samedi 22 avril 2017

Si Y.CHAHED, écoutez aussi les autres experts


Permettez-moi de vous dire, monsieur le chef de Gouvernement, que vous avez eu tort, lors de votre interview du 16 avril 2017, de douter des analyses médiatiques faites par les experts dans le domaine notamment économique. 
Peut-être que vous visez ceux qui n’ont d’expert que le nom ou ceux qui abordent des questions qui sont bien loin de leur ressort. La suffisance n’a pas de limite.
En effet, qui pourrait parler en connaissance de cause de politique monétaire et de politique de change hormis quelques-uns de surcroît sur un plateau de TV où le journaliste ne maîtrise pas aussi la matière et ne peut rectifier le tir? Imaginez les conséquences qui en découlent sur le public et surtout sur les entrepreneurs et les investisseurs potentiels. 
Vous avez affirmé que la croissance économique montre le bout de son nez et qu’on se doit plutôt que de s’auto-flageller et de tomber dans le dénigrement, d’unir nos efforts et d’apporter notre contribution à la solution des problèmes qui se posent au pays et que votre porte est grande ouverte aux avis. C'est bien.
Pour mettre en harmonie vos experts et ceux qui ne le sont pas et mettre un terme, une fois pour toute, aux ambiguïtés et aux discordances, il faudrait, me semble-t-il, prêter l’oreille à tous les avis surtout que vous n’avez pas apparemment la formation requise en matière économique, financière et monétaire. Il n’y a aucun mal à cela sauf que si on est à la tête de l’exécutif cela peut comporter des risques pour le pays au niveau des erreurs éventuelles de choix.
Si Bourguiba avait une formation économique, il nous aurait évité la triste expérience des coopératives et de la collectivisation qui a conduit à une régression de notre économie dont le peuple a payé le prix et certains leur vie.
Ce que je vous suggère est que vous soyez disposé à prêter l’oreille à tous les avis et décider ensuite, car vos experts pourraient bien se tromper et vous induire, de bonne foi, en erreur.
De nombreux experts vous entourent mais il y a de nombreux autres experts qui ne font pas partie de votre équipe et qui critiquent, à longueur de journée, la politique économique, financière et monétaire que vous êtes en train de suivre.
Le citoyen, le chef d’entreprise et le futur investisseur qui lit les analyses économiques, financières et monétaire et suit les plateaux de TV est déboussolé surtout que le journaliste n'a pas la formation requise.

Qui croire ? En qui avoir confiance ?
Sans le rétablissement de la confiance l’investissement tardera à se réaliser avec le volume et la vitesse requis car nos besoins sont énormes et pressants.
Je vous suggère d’inviter chaque organisation nationale et chaque parti politique à déléguer son expert attitré à un atelier de travail, strictement technique, que vous présideriez pour entendre tous les sons de cloche et faire votre choix en connaissance de cause. 
A ces experts seront également conviés, bien entendu vos experts, ceux des autres départements ministériels, ceux de la Banque Centrale et bien entendu les experts indépendants sans oublier des ministres ayant occupé des postes de responsabilité en matière de finances, de monnaie et de crédit. Leur point de vue est des plus précieux.
Cet aréopage devra s’entendre, dans un délai de quelques jours, sur le diagnostic à faire de la situation économique, financière et monétaire du pays et sur les mesures à court, moyen et long terme à prendre.
Les conclusions de ce rapport final devront servir de guide pour l’action de votre Gouvernement ce qui n’empêche pas son actualisation plus d’une fois dans l’année.
Ce sera certainement une occasion précieuse pour les experts de tous bords d’accorder, assez facilement, leurs violons à partir d’une réalité unique et ce en vue de booster une croissance génératrice d’emplois et de paix sociale.
Ce document pourrait remplacer ou enrichir la feuille de Carthage et gagner l'adhésion sincère de plus de partis. 
La situation instable que nous vivons et qui est mise à profit par ceux qui ne partagent pas notre choix démocratique sera maîtrisée une fois ces problèmes plutôt techniques de gouvernance résolus et nos choix redéfinis avec précision. 
Vos détracteurs ne pourront plus vous reprocher d’avoir pris tel train de mesures auxquelles elles ont souscrit car elles s’intègrent dans un plan cohérent de redressement.
Si pour des raisons idéologiques certains ne partageront pas les choix arrêtés, ils pourront démocratiquement attendre les prochaines élections pour prendre les rênes du Pouvoir si le peuple leur donnera confiance! 
C’est cette transparence et cette cohérence, largement communiquée par les médias et diffusée également par les partis qui y adhérent qui contribuera à rétablir une confiance écornée et donc la Paix sociale nécessaire à la nette reprise de l'investissement.
Pour avoir les coudées franches trois autres mesures seraient souhaitables.  
1) La réactivation du Conseil économique et social qui se prononcera sur les projets de textes avant leur transmission à l’ARP et fera gagner beaucoup de temps au Gouvernement.
2) L’obtention du vote de la loi d’urgence économique en attendant que les conditions soient propices pour abandonner le régime parlementaire source de lenteurs manifestes et lui substituer un régime présidentiel. Le régime actuel ne tient qu’à l’entente, fragile, entre les deux Cheikhs.

3) La mise en place de la structure prévue pour prévenir et résoudre les conflits sociaux composée par le Gouvernement, l'UTICA et l'UGTT.
22/04/2017
Mokhtar el khlifi


dimanche 2 avril 2017

Créer de nouveaux partis : est-ce une nécessité ?


A ceux qui ont créé de nouveaux partis ou projettent d’en créer, je dis que vous faites erreur nonobstant les arguments que vous invoquez.
Est-ce que le pays a besoin, dans les circonstances actuelles, d’accroître l’effritement de ses forces vives ou plutôt leur rassemblement  face aux grands défis de l’heure?
N’y a-t-il pas une véritable pléthore  de partis politiques suite au mauvais choix de la loi électorale ?
Faute d’un financement préalable public, Il est à craindre que seuls certains pourront en créer, ce qui fausse le jeu démocratique et favorise, en dehors de toute transparence, l’intervention de parties dont les intérêts ne coïncident pas forcément avec ceux de la population. L’ARP a commis une grave erreur sur ce plan.
 L’électeur, surtout celui qui n’a pas un véritable bagage politique, se perd dans le nombre de plus en plus grand de partis qui tous lui promettent monts et merveilles.
Chat échaudé craint l’eau chaude dit-t-on. Et le bon sens a prévalu puisque  les sondages d’opinion révèlent qu’un trop grand nombre d’électeurs a décidé de ne pas aller voter.
 Déjà une grande partie des citoyens en âge de voter, surtout les jeunes, ne se sont pas fait inscrire sur les listes électorales au cours des élections précédentes. Qu’est-ce qui les fera changer d’avis au vu des maigres réalisations de la coalition au Pouvoir ?
On leur dira  certainement qu’on fera beaucoup mieux  que ceux qui nous ont précédés au Pouvoir depuis six ans. Peut-être sont-ils de bonne foi et que certains pourraient leur accorder un préjugé favorable quitte à se mordre les doigts après. D’ailleurs, plus d’un d’entre nous a accordé ce préjugé favorable à BCE et à son équipe. Nonobstant son alliance inattendue et contre nature avec ses  rivaux politiques d’hier que voyons-nous ? A-t-il gagné son défi ? Certes, des progrès indéniables mais trop lents ont été réalisés surtout en matière de défense mais Chaanbi et Semmama continuent encore à être des zones de non-droit. Notre économie piétine encore. Au rythme   attendu des taux de croissance de l’économie projetés, il nous sera difficile, dans les prochaines années, d’inverser la courbe du chômage. Par ailleurs, notre modèle sociétal est sur une corde raide d’après ce que l’on voit sur le terrain. Il nous semble qu’on s’achemine vers la consolidation d’Ennahdha sur le terrain avec la  bénédiction de Nidaa ou de ce qu’il en reste et qu’on l’aura au Pouvoir pour plusieurs années encore.
Par quelle baguette magique les nouveaux partis  parviendront-ils à inverser ces tendances, à rétablir rapidement les équilibres financiers du pays, à booster l’investissement en commençant par le national, à arrêter la chute du Dinar, à rééquilibrer nos caisses sociales déficitaires et à engager les réformes tant attendues dont  celle de la justice, de la fiscalité, de l’administration  sans occulter une lutte véritable contre le fléau de la corruption ?
Tous les partis crées et à naître connaissent l’amère situation du pays et n’ont nullement besoin de réaliser des études approfondies. Mais comme leur véritable objectif inavoué est d’accaparer le Pouvoir, ils font tout pour hâter sa chute. 
Sachant qu’il sera ma foi difficile pour les nouveaux partis de réunir un électorat significatif ex nihilo, en peu de temps, à la manière de Nidaa de BCE à ses premières heures, ils vont essayer de grignoter sur l’électorat des autres partis centristes qui réagiront à leur manière pour se défendre. Il est à craindre  que les manœuvres électorales, non démocratiques,  vont se développer crescendo.
C’est pourquoi je dis que l’intérêt supérieur du pays nous commande de faire l’économie de ces luttes intestines pour le Pouvoir.
 Si les intentions de toutes les parties sont véritablement bonnes, à gauche comme à droite, c'est-à-dire tirer le pays du marasme dans lequel ses enfants l’ont plongé, il faudrait plutôt unir leurs efforts au lieu de contribuer à leur dispersion.
C’est le rôle dévolu normalement à une ARP  issue réellement d’un mode de scrutin qui   exprimerait la volonté populaire des différentes couches de la population ce qui n’est pas le cas actuellement.
Si le régime choisi eut été un régime présidentiel, avec les gardes fous nécessaires, peut-être ne serions-nous pas dans cette situation.
Pour remédier à cette déficience du Pouvoir qui ne manquera pas de s’accentuer si la couleur de l’ARP deviendrait demain différente de celle de l’exécutif, la société civile  doit de  se mobiliser pour impulser les changements nécessaires.
Les  adhérents aux partis politiques en place qui ne sont pas contents de la façon dont sont conduites les affaires de l’Etat et ceux qui pensent adhérer à de nouveaux partis à créer, pourraient se réunir en Congrès pour arrêter les choix qui s’imposent et les mesures concrètes à prendre.
Dans ce Congrès on y trouvera non pas une gauche irréaliste, une droite tenant à ses privilèges, ou des partisans  d’idéologies désuètes, mais des citoyens  républicains patriotes faisant réellement passer l’intérêt du pays avant le leur et donc prêts à des concessions.
Je crois qu’une UGTT, expurgée de ses éléments extrémistes, pourrait  avoir la force  de jouer ce rôle de sauveur de la République en parrainant cet aréopage .
 L’histoire de l’UGTT, lorsqu'elle était guidée par Farhat Hached,  s’est montrée à la hauteur des événements.
 A une date plus récente, l’aboutissement du dialogue social qui a sauvé la pays de la guerre civile et a été justement récompensé par le Prix Nobel de la Paix, est la preuve que l’histoire peut se répéter.
Pour l’élite responsable l’heure  n’est pas à la multiplication des partis pour détenir les rênes du Pouvoir et défendre certains intérêts, mais à l’Union des énergies que nous impose le choix de ce régime hybride caractérisé par une déficience au niveau de la gouvernance.
 La société civile, avec à sa tête l'UGTT, se doit intervenir pacifiquement, cela s’entend, pour opérer les redressements qui s’imposent.
Que voulons-nous au juste ? L’intérêt du pays ou la prise du Pouvoir  à des fins personnelles? Un militantisme pour sauver la barque avec tout ce qu’elle transporte ou la poursuite de gains personnels éphémères?

Le bon sens nous commande d' œuvrer pour rassembler les énergies pour sauver le pays.