mercredi 23 décembre 2015

Et si HCS se désistait ?


J’ai à développer deux points. Le premier concerne l’insuffisance de communication du Gouvernement en place. Le second a trait à la crise que traverse Nida.
Il est pour moi incontestable que  ce Gouvernement, fait de son mieux, mais il y a une insuffisance de communication patente.
Le citoyen ne  se rend compte de ce que  fait ce Gouvernement, qu’occasionnellement, lors d’un événement  particulier.
A titre d’exemple, je n’ai pu me rendre compte du programme ambitieux de réforme à engager par le Ministère de la santé à partir de janvier 2016, qu’à l’occasion du regrettable décès de cette concitoyenne de Tataouine qui faute de la présence d’un gynécologue à l’hôpital à été transportée d’un hôpital à un autre pour mourir en fin de parcours laissant deux enfants en bas âge.
 Le déplacement d’un médecin vers elle à Tataouine était-il possible et aurait-il pu la sauver? Peut-être.
Le second événement a été  le cinquantenaire de la création de l’hôpital d’enfants, de Bab Saadoun.
 j’ai vu hier sur la une, un hôpital très bien entretenu, pimpant neuf, et très bien équipé en matériel de pointe avec un personnel dévoué et de haut niveau dont le pays peut être fier mais souffrant d’une exiguïté et d’une surcharge de travail qui va cependant être résolue par l’implantation d’un second hôpital quelque part dans le pays.
 Là aussi le ministre de la santé est revenu sur son programme pour améliorer les services de santé à dispenser au citoyen en remédiant à la déficience des spécialités d’anesthésistes et de réanimateurs, en affectant  des spécialistes dans les hôpitaux qui en sont dépourvus, et en renforçant les services de première ligne qui désencombreront les hôpitaux.
Il a eu aussi le mérite, le courage et l’honnêteté d’endosser la responsabilité du décès de la dame de Tataouine qui n’est pas la seule femme enceinte à mourir bêtement.
Que ce Gouvernement continue à travailler mais en pensant à bien soigner la communication qui doit toucher tous les départements et se caractériser par la continuité.
Un ministre, un site et un livre blanc actualisés sont, je crois indispensables.
Ce qu’il faut aussi, c’est que ce Gouvernement soit soutenu par ceux qui l’ont porté au Pouvoir. Celui de Nida fait  particulièrement défaut occupé dans ses luttes internes pour le Pouvoir.
Oui,  et c’est là une vérité qu’on ne peut cacher au citoyen, chacun, à sa façon,  veut tenir les rênes du parti, car qui tiendrait ces rênes, tiendrait la machine électorale et donc la présidence de la République à laquelle tout le monde lorgne.
La solution ne réside nullement dans ce comité un peu bizarre des 13 qui prétend ne favoriser personne mais qui va déboucher sur un congrès consensuel d’où  émergera, il faut s’y attendre, HCS, comme le principal responsable du parti.
Si tel est l’objectif de BCE en qui plus d’un citoyen, et surtout les femmes, ont placé leur confiance pour qu’il soit là où il est malgré son âge, ce sera là une erreur politique.
Je n’ai personnellement rien à reprocher à son fils. Il pourrait être doté des qualités politiques nécessaires à la conduite des affaires de l’Etat, mais ces qualités seront estompées par le lien de parenté qui le lie à BCE. Le sacrifier politiquement, quoique injuste ; est nécessaire.
Que BCE se rappelle du traitement injuste que Bourguiba a infligé, à son fils Bourguiba junior qui a fait pourtant ses preuves en diplomatie.
 Il l’a  même obligé de vendre la villa qu’il a achetée moyennant un crédit bancaire pour lever toutes les suspicions.
 Il faudrait être de la trempe de Bourguiba pour se conduire politiquement ainsi.
Dans l’intérêt de Nida qui va imploser, si ce n’est déjà fait, et surtout celle de l’équilibre des forces politiques, HCS se doit de se retirer de la course politique et de la remettre à plus tard, c'est-à-dire une fois le mandat de son père achevé. Je lui serais  très reconnaissant.
Si HCS serait incapable de prendre seul, cette décision courageuse et injuste, il appartient à son père de l’y obliger moralement à le faire.
Seule cette décision permettra de sauver le parti de la déconfiture et d’achever la consolidation du processus démocratique.
Merkel, en osant intervenir auprès de BCE pour lui suggérer de replâtrer Nida, a vu juste, car elle ne peut continuer à apporter son appui à notre pays sans un équilibre des deux principales  forces politiques, seul garant de la préservation d’une stabilité politique et sociale propice à l’investissement.

Je garde un certain optimisme pour que la famille BCE sauve encore une fois le pays par son sacrifice.

mardi 1 décembre 2015

Tunisie:un pays franchement ingouvernable

(Article publié dans Leaders.com.tn le 01/12/2015)
Tout le monde a bien remarqué, sans doute, la multiplicité des réactions négatives au bref discours du Président de la République tunisienne, dans les journaux, la radio et les  réseaux sociaux. Rares ont été les réactions positives. Ce constat étonne et inquiète lorsque les réactions émanent d’intellectuels, d’analystes politiques et d’hommes politiques.
Je ne suis pas de Nidaa mais j’ai voté pour lui. Agé de 73 ans, ou presque, je n’aspire plus à rien. Mon seul vœu est que mon pays se remette de cette crise profonde qui le secoue sur le plan sécuritaire, politique et économique, avant que je ne quitte cette vie d’ici-bas. Je n’adore pas les hommes fussent-ils des Bourguiba. Je les juge sur ce qu’ils ont fait de bien ou de mal à leur pays.
Lorsque vous entendez un « responsable politique » évaluer le temps qu’a consacré BCE aux trois problèmes urgents et graves qu’il a traités, dans son discours, a savoir le terrorisme, la Paix sociale et la crise qui secoue Nida pour lui reprocher d’avoir trop parler de Nida et ne pas avoir fait état des nouvelles mesures concrètes envisagées pour combattre le terrorisme, je demeure pantois. 
S’attend-il, sérieusement, à ce que BCE, lise  publiquement, les nouvelles mesures qui seraient prises dans peu de temps ?
Concernant l’épineuse question de la crise qui frappe Nida, il lui a été reproché de ne pas respecter la Constitution en intervenant directement dans les affaires d’un parti qu’il a quitté. Hier, on lui demandait  pourtant de se dépêcher d’intervenir pour user de sa force morale afin que les frères ennemis s’entendent enfin et nous épargnent leurs querelles publiques.
Lorsqu’il s’agit du premier parti qui a remporté les élections et sur lequel pèse la lourde responsabilité d’instaurer un équilibre des Pouvoirs en vue de parachever le processus démocratique, de s’engager sur la voie ardue du développement  et de mener une action de soutien, de mobilisation des énergies et de contrôle de l’action du Gouvernement, il faudrait être, irresponsable ou  de mauvaise foi, pour ne pas le  faire, car il y va de la stabilité de l’Etat et de sa crédibilité.
N’avons-nous pas intérêt tous, nidaistes ou non, à ce que ce contrepoids à Ennahdha perdure pour la pousser à réaliser plus de concessions sur la voie de sa transformation en parti séparant le politique du religieux  et à tenir, à cette fin, son Congrès au plus tôt?
Dans l’opposition nous ne percevons pas de soutien franc à l’action d’un exécutif,  issu pourtant d’élections transparentes et faisant de son mieux, sur le terrain, avec quelque lenteur, il est vrai.  
Il est vrai que le Pouvoir refuse, à ce jour, de ressusciter le Conseil économique et social  qui pourrait réunir toutes les tendances politiques, à coté des experts, pour aider, par ses avis techniques consultatifs, et le Gouvernement et l’ARP.
Pourquoi cette opposition se cantonne-t-elle dans un dénigrement systématique, refuse de mettre la main à la pâte  et s’évertue à mettre en exergue, publiquement, la moindre défaillance, à des fins électoralistes?
Par exemple, même si le lancement d’un appel d’offres péchait par une certaine défaillance, avait-on besoin  d’étaler l’affaire en public et de traiter un ministre, de menteur, en plein débat parlementaire?
Un élément constitutif de Nida a osé, en cette période délicate, éditer une vidéo, pour ajouter certains éléments qui auraient été retranchés à son intervention dans une série télévisée publique dominicale, pour remettre, à nouveau, en cause, la santé du Président, créant ainsi le doute dans l’esprit du citoyen et introduisant un facteur supplémentaire d’incertitude sur la finalisation du processus démocratique ce qui pourrait accentuer la lenteur de certains pays à nous aider franchement à relever les défis qui se posent au pays.
Rappelez-vous que  cette même personnalité avait parlé de Brutus côtoyant BCE.
Au «groupe des 31» qui reproche à BCE de n’avoir pas tenu ses promesses électorales en se rapprochant d’Ennahdha, je dis que votre action pourrait cacher, tout simplement, la volonté de certains d’entre vous de préparer l’après BCE, car celui qui sera aux premières loges du Congrès et donc du parti, pourra aspirer, demain, ou en cas de vacances, à mettre la main sur la machine électorale et donc sur le Pouvoir.
Ces frères ennemis qui se disputent, sans aucune pudeur et en public et qui usent parfois de moyens violents sensés être révolus, ont  crée l’environnement favorable  pour que l’UGET soit battue à plate couture par la partie adverse, chose qui est passée en silence et qui préfigure une défaite de Nida aux élections municipales.
Il faudrait être frappé d’une cécité politique, d’un égoïsme sans borne, d’une irresponsabilité absolue pour laisser Nida descendre cette pente glissante.
Nida n’a pas besoin de nains politiques et il se doit de nettoyer ses rangs. Le plus tôt sera le mieux.
Cette atmosphère délétère ne fait que renforcer Ennahdha à laquelle certains prétendent  s’opposer à son hégémonie, suite à sa participation au gouvernement, ignorant, a dessein,  qu’une large frange de l’électorat a voté pour elle.
Les courants extrémistes  qui  la traversent et qui sont actuellement contenus, resurgiront, en cas de défaillance de Nida, et une fois au Pouvoir, ils mèneront leur politique de « réislamisation » du pays. Ce sera trop tard pour les en empêcher.
Faut-il être un génie pour comprendre ces enjeux?
Pour ce qui est de l’établissement d’une Paix sociale à laquelle BCE porte de gros espoirs, l’UTICA et l’UGTT doivent remettre leurs pendules à l’heure et être au rendez-vous de l’histoire, car le pays est à un tournant difficile et à bout de souffle.
Il faut savoir trancher, courageusement et dans le vif. Cela  a trop duré!
Si l’UTICA  se réfugie, à tort, derrière le taux officiel de l’inflation, il faudrait être  techniquement stupide, ou  carrément de mauvaise foi, pour ignorer que le panier et les pondérations qui servent au calcul du taux de l’inflation, ne collent plus à la réalité et  gagneraient donc à être actualisés.
Si l’UTICA, aidée par l’INS, faisait ce calcul du taux de l’inflation réel, à deux chiffres je pense, elle pourrait faire un pas vers l’UGTT, nonobstant le fait que la décision a déjà été prise pour servir des augmentations salariales dans le secteur public ce qui était une erreur économique grave.
Par ailleurs, les chefs d’entreprises, adhérents ou non, à l’UTICA, se doivent de prendre pour exemple, un certain entrepreneur, qui  a pu investir  récemment, à Sidi Bouzid, sans attendre le rétablissement de la sécurité ou, la promulgation du nouveau code des investissements, mu surtout par l’esprit d’entreprendre, le courage et le nationalisme.
Ce déficit dans l’esprit d’entreprendre, créateur de nouveaux emplois, doit être comblé avant de demander à l’étranger d’investir.
En contrepartie, l’UGTT se doit d’œuvrer à mettre, enfin, un frein aux pressions excessives de sa base, traversée par un courant puissant de gauche, et empêcher ces grèves lourdes de conséquences économiques pour nos entreprises ou ne les réaliser qu’à l’intérieur d’un intervalle de temps restreint, pour ne pas freiner, ni la production, ni les services, sans oublier qu’elle doit tout faire pour que la productivité reprenne dans tous les secteurs, publics et privés, car en Tunisie, elle est des plus basses dans le monde.
La Tunisie était, à un moment donné, au même niveau de développement que la Corée du Sud. Voyez ce qu'elle est devenue aujourd’hui.
Oui, ce n’est pas hélas, le même peuple, la même mentalité ouvrière, le même profil d’entrepreneurs et  les mêmes  dirigeants.
La « révolution » n’a rien modifié sur ce plan!
Enfin, nos médias gagneraient à abandonner la recherche du buzz à des fins  de renflouement de leur trésorerie et se concentrer sur les véritables  problèmes du pays et de sa renaissance.
L’Etat devrait les aider financièrement pourvu que le secteur  entame une action de formation  de ses journalistes et s’en tienne, vis-à-vis du public, à une charte déontologique qui respecte, dans les faits, le droit à une information libre, vraie, courageuse  et puisée à la source et relève le niveau des débats et donc des animateurs et des intervenants dans plus d’un cas.
Oui, ce pays est difficilement gouvernable.

Ni ce régime parlementaire qui a été imposé, ni ses acteurs politiques et médiatiques,  ni sa justice n’ont été au rendez-vous de l’histoire.
Combien avons-nous encore de temps pour remettre les pendules à l’heure, dans un dernier sursaut de patriotisme, avant que les flots n’engloutissent la barque et ses occupants ?