lundi 14 avril 2014

Gouvernement Jomâa: Plus d'un point d'interrogation



http://www.leaders.com.tn/images/images-v2/icone_visite.png Article publié dans Leaders.com.tn
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Je suis parmi ceux qui ont applaudi le choix de Monsieur Jomâa pour former un gouvernement de «technocrates» pour lutter contre le terrorisme qui demeure le préalable à toutes les autres actions, préparer le pays à des élections transparentes et sur le plan économique et financier, arrêter la dégradation des principaux agrégats, parer au plus pressé tout en jetant les bases du changement de notre modèle économique qui a fait faillite et qui a été la cause majeure de la «révolution».
Qui oserait dire que ce gouvernement ne se démène pas pour apporter des solutions aux multiples problèmes qui se posent? Par Dieu, personne de raisonnable!
Mais on peut être en droit de se dire, aujourd’hui, qu’après l’évaluation  par ce gouvernement de tous les problèmes qui se posent et son immersion dans les rouages de l’Administration, la feuille de route peine à se concrétiser. Sur le plan économique aucun cadre d’action à court, à moyen et à long terme n’a pas encore été publié à ma connaissance.
J’ai personnellement rêvé d’un Plan de développement économique rapidement concocté, car le pays regorge de compétences. Ce plan aurait dû précéder la tournée de M. Jomâa à l’étranger, pour convaincre ses interlocuteurs qu’il n’y a pas lieu d’attendre un Gouvernement issu des élections vu qu’il y a véritablement péril en la demeure.
C’est sur la base de ce plan que le chef du gouvernement aurait dû insister pour la mise en place d’un mini plan Marshal pour la Tunisie.
La simple garantie de 500 millions de dollars  témoigne que la partie tunisienne n’est pas arrivée à convaincre les Américains de l’importance de nos besoins.
A ceux qui sont contre l’endettement, je dis que c’est un complément de financement nécessaire pour gagner du temps et éviter certaines privations  et que nous ne mendions pas, car nous allons le  rembourser en monnaie sonnante et trébuchante pourvu qu’il soit bien affecté.
Souhaitons que la tournée au Japon (et  pourquoi pas en Allemagne), deux pays qui ont manifesté, dès le début, leur volonté de nous soutenir, soit mieux préparée et soit réussie!
J’ai rêvé aussi d’une mise en place d’un conseil économique, social et sécuritaire pour éclairer ce gouvernement, car seul il ne pourra rien faire, sans trébucher.
On nous a promis beaucoup de choses mais qui tardent à voir le jour et plus d’un commence à s’impatienter. Certains commencent à s’interroger si l’homme qu’il faut est à la place qu’il faut dans ce gouvernement en qui nous continuons cependant  d’espérer.
La situation est tellement grave qu’elle exige un peu plus de tonus. La seule personnalité qui sort du lot est le Gouverneur de la Banque Centrale qui ne cesse de tirer la sonnette d’alarme. Ses dernières déclarations au sujet du large déficit de la balance commerciale jettent le froid dans le dos. Je les préfère au large sourire de monsieur le Ministre de l’économie et des Finances.
Je vous citerai le cas du siège de l’ISIE bis. Imaginez que le Gouvernement ne lui a pas encore trouvé un siège et que la promesse de lui confier l’immeuble du RCD est tombée à l’eau!
Monsieur Boussarssar, juriste de formation, s’abrite derrière des règles et des procédures à respecter et risque par son comportement de contribuer au report des élections au-delà du 31 décembre 2014.J’ai personnellement regretté le dynamique Monsieur Kamel Jendoubi qui a osé affronter BCE!
Une erreur impardonnable du Gouvernement Jebali est d’avoir refusé de reconduire l’ISIE de Jendoubi ce qui en dit long sur les intentions véritables de la «Troika».
Tout le monde semble ignorer que nous sommes pressés par le temps et qu’il faut agir vite et bien quitte à ce qu’un contrôle a posteriori régularise les empiétements faits aux textes, puisque nous avons une ANC qui semble en dehors du temps et de l’espace et qui ne serait pas prête à donner les pleins pouvoirs à ce Gouvernement.
D’abord, sur le plan sécuritaire. Des efforts louables ont été réalisés mais le coup de poing n’a pas encore été donné sur les hauteurs du Chaanbi et des jebels qui longent la frontière algérienne. Depuis un bon bout de temps on nous dit que des équipements militaires vont bientôt arriver. Souhaitons que l’Oncle Sam va enfin nous les fournir.
La feuille de route?
De nouvelles nominations ont eu lieu au niveau des collectivités locales mais la personnalité de certains est mis en doute par l’opposition. N’aurait-il pas mieux valu  dresser la liste des partants et des nouveaux préposés et la publier pour attirer d’éventuelles observations des partis politiques ou de tout citoyen puis enclencher les nominations?
Les nominations au sein de l’INS et autre sphères attendent. Les LPR courent encore. Un autre problème jettera de l’ombre sur les prochaines élections, c’est celui des associations dont le nombre croit toujours et atteint des proportions importantes. Pourquoi ne pas exiger administrativement de ces associations qui brassent un argent fou qu’elles soumettent  leurs comptes à une certification par des commissaires aux comptes agrées ? (lire enquête de l’hebdomadaire EKHER KHABAR).
A-t-on paré au plus pressé?
La « task force » pour les projets dont le financement existe et qui n’ont pas encore démarré, je ne la vois pas agir. Elle s’est déplacé une fois puis plus rien. Les problèmes sont insolubles ou attend-on la parution de textes législatifs dont la promulgation attendra les calendes grecques ?
Sur le plan économique et financier, pourquoi tarder à diminuer timidement et progressivement les charges de la compensation ? Où réside la difficulté à relever, le prix de la baguette, de 10 ou 20 millimes  comme première mesure indolore? Où réside la difficulté à relever légèrement,  dans une première étape, le prix de l’essence à la pompe ? Pourquoi tergiverser ? Les partenaires sociaux doivent comprendre que le Gouvernement est décidé à s’engager, progressivement, sur cette voie, en douceur, car c’est un mal nécessaire. Bien sûr que le SMIG devra être exclusivement relevé en faveur des plus démunis pour amortir quelque peu le choc des augmentations de prix. Que fait-on pour assainir les circuits de distribution?
Pourquoi le Ministre de l’économie et des finances tarde-t-il à engager la réforme fiscale en commençant par l’abolition du régime forfaitaire car il est admis que ce secteur est à l’origine d’un réel manque à gagner fiscal ? J’aurais préféré cette mesure à l’encouragement des percepteurs à «presser» le contribuable.
Cela n’empêche pas le gouvernement, d’octroyer, le moment voulu et dans la limite de ses ressources, une augmentation salariale en faveur de ces percepteurs mais sans relation avec l’objectif de collecte.  
Peut-être que je suis insuffisamment informé. Dans ce cas mon manque d’information est dû à une insuffisance de communication de la part du gouvernement.
Mes craintes augmentent au vu de la dernière déclaration de Monsieur Ouerfelli qui a enfin osé déclaré qu’il a été procédé à des acrobaties pour pouvoir réunir les fonds au titre des salaires et des pensions du mois d’avril et qu’au  mois de juillet, il en sera de même  mais avec un gap à boucher de 600 MD.
Ce que j’attends personnellement de ce Gouvernement est une déclaration à la TV sur la situation réelle du pays avec quelques chiffres essentiels suivie de son programme d’action.
Mais, Monsieur Jomâa devrait tout d’abord en informer d’abord les responsables du CPR et de Wafa pour les convaincre de soutenir son gouvernement et d’être à la hauteur de leurs responsabilités. Ce qui se passe à l’ANC est de mauvaise augure. Il pourra  ensuite se réunir avec les 21 partis qui ont fait partie du dialogue national à l’effet de les amener à le soutenir franchement.
Je souhaite aussi qu’avec, le patron de l’ISIE bis et de la Haica,que le chef du gouvernement invite tous ceux qui ont engagé prématurément  et illégalement leur campagne électorale  à l’arrêter et à se consacrer à soutenir l’effort  du gouvernement à redresser la situation, car sans ce redressement il n’y aura pas d’élections.

mardi 1 avril 2014

Faudrait-il revoir notre pratique de la Liberté ?




27/03/2014
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Après le 14 janvier 2011, le citoyen assoiffé de liberté a usé de cette liberté, excessivement parfois, sans repère aucun, ne mesurant pas les conséquences de son comportement sur le devenir même de cette liberté chèrement acquise.
Le moment n’est-il pas venu pour ce citoyen, où il se trouve, de se pencher sur l’étendue de sa liberté et sur les moyens à mettre en œuvre pour faire perdurer cet important acquis?
Trop de liberté tue la liberté
D’emblée disons-le, ce n’est pas au législateur de limiter la pratique de cette liberté. Il ne le peut plus, car la nouvelle Constitution le lui interdit et, par principe, ce n’est pas souhaitable qu’il s’y immisce.
C’est du citoyen lui-même et des entités politiques, administratives, civiles et professionnelles que le recadrage de l’exercice de cette liberté pourrait et devrait émaner car, au train où vont les choses, il y a péril en la demeure.
Nous devrions tous avoir pour repère la sauvegarde de l’intérêt national et c’est cet intérêt qui devrait nous dicter un comportement, digne, responsable et libre avec la plénitude du terme.
J’égrènerais certains faits qui m’ont poussé à aborder ce sujet tabou, car il ne viendrait à l’idée de personne, dans cette euphorie, de recadrer la pratique d’une liberté absolue, après la «révolution».
Le comportement du citoyen vis-à-vis des autorités et de la chose publique, la pratique journalistique, l’exercice de l’action syndicale, la création d’association et de partis politiques, les ardents défenseurs des droits de l’homme, nationaux et étrangers et j’en passe, devraient se pencher sur les excès de liberté dont ils usent et les moyens d’y remédier.
D’abord, que diriez-vous des constructions à la va vite sans autorisations municipales, des transporteurs de gravas qui les déversent n’importe où et des citoyens jeunes et moins jeunes qui jettent dans la rue ce qu’ils pourraient mettre dans un sachet( bouteilles en plastique, papiers, paquets de cigarettes, gobelets, canettes, cahiers en fin de période scolaire etc)?
Heureusement que les nouveaux Gouverneurs, fraichement élus, ont eu pour instruction de rétablir la propreté dans nos villes devenues des poubelles à ciel ouvert particulièrement dans les cités qui entourent la capitale.

A un autre niveau, certains journalistes, sous le couvert de la liberté d’expression et dans le souci de faire un «buz», nous abreuvent d’informations qui se révèlent, plus d’une fois inexactes ou incomplètes, encourageant les  adeptes de «facebook» à déverser de leur côté, impunément, des informations ou des commentaires erronés sur nos politiciens, sans aucun égard.
Sur certains plateaux de télévision, sous  couvert de liberté des médias, des personnes osent défendre Ben Laden, reconnaissent la qualité de martyrs à des terroristes, ou encore s’abritent derrière des procédures judiciaires pour dénier aux agents de la sécurité le droit de qualifier  de «terroriste» quelqu’un qui, le doigt sur la gâchette avec sa ceinture de dynamite, est décidé de les tuer sauvagement.
On a entendu dire qu’il faudrait attendre que le juge se prononce sur le «dossier» pour avoir le droit de le qualifier de terroriste comme si le juge, saurait, bien plus tard et mieux, de quoi le qualifier alors qu’au  moment où la vie de l’agent était en péril ce dernier ne devait pas savoir qu’il avait affaire à un terroriste.
Je crois qu’il est temps que la profession crée sa propre charte pour que le professionnalisme et le respect du lecteur et de l’auditeur soit la règle.
Sur un autre plan, certaines associations ou ligues s’abritent derrière la nécessité de défendre les droits de l’homme pour réserver un traitement « doux » à des terroristes alors que la loi anti-terroriste devrait, à mon point de vue, s’appliquer, dans toute sa rigueur, à ces hors la loi.
N’est-ce pas une façon d’encourager inconsciemment ou non, les jeunes à la pratique du terrorisme puisqu’ils sauront ainsi qu’ils peuvent bénéficier de tous les égards et qu’ils ne pourraient pas encourir la peine de mort. En effet, il y a encore aujourd’hui, d'ardents défenseurs de la suppression de la peine de mort même dans ces cas extrêmes.
La liberté, un acquis à préserver
Où va-t-on au nom d’une défense absolue des droits et des libertés sans tenir compte du fait que le pays passe par une période des plus difficile?
Ces organisations ne devraient pas perdre de vue que la situation que traverse le pays nécessite, certes, une veille de tous les instants contre certaines dérives, mais pas au point d’ignorer certaines vérités et certaines circonstances.
N’omettons pas d’évoquer aussi ceux qui arrêtent la production ou certains services. Peu importe que ces arrêts de travail soient autorisés ou non par les syndicats ou qu’ils émanent ou non des unités dans lesquelles les « grévistes » travaillent ou non. Toutes ces personnes n’ont-elles pas  encore compris que ni le salarié, ni son patron, ni le pays n’a intérêt à ce que ces arrêts de travail, de plus en plus nombreux ces temps-ci, continuent.

C’est vrai que la grève, gain social incontestable, devrait être, selon la loi, un ultime recours, après épuisement de certaines procédures qui ne sont pas respectées parfois. Je pense que malgré cela il faudrait qu’on arrive à suspendre, conventionnellement, ces grèves, au moins durant une année ou deux années.
Il est vrai que l’Etat devra de son côté, s’engager à maitriser les circuits de distribution   (favoriser l’éclosion de coopératives de services agricoles de transport, de stockage et de transformation des produits, intégration progressive du commerce informel dans les circuits normaux, points de vente producteur/consommateur etc) pour maitriser la hausse des prix.
Le patronat, quant à lui, devra remodeler sa conception du management en associant, concrètement, le salarié à l’entreprise,  en se préoccupant du niveau de vie réel de ses collaborateurs et de leur épanouissement et en  ne se réfugiant plus derrière les limites prévues par les conventions collectives âprement négociées avec les syndicats.
Les syndicats devenus multiples doivent s’entendre entre eux, coordonner leurs actions dans l’intérêt du salarié, de l’entreprise et du pays et éviter de se livrer un combat de «parts de marché» préjudiciable à tout le monde.

Un brassard au bras du salarié n’est-il pas amplement suffisant pour inviter le patron à voir avec le syndicat ce qui se passe et s’entendre sur la solution à apporter au problème posé ?
Normalement si le patron est à l’écoute de ses employés, même le brassard n’aurait plus sa raison d’être surtout si les syndicats jouent pleinement leur rôle en inculquant au salarié le goût du travail bien fait et de la productivité et en lui faisant savoir que son intérêt réside dans la prospérité de l’entreprise !
Quant à l’imbroglio de la CPG et du Groupe chimique, il doit être résolu, une fois pour toute, autour d’une table réunissant l’Etat, les autorités régionales, le syndicat ainsi que les représentants des entreprises concernées, ceux des ouvriers actifs et non actifs  y compris  ceux qui n’ont aucun lien avec la CPG et qui se permettent d’arrêter la production.
A la limite, Je préfère que la CPG alloue aux demandeurs d’emploi une allocation chômage sur le produit de ses exportations à venir (à régler ultérieurement par l’Etat) plutôt que cette unité arrête sa production et perde ses marchés.
Enfin, un mot sur la liberté de créer un parti politique. Imaginez plus de 150 partis en compétition et la difficulté pour l’électeur de faire son choix.
Ce ne sont pas les deux minutes de TV qui l’éclaireront.
Bien des partis devraient quitter la scène en participant à des regroupements. Le pays n’a besoin, à mon humble avis que, de trois ou quatre partis. Je pense à Ennahdha et les salafistes non jihadistes, à Nida Tounes et qui, à la longue devrait regrouper tous les Destouriens après l’exercice de la justice transitionnelle et  enfin un grand parti démocrate progressiste qu’on pourrait qualifier de parti du centre. Le reste ce sont des égos assoiffés de Pouvoir ou des idéalistes n’ayant pas les pieds sur terre. Le système électoral devrait favoriser l’émergence de ces trois tendances.
On devrait avoir tous la clairvoyance et le courage d’en faire un bon usage surtout que notre pays a besoin de Paix et de labeur pour retrouver le chemin d’un développement en faveur de tous ses enfants.