mercredi 8 août 2012


2012-08-05
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La presse  a reproduit succinctement  les paragraphes qui lui ont paru utiles dans le dernier rapport du FMI.
 Le Chef du Gouvernement a brandi un rapport en arabe à la face du journaliste et  qui pourrait constituer en fait  une mouture de ses services.
Ce qui m’a le plus choqué, c’est la flèche dirigée à l’encontre de l’ancien Gouverneur de la Banque Centrale.
Pour remettre les pendules à l’heure, je me suis dit que rien ne vaut, par respect de l’intelligence de nos concitoyens, de leur livrer ce que le FMI  a effectivement écrit.

« Conformément aux dispositions de l'article IV de ses Statuts, le FMI procède, habituellement chaque année, à des consultations bilatérales avec ses membres. Une mission des services du FMI se rend dans le pays, recueille des données économiques et financières, et s'entretient avec les responsables nationaux de l'évolution et des politiques économiques du pays. 

De retour au siège, les membres de la mission rédigent un rapport qui sert de cadre aux délibérations du Conseil d'administration. À l'issue de ces délibérations, le Directeur général, en qualité de Président du Conseil d'administration, résume les opinions des administrateurs, et ce résumé est communiqué aux autorités du pays »

Sur la base de la Note d’information au public (NIP) n° 12/96 le 3 août 2012 faisant suite à la mission du FMI, au titre de l’article IV, et qui a pris fin le  25 juillet 2012, voici ce que le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a notamment écrit. 

Informations générales

«La Tunisie a connu une grave récession en 2011 accompagnée de troubles intérieurs et dans la région. Le PIB s’est contracté de 1,8 % en termes réels, en raison d’une forte baisse du tourisme et des investissements directs étrangers. En conséquence du repli économique et du retour des travailleurs tunisiens qui étaient en Libye, le chômage a fortement augmenté pour atteindre 19 % en 2011, le chômage des jeunes se situant à 42 %. La position extérieure de la Tunisie s’est affaiblie, le déficit du compte courant se creusant nettement, à 7,3 % du PIB en 2011, et les réserves officielles diminuant, de 9,5 milliards de dollars EU fin 2010 à 7,5 milliards de dollars EU à fin 2011.

Après une décélération à 3,5 % en 2011, l’inflation a augmenté pour atteindre 5,7 % en avril 2012 (en glissement annuel).

Les autorités ont suivi une politique expansionniste pour répondre aux revendications sociales et soutenir l’économie. 

Dans un contexte de hausse des dépenses budgétaires courantes en raison de l’augmentation de la masse salariale, de l’augmentation des subventions aux produits alimentaires et énergétiques et de nouvelles mesures sociales ainsi que de l’accroissement des dépenses d’investissement, et nonobstant une hausse marquée des recettes, le déficit budgétaire global est passé de 1,1% en 2010 à 3,5 % du PIB en 2011.

En conséquence, le ratio d’endettement public, après une baisse pendant la dernière décennie à 40 % du PIB en 2010, est remonté à 44,5 % du PIB fin 2011. 

La politique monétaire a soutenu le crédit bancaire, en injectant d’importantes liquidités et en abaissant le taux d’intérêt directeur.

La contraction de l’activité économique, particulièrement dans le secteur du tourisme, a affecté la qualité du portefeuille des banques. Face à cette situation, la banque centrale a assoupli ses exigences réglementaires. 
Elle a autorisé les banques à rééchelonner les prêts accordés aux entreprises touchées par la récession et a injecté d’importantes liquidités dans le système bancaire pour aider les banques dans un environnement de baisse de la performance des actifs.

En conséquence, la plupart des banques sont devenues très dépendantes du refinancement de la banque centrale.

Des signes d’un rebond de l’activité économique sont apparus au début de 2012 : au premier trimestre, le PIB a crû en termes réels de 4,8 % (d’une année sur l’autre) et le tourisme et les investissements directs étrangers sont en hausse.

Une reprise de la croissance du PIB en termes réels serait aussi soutenue par une importante expansion budgétaire. 

Toutefois, les risques à court terme sont élevés et plutôt orientés négativement, dont une récession plus grave que prévu en Europe qui pèserait lourdement sur les exportations, une augmentation des tensions sociales dans le pays qui découragent les investissements domestiques et étrangers, des contraintes de capacités et des retards dans les financements qui risqueraient de freiner la relance budgétaire envisagée pour soutenir la croissance. 

Le potentiel de croissance économique de la Tunisie à moyen terme reste favorable, mais pour libérer ce potentiel, il est nécessaire d’adopter un programme de réformes structurelles pour promouvoir les investissements privés.

La réalisation d’une croissance plus forte et plus inclusive à moyen terme est nécessaire pour diminuer le chômage élevé, particulièrement parmi les jeunes, et pour réduire les disparités sociales et régionales. 
La croissance en termes réels devrait progressivement atteindre 6 % en 2017 dans un scénario de référence prenant pour hypothèse la poursuite de la stabilité macroéconomique, l’amélioration de la gouvernance et du climat des affaires, des réformes du marché du travail et du système éducatif afin de remédier aux asymétries en termes de formation professionnelle, et le renforcement du secteur financier.

Pour obtenir une croissance plus forte, il faut aussi mobiliser d’importants financements extérieurs, sous forme notamment d’investissements directs étrangers et d’emprunts par le gouvernement et les entreprises.

Évaluation par le Conseil d’administration

-Les administrateurs notent qu'après sa transition politique, la Tunisie aura des défis économiques et sociaux urgents à relever, notamment un taux de chômage élevé et des disparités régionales.

-Les administrateurs soulignent la nécessité de jeter les bases de la transformation de l'économie et de la promotion d'une croissance plus solide et plus solidaire.

-Compte tenu des risques auxquels se heurte la reprise économique à cause de l’instabilité de la situation économique et de la faiblesse de l'environnement mondial, les administrateurs estiment qu'il convient d'appuyer l'activité économique, tout en sauvegardant la stabilité macroéconomique.

-Les administrateurs estiment que la politique budgétaire pourrait appuyer la croissance et l'emploi à court terme. 

-Globalement, ils considèrent que l'expansion ciblée prévue des investissements publics — s'accompagnant d'une maîtrise des dépenses courantes — est appropriée.

 -À cet égard, ils saluent les efforts déployés par les autorités pour rationaliser la passation des marchés publics et améliorer l'exécution des programmes d’investissements.

-Les administrateurs soulignent que le rééquilibrage des finances publiques devrait reprendre à moyen terme afin de préserver la viabilité du budget et de la dette et mettent en exergue la nécessité d'un plan clair de rééquilibrage.

- Ils se déclarent favorables aux réformes fiscales prévues en vue de renforcer les recettes et de rendre le système fiscal plus équitable et favorable à la croissance.

-Ils insistent aussi sur la nécessité de maîtriser les dépenses publiques à moyen terme, notamment la masse salariale, et de réformer le système de subventions et des pensions.
-Les administrateurs sont favorables au resserrement de la politique monétaire pour contenir l'inflation et se félicitent que la banque centrale soit prête à relever le taux directeur si les pressions inflationnistes subsistent.

-Ils soulignent l'importance du renforcement du cadre institutionnel pour la politique monétaire, de même que de la coordination des politiques monétaire et de change.

-Les administrateurs signalent qu’une souplesse accrue du taux de change pourrait contribuer à préserver les réserves de change. 

-Ils soulignent la nécessité d'assurer l'indépendance de la banque centrale dans la conduite des politiques monétaire et de change, de même que pour la supervision bancaire.

-Les administrateurs encouragent les autorités à remédier aux vulnérabilités du secteur bancaire identifiées dans l’ESSF. 

-Ils rappellent qu'il est nécessaire de s'attaquer aux questions des prêts non productifs et de la recapitalisation bancaire, et d'améliorer la gouvernance des banques publiques.

 -Ils rappellent aussi l'importance d'aligner la supervision bancaire sur les normes internationales.

- Les administrateurs encouragent la banque centrale à élaborer une stratégie de sortie pour retirer progressivement son important soutien à la liquidité des banques, tout en continuant à satisfaire leurs besoins de liquidités.

-Les administrateurs considèrent que des réformes structurelles exhaustives sont requises pour réorienter l'économie tunisienne et exploiter son potentiel pour réaliser une croissance plus élevée et plus inclusive.

-Eu égard à la nécessité de réduire le chômage, la réforme du marché du travail et du système d'éducation sera cruciale. 

-Il sera aussi important d'améliorer le climat des affaires et la gouvernance pour accroître les investissements dans le secteur privé.

-Le développement de secteurs à haute valeur ajoutée contribuera à absorber la main-d’œuvre qualifiée.

-Les administrateurs mettent en exergue la nécessité de hiérarchiser les réformes, tout en améliorant la capacité de mise en œuvre. »

La lecture de ce rapport  me conforte dans l’idée que l’ancien gouverneur de la BCT et le Ministre des Finances avaient raison et ont accompli leur mission correctement.

C’est aussi un message pour le nouveau Gouverneur pour sauvegarder l’Indépendance de la Banque Centrale, s’il veut mériter notre respect et surtout notre estime.

Mokhtar el khlifi

- L’italique qui n’émane pas du FMI est destiné à faciliter une lecture rapide

samedi 14 juillet 2012



2012-07-09

Par Mokhtar El Khlifi
  
       
je n’adhère pas à votre parti, mais je vous respecte pour deux raisons. La première est d’avoir fait évoluer votre parti vers ce qu’est Ennahdha aujourd’hui, un parti de masse, bien organisé et bien structuré et dont l’idéologie n’est plus celle que le peuple tunisien a connue dans les années qui vous ont valu les mesures de répression et les dures années d’exil.
 La seconde raison réside dans votre intelligence et votre pragmatisme politique qui ont fait que vous avez enfin accepté la reconduction de l’article premier de la Constitution de 1959 et avez opéré  la volte face  historique et courageuse que vous avez faite suite aux évènements d’El Abdelia en revenant sur votre décision, prise publiquement, de manifester, évitant ainsi au pays  un bain de sang.

Vous auriez qualifié le Gouverneur  de la BCT « d’empereur » traduisant le peu d’estime dans lequel vous tenez ce dernier. Ce sentiment a été renouvelé, le 6 juillet sur la 2 lorsque vous avez affirmé maladroitement  que le Gouverneur de la Banque Centrale n’est pas également  irremplaçable, traduisant votre méconnaissance de l’homme et  surtout de l’Institution dont il a pris la lourde charge. En dépit de tout cela, je vous demande d’administrer, encore une fois, la preuve du sens de la  responsabilité politique en revenant sur votre décision de révoquer injustement le Gouverneur, ou au moins, en demandant à vos troupes de ne pas voter en bloc comme d’habitude, mais de le faire librement, en leur âme et conscience lorsque votre projet de révocation sera examiné prochainement par l’Assemblée Nationale Constituante (ANC).

L’ANC, surtout après la conférence qu’a tenue Monsieur le Gouverneur ce Vendredi,  devra faire face également à ses responsabilités. Elle devra d’emblée définir les critères de révocation d’un Gouverneur qui est loin d’être un simple fonctionnaire. En effet, un Gouverneur ne pourra être révoqué de ses fonctions que dans des cas limitativement énumérés telles que  l’incompétence, la faute professionnelle lourde, la corruption, la maladie…motifs qui devront obligatoirement figurer dans la prochaine constitution.

 En l’absence de ces griefs, l’ANC doit refuser de révoquer le Gouverneur. Si par malheur des députés votent, par esprit partisan, pour la révocation, en dépit de l’absence de reproches objectifs à faire au Gouverneur, ils devront en assumer toutes les conséquences vis-à-vis de l’opinion publique. Il n’est pas exclu que le gouvernement issu des « prochaines élections » pourrait, à juste titre, leur demander des comptes. On ne peut, en effet, condamner impunément un responsable qui n’a rien à se reprocher et ce dans un Etat de droit qui sanctionne tout excès de pouvoir.

Ne perdons pas de vue que lorsqu’il y va de l’intérêt national et en l’absence de motif réel de révocation, il est toujours possible d’engager les bons offices des uns ou des autres pour provoquer une rencontre entre vous, Monsieur le Président de la République et  Monsieur le Gouverneur pour dissiper tout malentendu et tourner la page.
Le pays a besoin de personnalités qui ont fait leur preuve sur le plan professionnel et  dont l’intégrité et le patriotisme ne peut être contesté, de la trempe de si Nabli. Notre pays qui aspire à plus de stabilité et de continuité vous en sera reconnaissant. Puisse Dieu éclairer votre lanterne !

lundi 25 juin 2012

Egypte

La cour constitutionnelle  a contrôlé le déroulement du décompte des voix et a relevé plus d’une infraction. Mais jugeant qu’elles n’avaient pas un impact sérieux sur le résultat final, elle a déclaré Moursi  Président de l’Egypte élu démocratiquement avec  51,7%  des voix dépassant son concurrent  Chafik de 882 751 voix seulement !
Cette élection appelle les observations suivantes :
1)    On peut être musulman avec un tampon au front et commettre des fraudes électorales ce qui est contraire à l’islam,
2)    La moitié de la population égyptienne (environ 26 millions pour une base électorale d’environ 50 millions) n’est pas allée voter, ce qui est très grave car il porte atteinte à la légitimité du Président élu,
3)    L’écart entre les deux candidats est infime, ce qui pose un sérieux problème pour la conduite des affaires du pays.
4)    La cour Constitutionnelle égyptienne impose le respect. Elle a fait un travail énorme en redressant les anomalies à quelques voix prés. Un exemple à suivre.
Si le Président élu a vraiment à cœur l’intérêt de l’Egypte et non le Pouvoir, il devra peser de tout son poids pour former un Gouvernement d’Union nationale. Il devra tenir compte de l’erreur tunisienne. Un parti vainqueur avec une légitimité relative qui a mis la main sur tous les postes clés, raison pour laquelle il rencontre des difficultés faute d’une adhésion de l’ensemble de la société. Leçon à méditer !

samedi 9 juin 2012


Soutien à l’indépendance de la Banque Centrale
J’ai suivi l’émission télévisée de jeudi soir, sur Hannibal TV, ayant pour invité son Excellence, monsieur le Président de la République.
Le discours  fait de généralités m’a déçu. Il semble qu’il ait voulu s’adresser à une catégorie particulière de la population sensible à un discours « populiste » pour obtenir leurs voix. C’est mon impression.
 Deux faits ont retenu particulièrement mon attention, le refus de la gouvernante qui a refusé, à juste titre, de livrer certains secrets du Palais et surtout la position du Président à l’égard de la Banque Centrale et de son Gouverneur manifestée de surcroit avec colère.
C’est surprenant de la part d’un Président qui se respecte de sortir de ses gonds et de traiter de la sorte et en public  une Institution honorable et la personnalité qui la dirige d’une main de maitre depuis une période relativement courte. J’ai  douté un instant qu’il s’agissait bel et bien d’un Président de la République.
 J’ai appris ce matin par un quotidien  que Monsieur le Gouverneur avait sollicité une entrevue avec le Président depuis quelque temps. Curieusement, le Gouverneur attend toujours. Je pense que ce n’est pas ainsi qu’un Président est sensé dirigé un pays. C’est du jamais vu.
 Que reproche-t-il  en fait à ce technocrate connu par ses pairs, ses collaborateurs et les instances internationales pour être compétent sans oublier son intégrité, sa probité, son indépendance d’esprit et son amour pour servir son pays.
 Je ne vois que l’effet des commérages  tombés dans l’ouïe d’un Président qui ne connait rien en économie et encore moins, en banques et en politique monétaire. Il se pourrait aussi que  quelqu’un voudrait sa place en contrepartie d’une promesse de dompter la BCT et d’actionner la planche à billets.
Je demande à Monsieur le Gouverneur de tenir bon car la société civile et les médias le soutiendront dans son combat pour l’indépendance de la Banque Centrale.
Je demande à tous les agents de la BCT, y compris les retraités, de soutenir, dans le calme et le respect des institutions de la République, cet homme dans son combat noble.
Je demande à son Excellence, Monsieur le Président de la République, d’avoir la sagesse de donner suite à la demande d’audience de Monsieur le Gouverneur pour une mise au point et la levée des malentendus préjudiciables à l’intérêt national.
Je demande à Monsieur le Président de l’ANC d’autoriser la transmission  en directe de l’interpellation de Monsieur le Gouverneur devant la commission de la planification, des finances et du développement prévue pour le 19 juin 2012 pour que le citoyen suive les questions et les réponses aux questions techniques qui intéressent tout le peuple.
A la Banque Centrale, je dis qu’elle doit faire plus d’effort de communication et participer, à l’instar des Départements ministériels, aux séances hebdomadaires de communication tenues au Premier Ministère.
Au cas où, Monsieur le Gouverneur démissionnerait ou serait, injustement révoqué, je demande à celui qui aurait le courage d’accepter de prendre la relève (il y en aura qui aspireront à ce poste sans en avoir le profil et l’expérience) de faire le serment de défendre l’indépendance de la BCT  et je souhaite que ce ne soit pas un vœu pieux.
Je demeure convaincu que ce Gouverneur qui vient d’être nommé n’est pas à l’origine des problèmes que vit le secteur bancaire et financier et que la Banque Centrale s’est engagée depuis belle lurette à l’assainir et à le restructurer tout en continuant sa mission de financer indirectement l’économie et à maitriser une inflation dont l’origine n’est pas d’ordre monétaire.