Et si tout le monde aidait le Gouvernement en place?
Rien ne nous empêche de le faire si chacun de nous avait pour seule
préoccupation, l’intérêt national, surtout que le pays est exsangue et que les réformes
structurelles deviennent de plus en plus urgentes. Sans réformes, le recours à
l’emprunt extérieur qui a déjà atteint un niveau important, dépasserait le
standard européen des 60% de Maastricht.
Les syndicats ne peuvent plus demander, sous la pression de grèves, surtout
avec des arrêts de travail, parfois très importants, des augmentations
salariales quoique justifiées par le renchérissement du coût de la vie
mais qui occultent le fait qu’une frange de la population est en dessous du
seuil de pauvreté ou est au chômage.
Ils ne peuvent accepter que ces
augmentations soient financées par un endettement extérieur de moins en
moins soutenable et une production et une productivité en baisse. A vouloir
trop tirer sur la corde, elle risque de se briser.
Ce qui a été donné d’une main sera repris nécessairement par l’autre car
l’inflation sera au rendez-vous.
Je pense que les économistes de l’UGTT le savent et l’appréhendent. C’est
donc pour eux une raison suffisante de réviser leur conception de la grève qui
ne doit plus se manifester exclusivement par des arrêts du travail.
Je crois que le pays est à la croisée des chemins et, le Gouvernement,
l’UGTT et l’UTICA le savent fort bien.
A cet égard, les discours du premier mai tenus par les divers
responsables sont assez révélateurs car il faut aller bien
au-delà de certaines attaques verbales qui se révèlent être d’un passé que nous
espérons révolu.
La tiédeur apparente de ce Gouvernement, entendez par là l’absence de
mesures structurelles lourdes de conséquences sociales, s’explique, à mon point
de vue, par le fait qu’il n’a pas trouvé de soutien politique pour les engager.
Je suis sidéré par l’attitude d’une
certaine opposition qui se prétend socialiste qui crie déjà à l’échec de la
politique de ce Gouvernement. Certains prédisent sa refonte prochaine, voire sa
chute d’ici la fin de l’année, mais personne ne semble penser aux conséquences
néfastes sur l’économie et le bon déroulement du processus démocratique qui a
besoin d’être consolidé.
J’y vois-là, malheureusement, un manque
de maturité politique qui cache une volonté d’accaparer le Pouvoir pour en
faire je ne sais quoi car les problèmes seront toujours là mais avec
certainement plus d’acuité.
L’image du trio sur le quotidien « le
Maghreb », avec BCE posant le bras sur les épaules de H.Abassi ,
en présence d’Essid, me laisse penser que le Président de la République a
usé de son Pouvoir moral pour que la centrale syndicale réincarne un brin de
nationalisme à la « Hached » dans son combat légitime pour améliorer les
conditions des salariés.
Le retour au dialogue a été, je pense,
consacré par la rencontre du 1er mai et des décisions qui ont été prises, à
savoir la réactivation du Pacte national (social ?) et la création d’une
sorte de « Conseil économique et social ».
Cette nouvelle dynamique devrait être consolidée par les médias qui
devraient, toutes tendances confondues, privilégier tout ce qui rapproche les
organisations nationales, tout ce qui concourt à assurer une large
diffusion de l’esprit de dialogue, d’entente, et des valeurs du travail en
perte de vitesse, malheureusement, dans notre pays.
En attendant la formation du « Conseil économique et social » convenu, nos
experts qui nous ressassent, à longueur de journée, que la situation du pays
est catastrophique tout en omettant de faire état des progrès réalisés,
si minimes soient-ils, devraient, s’asseoir autour d’une table avec ceux de la
Centrale syndicale, des organisations patronales (UTICA & CONNECT), ceux du
Gouvernement et des principaux partis politiques, pour s’accorder, une fois
pour toutes, sur les chiffres de notre économie et les mesures urgentes qu’il y
a lieu d’entreprendre.
En effet, rien ne vaut un diagnostic
précis de la situation pour s’entendre sur les mesures qu’il y a lieu de proposer
avec force au Gouvernement.
La priorité serait donnée, à mon avis, à
tout ce qui peut engendrer du cash, à savoir la reprise immédiate de la
production et des exportations de phosphates et de ses dérivés.
A cet égard, la franche collaboration de l’UGTT et des élus locaux
de gauche (Hajji, Amroussia ) est des plus précieuses. Elle est requise et
serait un révélateur de la bonne foie de toutes les parties.
Le tourisme générera aussi du cash.
A cet égard, le citoyen devrait soutenir les efforts des municipalités pour
que, au moins, les espaces visités par les touristes redeviennent propres. Nous
remarquons déjà des efforts engagés, dans ce sens, réalisés par des groupes de
jeunes qu’il y a lieu de soutenir, d’encourager et de multiplier.
Nous ne perdons absolument rien à garder
propres les rues où nous avons élus domicile et nous abstenir d’y jeter tout ce
qui peut les polluer (mégots, sachets en plastiques, bouteilles vides, piles,
objets divers etc) en attendant que les contrevenants soient sanctionnés
pécuniairement comme cela se fait sous d’autres cieux.
Les médias sont appelés à réviser les informations données sur le terrorisme en
ramenant les faits à leur réelle valeur et en les accompagnant, si besoin
est, d’une carte qui indique le lieu où les faits terroristes se sont produits,
tout en rappelant à des journalistes étrangers aux aguets, amis ou non, que les
lieux touristiques sont bien loin, sont hautement sécurisés et que l’incident
du Bardo est clos puisque les visites du musée ont repris de plus belle.
Une campagne vidéo pourrait être réalisée.
C’est en joignant l’image à l’écrit et au son que les médias, dans un élan
national, pourraient booster un tourisme moribond plutôt que de ressasser
que la saison touriste est perdue d’avance ce que nous refusons d’admettre.
La « révolution » n’a pas encore pu engendrer l’élan qui lui est propre qui
porte le citoyen, digne de ce nom, à se remettre en cause et à retrousser ses
manches plutôt que d’être à l’affût des informations pétillantes sur tel ou tel
personnage politique et de s’en tenir là. Nous avons été assez gavés de ce genre d’informations
superficielles qui parfois touchent à la dignité des uns et des autres et cela
ne nous fait plus ni rire, ni sourire.
Pour faire du buzz, cherchez ailleurs!
Nous sommes capables de cet élan. N’avons-nous pas défendu nos rues
et ruelles au lendemain du 14 janvier 2011 sans que personne ne nous y incite à
le faire ? Notre vie et celle de nos enfants étaient en jeu me diriez-vous?
Elle l’est aujourd’hui s’il n’y a pas de relance économique. Cela doit être
clair dans nos esprits.
Les urnes ont dégagé une majorité qui est au Pouvoir. Elle a désigné la
personne idoine qui pourrait diriger les affaires du pays. En bons démocrates
acceptons le choix des urnes. Suivons-la dans ses pas pour qu’aux prochaines
élections elle rende des comptes.
Pour le moment, nous n’avons d’autres choix que de soutenir l’équipe en
place pour qu’enfin l’économie redémarre car il y va de l’intérêt de tous et ce
serait bien dommage que le capital confiance que les pourvoyeurs de fonds et
nos partenaires ont mis dans notre pays soit dilapidé par une cécité
politique, une avidité excessive et avant terme du Pouvoir ou
simplement par la rancune politique du perdant.