La conférence sur l’investissement
« Tunisie 2020 » a eu lieu comme prévu et on peut dire qu’elle a
réussi.
Remercions ceux qui ont en eu l’idée et tous
ceux qui se sont démenés pour la faire réussir.
Certes, il aurait été plus judicieux de la
reporter pour pouvoir établir préalablement, les conditions d’un climat social
serein en mesure d’encourager la reprise de l’investissement.
Mais, Les choses étant ce qu’elles
sont, comment faire pour que l’échec du Caire ne se reproduise pas?
Le suivi des engagements et des
promesses pour leur concrétisation réelle, sera l’affaire du Gouvernement et
des organisateurs de cette conférence qui parviendront à établir un « business plan » pour
éviter le fiasco du Caire.
Reste l’épineux problème de l’amélioration du
cadre juridique et social de l’investissement.
Sur le plan juridique, il serait
recommandé que le Gouvernement parvienne, très rapidement, à ressusciter le
Conseil économique et social, dans une composition éclectique nouvelle, qui lui
dispenserait ses avis consultatifs obligatoires, sur les textes législatifs et
réglementaires à prendre.
Le Gouvernement devrait disposer, en outre, à
titre dérogatoire, exceptionnel et transitoire, de la possibilité de légiférer
par décrets lois quitte à les soumettre à un contrôle a posteriori obligatoire
de l’ARP.
Les circonstances étant difficiles, le temps
perdu étant énorme et l’urgence qu’il y a à ce qu’une croissance économique
saine, soutenue et équitable reprenne, cette dérogation introduirait la
souplesse nécessaire dans l’action gouvernementale.
Reste à résoudre l’épineux problème
de l’assainissement du climat social.
Certes, le discours de Mr Abassi à la conférence de l’investissement
a été rassurant et a permis, à plus d’un, de souffler, mais en fait, il se révèle que c’était un
discours diplomatique de façade, car la position connue
de l’UGTT reste invariable. Elle continue à soutenir qu’elle n’a pas à négocier
un accord signé et publié au JORT. Le faire, ce serait pour elle, un précédent
dangereux.
Pourquoi l’UGTT qui se réclame de
l’esprit de feu Hached, agit-elle ainsi ? Est-elle consciente des graves conséquences
encourues pour le pays par les mouvements de grève annoncés ? Est-ce que la Direction
de l’UGTT ne peut plus se soustraire à la pression de sa base où l’élément de
gauche est prépondérant, surtout que Le prochain Congrès approche ? n’adhère-telle
pas au modèle de développement économique et social engagé ? L’UGTT
poursuit-t-elle en vérité d’autres visées ?
Monsieur Essid, avec tout le
respect qu’on lui doit, aurait commis
une lourde erreur en autorisant la
signature de deux documents contradictoires, la convention sur le relèvement
des salaires et l’engagement auprès du FMI de maîtriser leur hausse sans
commune mesure avec la croissance du PIB.
Le moment est venu pour qu’il s’explique
et se réfugie pas dans un silence assourdissant. C’est le moins qu’il puisse
faire.
Si monsieur Essid disait
clairement qu’il aurait été soumis à une pression insoutenable des syndicats
qui ont obtenu ce qu’ils voulaient en dépit de la situation catastrophique du
pays, juridiquement, on peut répondre à
l’UGTT qui se réfugie derrière les arguments de droit, que le consentement du
gouvernement a été vicié et qu’il est en droit de le renier ou de le modifier
pourvu que le FMI et consorts tiennent à cette orthodoxie financière en temps
de crise .
L’UGTT, qui compte des experts, savait très bien
que les caisses de l’Etat et les perspectives de croissance économique ne
permettaient pas de tels décaissements dont personne de sensé ne conteste la
légitimité.
Ces mêmes experts savaient aussi
que l’enveloppe des salaires devait être contenue à l’intérieur d’un plafond et
évoluer en fonction du rythme de la croissance. Enfin, ces experts
savent que rien ne servirait à obtenir des augmentations de salaires sans une
nette reprise de la croissance. On ne peut redistribuer que ce qu’on a produit.
C’est donc à ces experts de
convaincre leurs dirigeants d’accepter enfin que ces augmentations soient reportées.
C’est une question d’honnêteté intellectuelle à moins qu’ils aient des preuves que
nous ignorons pour démontrer le contraire ou qu’il y ait d’autres raisons que
nous ignorons.
Le Gouvernement, quant à lui, a
eu la maladresse politique de reculer à diverses reprises .Il a donné l’impression,
sous le couvert de la nécessité d’arriver à un consensus, que son argumentation
ne tient pas la route et qu’on pouvait l’amener, à force de persévérance, à
satisfaire totalement les revendications syndicales.
Les résultats atteints par la Conférence « Tunisie
2020 » pouvant s’évaporer avec toutes les conséquences négatives, sur
notre crédit, sur la croissance et la stabilité sociale, l’UGTT et le
Gouvernement pourraient avoir la sagesse et la responsabilité de convenir de s’en
remettre à l’avis d’une commission composée des experts des deux
parties et d’experts indépendants pour trouver une solution qui préserve
l’intérêt du pays. Un expert de l’OIT et du FMI pourraient y faire partie, pourquoi pas ?
Si le problème réside seulement dans la
lecture des chiffres et de certaines normes, il serait facile d’y remédier sans
perdre la face.
Mokhtar el khlifi
05/12/2016