samedi 14 juillet 2012



2012-07-09

Par Mokhtar El Khlifi
  
       
je n’adhère pas à votre parti, mais je vous respecte pour deux raisons. La première est d’avoir fait évoluer votre parti vers ce qu’est Ennahdha aujourd’hui, un parti de masse, bien organisé et bien structuré et dont l’idéologie n’est plus celle que le peuple tunisien a connue dans les années qui vous ont valu les mesures de répression et les dures années d’exil.
 La seconde raison réside dans votre intelligence et votre pragmatisme politique qui ont fait que vous avez enfin accepté la reconduction de l’article premier de la Constitution de 1959 et avez opéré  la volte face  historique et courageuse que vous avez faite suite aux évènements d’El Abdelia en revenant sur votre décision, prise publiquement, de manifester, évitant ainsi au pays  un bain de sang.

Vous auriez qualifié le Gouverneur  de la BCT « d’empereur » traduisant le peu d’estime dans lequel vous tenez ce dernier. Ce sentiment a été renouvelé, le 6 juillet sur la 2 lorsque vous avez affirmé maladroitement  que le Gouverneur de la Banque Centrale n’est pas également  irremplaçable, traduisant votre méconnaissance de l’homme et  surtout de l’Institution dont il a pris la lourde charge. En dépit de tout cela, je vous demande d’administrer, encore une fois, la preuve du sens de la  responsabilité politique en revenant sur votre décision de révoquer injustement le Gouverneur, ou au moins, en demandant à vos troupes de ne pas voter en bloc comme d’habitude, mais de le faire librement, en leur âme et conscience lorsque votre projet de révocation sera examiné prochainement par l’Assemblée Nationale Constituante (ANC).

L’ANC, surtout après la conférence qu’a tenue Monsieur le Gouverneur ce Vendredi,  devra faire face également à ses responsabilités. Elle devra d’emblée définir les critères de révocation d’un Gouverneur qui est loin d’être un simple fonctionnaire. En effet, un Gouverneur ne pourra être révoqué de ses fonctions que dans des cas limitativement énumérés telles que  l’incompétence, la faute professionnelle lourde, la corruption, la maladie…motifs qui devront obligatoirement figurer dans la prochaine constitution.

 En l’absence de ces griefs, l’ANC doit refuser de révoquer le Gouverneur. Si par malheur des députés votent, par esprit partisan, pour la révocation, en dépit de l’absence de reproches objectifs à faire au Gouverneur, ils devront en assumer toutes les conséquences vis-à-vis de l’opinion publique. Il n’est pas exclu que le gouvernement issu des « prochaines élections » pourrait, à juste titre, leur demander des comptes. On ne peut, en effet, condamner impunément un responsable qui n’a rien à se reprocher et ce dans un Etat de droit qui sanctionne tout excès de pouvoir.

Ne perdons pas de vue que lorsqu’il y va de l’intérêt national et en l’absence de motif réel de révocation, il est toujours possible d’engager les bons offices des uns ou des autres pour provoquer une rencontre entre vous, Monsieur le Président de la République et  Monsieur le Gouverneur pour dissiper tout malentendu et tourner la page.
Le pays a besoin de personnalités qui ont fait leur preuve sur le plan professionnel et  dont l’intégrité et le patriotisme ne peut être contesté, de la trempe de si Nabli. Notre pays qui aspire à plus de stabilité et de continuité vous en sera reconnaissant. Puisse Dieu éclairer votre lanterne !