Monsieur Youssef Chahed donne la très regrettable impression qu’il n’est pas le seul maître à bord vu les pressions qui sautent aux yeux qui s’exercent sur lui de toutes parts. Si à ses débuts il est si fragile, que fera-t-il demain lorsqu’il aura à prendre les décisions qui s’imposent au pays et à la situation ? Saura-t-il les prendre ?
Au risque de faire perdre un peu plus de temps au pays, je lui suggère de revoir sa démarche où celle qu’on lui a imposée ou de rendre le tablier. La démarche n’est pas la bonne. Bourguiba, pour revenir à ce géant de notre histoire qui a eu le pêché de n’avoir pas acquis une formation d’économiste qui nous aurait épargnée la triste et regrettable expérience des coopératives suivie d’une collectivisation à outrance qui a fait perdre au pays du temps et de l’argent.
Aujourd’hui, le maitre de Carthage ignore tout de l’économie, comme Bourguiba. Il ignore surtout qu’on ne peut relever le pays de ses cendres seulement en faisant des acrobaties politiques mais en prenant à brale-corps les problèmes financiers et économiques du pays.
Il ne fallait pas se limiter à la confection du fameux accord de Carthage qui demeurera lettre morte car il ne contient que des idées générales sur lesquelles personne ne peut ne pas être d’accord.
A monsieur Chahed de réparer très vite cette lacune en donnant un sérieux contenu à cet accord.
 Il n’y a rien de mieux que de réunir en congrès les experts de toutes les organisations nationales, de tous les partis politiques, de ceux du Gouvernement en les enrichissant  par des universitaires, dans une réunion, strictement technique,  pour dégager les déficiences réelles de notre économie et de s’entendre sur les moyens à mettre en œuvre en parant au plus pressé.
Cela ne demandera pas trop de temps depuis qu’on mâche les problèmes et qu’on ébauche des solutions mais chacun de son côté.
 Je suis sûr qu’à l’abri des pressions politiques ces experts pourront faire le bon diagnostic et rédiger la bonne ordonnance.
 J’en ai acquis l’intime conviction en écoutant aujourd’hui sur Express FM un responsable du watad, Zied Lakhdhar.J’ai cru comprendre que ce n’est pas tant l’idéologie que le   défaut de communication qui  bloque tout.
Une fois l’accord de Carthage revu et corrigé, un plus grand nombre de parties le signeront.
 Le problème du choix des profils deviendra  alors secondaire et on arrivera à s’entendre très vite sur les profils idoines sur la base de la compétence essentiellement.
Monsieur Chahed devrait reprendre son entière liberté de choisir les personnalités en mesure de s’intégrer dans son équipe et capables de concrétiser les objectifs tracés  par l’atelier des techniciens d’horizons divers.
Ce qui sortira de cet atelier, ce ne sera pas le libéralisme à outrance, ni l’appropriation des moyens de production et la chute de la productivité.
Au choix des personnes en fonction de leur appartenance politique, on choisira l’homme ou la femme qu’il faut à la place qu’il faut. Le Gouvernement ne pourra que gagner en cohérence et en efficacité et on n’aura pas besoin de toute cette armada de ministres et de secrétaires d’Etat.
Messieurs, qui avaient eu la chance de détenir les rênes du Pouvoir, n’avez-vous pas encore compris ce à quoi nous aspirons?
Si rien de tel ne sera pas fait de sitôt, j’ai grand peur pour l’avenir de nos enfants, car nous serons dans l’incapacité, manifeste, de poser les véritables problèmes et d’apporter les vraies solutions.
23/08/2016
Mokhtar el khlifi

vendredi 5 août 2016

Le droit à la transparence et le devoir de tirer le pays de l’ornière


Le Président de la République, soucieux de préserver ce qui peut l’être encore, nous a fait part de son initiative de former un Gouvernement d’Union Nationale mais sans consulter le Chef du Gouvernement qui était  pourtant prêt, selon ses  dires, à l'aider .
Une simple hiérarchisation de chapitres d’actions générales a été signé solennellement à Carthage et le Président de la République nous a déclaré que sa tâche était terminée et qu’il appartient aux parties à cet accord de proposer un chef de Gouvernement.
C’est là un pas positif mais la difficulté résidera, à notre avis, dans les détails d’application de ce cadre général tout en signalant  qu’il ne peut y avoir réellement de priorités car tout doit être mené en même temps.
 Le chef de gouvernement en place  s’est résolu à ne pas présenter sa démission au chef de l’Etat mais à solliciter le vote de confiance de l’ARP tout en sachant pertinemment qu’il ne l’obtiendra pas vu que les partis qui détiennent la majorité, et particulièrement Nidaa, ont signé son arrêt de mort politique.
Monsieur Essid n’a pas obtenu la confiance de l’ARP. Seulement  trois députés ont voté pour lui et parmi les abstentions on compte aussi bien quelques députés d’Ennahdha que de Nidaa.
Le citoyen a remarqué que tous les députés ont loué la droiture, l’honnêteté, le  sens de l’Etat et  son dévouement à la chose publique. Mais tous, et à des degrés divers, ont fait état de ses réalisations et de ses échecs. Nous avons remarqué la virulence des critiques émanant des députés de Nidaa Tounes mis à part le député Fadhel ben Omran.
Ce qui étonne plus d’un, c’est que si la volonté  réelle était de faire repartir l’économie, on aurait pu garder le Lion et l’inviter à redresser la barre et à restructurer son équipe.
Fort du vote de l’ARP, le Président a réuni les parties à l’accord de Carthage  qui s’attendaient, à tort ou à raison, à  discuter le profil à choisir et voilà que, certains d’entre eux, sont surpris de voir BCE les informer qu’il se propose de nommer le jeune Youssef Chahed vu qu’aucune proposition ne lui a été faite.
Désaccords et nouvelle réunion où l'opposition  devait présenter un profil qui recueille l'accord de toutes les parties . Face à l’absence de cet accord, BCE  a maintenu sa position initiale  et a usé de son droit constitutionnel, de nommer Monsieur Chahed avec l’accord des « grands » partis ( Ennahdha, Nidaa, UPR).
On était  bien loin de la philosophie de l’initiative et l’idée même d’un gouvernement d’union nationale a été bien malmenée. Trois petits partis se sont déjà retirés.
Avez-vous compris ce qui s’etait vraiment passé et pourquoi ? BCE n’a pas cru bon de s’adresser au pays.
D’où un appel à plus de transparence. Ce peuple le mérite.
Se basant sur ce qui aurait été dit lors du déjeuner pris par des journalistes à Carthage, certains disent que BCE donne l’impression qu’il se sent à l’étroit  dans ses attributions et rêve des pouvoirs qu’aurait un Président dans un régime présidentiel. Par conséquent, si Essid n’aurait pas accepté qu’on piétine sur ses plates bandes, il était devenu persona non grata. Essid a, d’ailleurs, avoué en public qu’à force de dialogue, il finissait par s’entendre avec le Président en dépit des différends qui se sont manifestés.  Et que c’était de bonne guère.
Si, BCE a voulu « virer » Essid parce qu’il ne s’entendait pas parfaitement avec lui, sur le partage du Pouvoir pourquoi cette initiative qui a bien été vidé de son contenu, tout ce remue ménage et  toute cette perte de temps ?
Savez-vous que ce peuple mérite  la  transparence car l'absence de transparence entame la confiance du citoyen et sans confiance, on ne peut rien bâtir de solide et de durable.
Les jours prochains nous montreront si le futur  locataire de La Kasbah a accepté les conditions de BCE, c'est-à-dire que nonobstant les textes constitutionnels,  l’exécutif, en pratique, ne sera plus bicéphale.
Plus d’un estime que le régime que nous a imposé  Ennahdha  ne convient pas à notre pays et à la situation que nous vivons. Ennahdha semble  souscrire à ce retournement en soutenant BCE dans son initiative et la nomination du nouveau chef de gouvernement. Si tel est le cas, pourquoi ne pas aller droit au but et modifier carrément la constitution qui a besoin, par ailleurs, d’un toilettage ?
Voilà pour ce qui est de la transparence et de la nécessité de rétablir la confiance. Venons-en à l’urgence de tirer le pays de l’ornière.
 Aujourd’hui, les jeux sont faits et le pays exige de nous tous qu’on  oublie cet épisode et qu’on se remette au travail .
Le diagnostic que nous fera le nouveau chef de gouvernement ne fera que conforter ce que nous ont avancé déjà de nombreux experts sur la situation du pays et de ses finances.
 Monsieur Chahed  a ma sympathie tout comme hier, Monsieur Essid qui est sorti par la grande porte.
Outre qu’il est jeune et donc plein d’énergie, qu’il a un sérieux bagage et une expérience, bien que  l’économie en soit absente, il semble, au vu de sa déclaration, avoir la volonté de tirer le pays de la situation dans laquelle il se trouve pourvu  qu’il garde le cap et que ceux qui l’ont propulsé à ce poste  lui prêtent main forte.
Il est majeur et vacciné mais, on pourrait  quand même lui faire, sans aucune prétention, quelques suggestions, qu’il pourrait jeter à la corbeille.
-Bâtir sur ce qui a été fait de bien et ne pas repartir de zéro
-Eviter que  les erreurs du passé ne se renouvellent dans le choix et la structure de  l’équipe. Il devrait avoir l’entière liberté de son choix et se mettre être à l’abri des pressions de son parti et  de ceux qui voteront pour lui, demain à l’ARP. Si ces pressions deviennent intolérables, il devrait avoir le courage de démissionner.
-Qu’il se garde de diriger à partir de son bureau en fourrant le nez dans le détail des dossiers qui devraient être des attributions du Ministre concerné et d’un super ministre  ou d’une cellule d’études pour la vérification,  le contrôle et le suivi des actions du gouvernement. Sa mission est de fixer les grandes orientations, de trancher les éventuels conflits (budget par  exemple), de rectifier le tir, d’être sur le terrain, d’être disponible pour plaider certains dossiers auprès de nos partenaires …
-Certains dossiers brûlants n’attendent plus, à savoir celui du  bassin minier, Petrofac,  et la pénurie d’eau  en plein été et en pleine saison touristique. Il devrait étudier ces dossiers puis se déplacer sur le terrain pour annoncer des mesures concrètes.A cet égard, une partie des revenus des exportations de phosphates  serait consacrée, à mon humble avis, au développement de la région. Entre ne rien exporter et reprendre nos exportations,  reconquérir nos marchés et consacrer une partie des ressources à la région, nous aurons tout à gagner. Le renforcement de nos réserves en devises, le temps  et la Paix sociale.
-Se rapprocher de l’opposition et engager avec elle un dialogue direct et franc qui pourrait lever certains préjugés, appréhensions, ambiguïtés, notamment sur nos rapports avec le FMI , la BIRD et les bailleurs de fonds. L’idée qu’on se fait, à tort , de ces organismes est fausse. C’est nous qui les avons appelés à la rescousse et qui leur avons proposé certaines mesures nécessaires à prendre et que tout gouvernement quelle que soit sa coloration, devra prendre. Pareille attitude négative se rencontre chez certains dirigeants de l’UGTT qu’il faudrait aussi convaincre.
-Convaincre certains dirigeants de l’UGTT que, sous d’autres cieux, l’action syndicale peut aller jusqu’à  freiner et même à diminuer les salaires et à exiger de leurs adhérents davantage de productivité car leur survie est liée à celle de l’entreprise qui les emploie.
- Demander à ceux qui détiennent le capital, qu’il est temps qu’ils fassent preuve de plus d’esprit entrepreneurial pour faire démarrer la croissance sans attendre des incitations qui tardent à venir.
-Accélérer la promulgation du code des Investissements  après l’avoir revu. Je n’ai pas accepté, par exemple, que parmi les encouragements aux investissements figure l’exonération du règlement des cotisations à la CNSS, alors que les caisses vivent un gouffre financier. 
-Le pays foisonne de compétences  inexploitées . Apprenons à en tirer parti, par exemple, en ressuscitant le conseil économique et social qui donnera ses avis aussi bien au Gouvernement qu’à l’ARP. Pourquoi ne pas créer aussi, une structure qui réunit ceux qui ont déjà une expérience du Pouvoir  ou une expérience professionnelle (Ministres, Gouverneurs, Universitaires, chefs d’entreprises..) ?
-Réformer la justice en adaptant les textes et les structures et en protégeant le juge pour qu’il décide à l’abri de toute pression. Un pays où règne la justice, outre qu’il y fait bon vivre, attire l’investisseur.
-Se préparer à l’arrivée des milliers de terroristes  avec le retour de la Paix en Syrie, en Irak et en Libye. 
La France, pays des droits de l’homme, abrite les immigrants, à Calais, dans des containers aménagés où il y fait bon vivre, sans être bien sur, dans des hôtels à quatre étoiles, mais de loin préférable à la vie dans les grottes et sans eau. Ce seront des camps de rééducation jusqu’à l’âge de 40 ans.On pourrait ensuite, libérer, certains d'entre eux,  avec un bracelet électronique.
Prochainement, monsieur Chahed  formera son gouvernement.
 Qu’il s’en tienne sur sa composition, à ce qu’il a déclaré.
 Qu’il nous présente à l’ARP son programme en précisant le cadre,  en fixant des objectifs chiffrés et  en nous donnant une idée sur les moyens. Il peut le faire, dés maintenant, car on accepte difficilement que quelqu’un , d'aussi intelligent, puisse accepter  cette lourde charge sans savoir ce dont il hérite et où il peut nous mener.
A lui de faire adhérer les jeunes, la sphère politique, y compris l’opposition, le capital et le travail, la société civile avec ses intellectuels et de prendre le bon cap. Ce qui nous intéresse le plus  ce ne sont pas les acrobaties politiques des uns et des autres  mais la mise sur orbite de notre économie. Nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance. Bon vent comme disent les marins.
05/08/2016

Mokhtar el khlifi