lundi 29 décembre 2014

Le rétablissement de la confiance ; une priorité


Tunis le 27/12/2014

Certes, nous accordons un préjugé favorable au nouvel exécutif avec ses deux composantes, Président de la République et Gouvernement, d’être en mesure de prendre les mesures à court et à moyen terme appropriées pour engager le pays dans l’effort de redressement, mais cela n’empêche nullement le citoyen de faire les propositions, qu’il juge utile, dans la  contribution au rétablissement, de la confiance.
 D’abord, et le plus urgent, est de rétablir la confiance en faveur des mal lotis.
On leur a accordé bien des promesses. Le temps est venu de les tenir, au moins partiellement.
 Les médias nous ont montré les poches de misère intolérables  qui défigurent le paysage de notre pays et qui si elles persisteraient, outre qu’elles seraient un outrage à nos martyrs tombés sur le champ d’honneur, constitueraient une menace réelle pour la stabilité sociale et la poursuite du processus démocratique.
Les nantis doivent, et dans leur propre intérêt, en prendre conscience.
 L’hiver est là avec sa rudesse. Si on a le ventre creux et qu’on n’a pas de quoi se couvrir sous un abri de fortune, c’est le moment ou jamais de montrer à nos concitoyens démunis que l’Etat et la société civile ne les ont pas oubliés et sont là pour les aider.
Une large action de solidarité doit être entreprise et dans laquelle nous devrions tous contribuer.
A cet égard, J’ai pensé à l’organisation de caravanes en leur faveur qui sillonneraient le pays pour apporter un brin d’espoir à ces personnes de tout âge. Mais,le tout est de savoir les organiser méticuleusement.
Je propose au moins trois caravanes, l’une pour les régions limitrophes de la frontière algérienne, une pour le centre et la troisième  pour le Sud et qui démarreront ensemble à la même date, et travailleront en étroite coopération.
Ces caravanes seront composées par, des représentants de l’Etat (affaires sociales, santé, agriculture …), une ou plusieurs associations caritatives, les représentants de Andi et ceux des deux nouveaux organismes de microcrédits.
La mission de ces caravanes est d’apporter, certes, une aide concrète et immédiate (couvertures, habillement d’hiver, chaussures et bottes, alimentation, pétrole, gaz etc) à tous ceux et celles qui la méritent. Mais, ce sera aussi l’occasion d’enregistrer, l’état des lieux, leurs doléances et leurs cordonnées dans un registre qui sera d’une utilité certaine en cas de volonté de relèvement des prix des produits de base. Ce sera aussi l’occasion de faire, en leur faveur, au moins les premières démarches pour qu’ils aient une CIN pour ceux qui n’en ont pas.
Andi et les  deux jeunes sociétés de microcrédit identifieront les possibilités d’octroi de leur aide en nature et sous forme de financement pour ceux et celles qui ont une idée de projet. Je pense, en milieu rural, à faire revivre, par exemple, l’expérience du PDR mais, avec le suivi nécessaire.
Outre l’octroi à ces familles de bêtes à élever, de ruches pour la production de miel,  que sais-je encore ,et avec la contribution du Ministère de l’Agriculture, on pourrait prévoir des emplois pour la construction de chemins vicinaux, le reboisement et la protection des sols ainsi que la construction de lacs colinéaires pour l’irrigation.
Si dans chaque famille on arrivait à employer, ou à mettre sur pied un projet pour le chef ou la cheftaine de famille ou pour l’un de leurs enfants, on pourrait créer une lueur d’espoir et ramener le goût  de la vie et donc du travail.
Quant au financement de ces caravanes tournantes, on doit compter sur l’apport de l’Etat et de la société civile en mettant à contribution les associations caritatives obéissant à des règles de gestion transparentes.
Tant qu’on y est, pourquoi ne pas créer un compte postal ( la Poste existe dans les coins les plus reculés), avec les contrôles nécessaires pour recueillir les fonds locaux et étrangers et éviter la triste expérience du 26/26 ?
Quant à la confiance pour la reprise de l’investissement, elle devrait être établie à deux niveaux.
Le premier est l’examen avec le Gouvernement sortant des entraves identifiées à la réalisation des investissements déjà  programmés et bloqués pour différentes raisons excepté le financement qui, heureusement, existe.
Qu’est-ce qui retarderait une prise de décision adéquate impliquant une modification rapide des textes pour le déblocage de ces investissements avant de rechercher de nouveaux investissements?
Le second niveau est le sauvetage, d’une part, des PME qui traversent des difficultés et qui constituent l’essentiel de notre tissu industriel et, d’autre part, les unités qui, avec une meilleure gestion et une meilleure gouvernance, pourraient reprendre normalement leur activité.
Je pense particulièrement à la CPG et au Groupe chimique dont la solution de leurs problèmes ne doit plus attendre.
Les pertes de la CPG  nous auraient-elles pas  épargné un endettement accru auprès du FMI ?
Le second niveau consiste dans l’élaboration d’un plan de développement (triennal, quadriennal ou quinquennal) qui donnera aux investisseurs locaux et étrangers une vue claire et chiffrée des objectifs poursuivis et des moyens à mettre en œuvre.
C’est avec ce Plan que les autorités pourront convaincre les pays frères et amis d’accompagner la reprise de notre développement sans lequel l’expérience démocratique ne pourra pas être menée à son terme et perdurer.
 La mise en place d’un Conseil économique et social, encore une fois, pourra regrouper nos compétences de divers horizons pour participer à l’élaboration de ce Plan de développement économique et social.
Les objectifs de ce Plan doivent être ambitieux et tabler sur un taux de croissance économique élevé car des taux inférieurs à 5% ne permettront nullement le relèvement des grands défis.
 En effet, les économistes s’accordent à dire qu’un taux de croissance de 1% ne parvient à générer que 15 milles emplois environ. A un  rythme de croissance aussi faible, combien de temps notre jeunesse pourra-t-elle attendre encore ?

Je crois qu’une action rapide au niveau de ces trois axes serait en mesure de créer l’espoir et de contribuer à la stabilité politique et sociale en emportant l’adhésion de tous, riches et pauvres.

mardi 23 décembre 2014

Ressuscitons le Conseil économique et social

Le Conseil économique et social (CES) prévu la Constitution de 1959 a été créé en vertu du décret-loi du 19 janvier 1961.
«Le Conseil économique et social est un organe consultatif en matière économique et sociale. Sa composition et ses rapports avec la Chambre des députés et la Chambre des conseillers sont fixés par la loi.»
«Cet organisme  est obligatoirement consulté sur les projets de loi à caractère économique et social, les textes amendant ces projets de loi, sur le plan de développement, sur les rapports d'exécution du plan, sur la conjoncture économique et sur les budgets économiques.
Le gouvernement et la Chambre des députés peuvent aussi le consulter sur d'autres projets de lois.
Le CES peut également examiner de lui-même des questions économiques et sociales et donner son avis sur le sujet, appeler le gouvernement à des réformes qui lui semblent opportunes ou transmettre des rapports au président de la République.
Le conseil entretient, par ailleurs, des «relations d'amitié avec des institutions similaires représentant les pays frères et amis».
Le CES est aussi membre fondateur de l'Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires, dont il est aussi membre du conseil d'administration.
Il est enfin membre fondateur de l'Union des conseils économiques et sociaux d'Afrique en 1994.»
Initialement, Il comprenait trente membres, nommés par décret pour cinq ans, représentant les salariés, les entreprises industrielles et les personnes «expertes».
Le 9 avril 1965, le nombre de membres passe alors à 37, dans le but d'inclure sept membres représentant le secteur coopératif.
Plus tard, en 1970, le CES passe à 42 membres. Les représentants du secteur coopératif sont alors remplacés par des représentants des secteurs agricoles et des services, des organisations de consommateurs et des organisations de jeunesse. En 1983, le conseil passe à 68 membres.
La loi organique no 88-11 du 11 mars 1988 fait passer sa composition de 68 à 117 membres, représentant la société civile et les régions.
Les membres se répartissent de la façon suivante:
  • les organisations professionnelles: 26
  • les organisations nationales, les associations et les professions libérales: 19
  • les régions: 24 (un par gouvernorat)
  • l'administration et les entreprises publiques: 18
  • les personnes «qualifiées»: 30
Par ailleurs, l'institution comprend cinq commissions permanentes, au lieu de deux précédemment.
 Ces commissions sont les suivantes:
  • Commission de l'éducation, de la jeunesse et de la culture
  • Commission économique, financière et de la conjoncture
  • Commission de la santé, du travail et des affaires sociales
  • Commission de la coopération et des relations extérieures
  • Commission de l'agriculture et du développement régional»
C’est ce que tout le monde peut trouver sur WIKIPEDIA.
La majorité à l’ANC, forte de son Pouvoir, a cru bon de supprimer cet organe en vue de faire table rase du passé comme si tout ce qui a trait à l’ancien régime devait être supprimé sans discernement aucun.
Le CES  a été ainsi dissout en vertu du décret-loi du 23 mars 2011 portant organisation provisoire des pouvoirs publics puis supprimé par la Constitution du 10 février 2014.
En partant du fait que:
  • La liberté d’expression, acquise après le 14 janvier 2011, a donné la possibilité au citoyen de s’exprimer sur divers sujets qui intéressent le développement du pays faisant apparaître que le pays regorge de compétences prêtes à servir,
  • Les députés au Parlement sont amenés à voter des textes sans avoir nécessairement, ni le temps, ni les moyens de se forger une idée précise sur le sujet traité,
  • Le pays qui traverse une situation difficile sur bien des plans n’a pas assez de temps pour trancher et prendre les décisions qui s’imposent,
  • Le Gouvernement voudrait bien associer tout le monde au redressement du pays,
  • Nos savants, économistes, experts ont, je pense, des études et des références sous la main  qu’ils sont prêts à en faire bénéficier la communauté,
  • Nos nombreux cadres partis à la retraite ont une expérience dont ils voudraient bien faire profiter le pays.
J’estime, par conséquent, que le conseil économique et social pourrait servir de cadre idoine à l’éclatement de ces compétences, d’où l’idée de ressusciter cet organe, le plus tôt possible.

Bien entendu, il y aurait  lieu de veiller à en faire une structure efficace,  et légère tout en restant multidisciplinaire et ce en redéfinissant les commissions, leur objet et leur composition.

A cet égard, l’énergie, l’eau, l’agriculture, l’éducation, l’industrie, la santé,  les technologies, les services et l’environnement devraient avoir une place de choix. 

Qui pourrait constituer une équipe restreinte qui, à partir des textes abrogés, pourrait préparer un projet de loi et le soumettre au Gouvernement et à la Chambre des députés?
Mokhtar El Khlifi

jeudi 13 novembre 2014

L'heure du choix a sonné

Tunis le 13/11/2014

Bien que n’adhérant à aucun parti politique, j’ai décidé en mon âme et conscience, de voter pour Nidaa pour les élections parlementaires d’octobre 2014.
Je me suis rappelé qu’après les élections d’octobre 2011, BCE avait, lors d’une cérémonie mémorable, remis sportivement les clés de la Kasbah à Ennahdha.
Je me souviens aussi que la vidéo fuitée par « Nessma » nous avait révélé un entretien amical entre BCE et Jebali  qui sollicitait le point de vue du Premier Ministre sortant sur la composition du nouveau Gouvernement. J’avais déduit que tout allait bien pourvu que cette concertation allait se poursuivre.
Mais nous avons vite déchanté au vu des déclarations et des mesures prises par le parti au Pouvoir ce qui a poussé BCE à sortir de sa retraite et à fonder un rassemblement destiné à faire contrepoids à la force ascendante d’Ennahdha qui s’était engagée sur la pente glissante de la remise en cause de notre histoire et de notre modèle social.
Nous avons eu peur pour nous et pour nos enfants et nous avons soutenu massivement ce mouvement.
Cette peur existera toujours tant qu’Ennahdha n’aura pas tenu son Congrès et modifié sa charte !
Il était donc logique pour moi de voter pour Nidaa aux dernières élections. Mais malheureusement les résultats ont été en dessous de nos espoirs  vu  la courte majorité dont il dispose.
 N’ayant pas la majorité de 109 voix, il devra rechercher des appuis pour constituer laborieusement son Gouvernement et faire passer ses textes de lois.
Si à cette situation peu enviable, vous avez un Président de la république n’appartenant pas à Nidaa, la tâche de ce gouvernement sera encore des plus difficiles. Les uns titreront à Hué et les autres à Dia et c’est le peuple qui souffrira.
La crainte exprimée par certains, d’éviter que Nidaa cumule la Présidence, ne se justifie pas. BCE a remis les clefs de la Kasbah en 2011 alors qu’il aurait pu, ne pas le faire pour une raison ou une autre et se maintenir au Pouvoir.
 C’est une décision qui démontre sa maturité politique et qui est à mettre à son actif  car il a accepté le jeu démocratique.
 Au parlement Nidaa n’a pas les coudées franches.
 Enfin, et surtout le peuple ne se laissera pas faire avec sa société civile en état d’éveil permanent.
Ces raisons font que je ne voterai pas pour les tenants de cette démarche déloyale qui ne s’explique que par leur volonté d’écarter BCE de la course au perchoir prenant ainsi l’électeur pour un imbécile.
J’écarterai les nouveaux venus dans la politique et ceux qui ont travaillé 23 ans avec l’ancien régime sans avoir l’honnêteté et le courage de dénoncer les dérapages dont tout le monde discutait entre quatre murs mais sans en administrer de preuve.
 Ceux-là avaient certainement plus d’une preuve et c’est malhonnête de leur part de cacher des vérités au peuple. Ils ne sont donc pas crédibles et je ne voterai pas pour eux.
Il me reste quatre dont je dois choisir un à savoir, Nabli, Marzouki, Hamma et BCE.
Nabli qui est de formation économique, financière et monétaire a mal choisi son cheval de bataille. A la tête du Gouvernement il pourrait faire beaucoup de choses.
Son attachement à la Présidence avec une volonté de présider chaque conseil des ministres, tenez-vous bien, sera une source certaine de conflits de compétence.
 Si j’étais Premier Ministre je n’accepterais pas qu’il vienne prendre ma place et peser de tout son poids pour modifier des prises de position dans le sens qui lui convient sans omettre les conflits dans les chiffres. Il y aura en fait deux gouvernements, un à la Kasbah et un à Carthage, deux staffs !
Est-ce le rôle du Président de la République d’être toujours à la Kasbah comme si le chef du Gouvernement était un incapable ? Le Président sera en fait le véritable chef de l’exécutif avec cette concentration de pouvoirs. Je ne voterai   donc pas pour lui.
Je ne voterai pas pour Marzouki pour diverses raisons bien qu’il ait été un ennemi juré de Ben Ali et ait eu le courage de l’affronter.
Son expérience au Gouvernement n’a pas été brillante et n’a pas su  ou  pu infléchir Ennahdha quand il était faisait partie de la « Troika ».En outre sa campagne électorale comporte des ratés impardonnables de la part d’un Président qui se déclare en communion avec les LPR (au Colisé les représentants des LPR étaient aux premières loges) et un cheikh à Msaken connu pour ses positions extrémistes. Il a même osé traiter les présidentiables de « taghout ».
Un président qui ne contrôle pas ce qu’il dit et œuvre pour diviser les citoyens ne mérite pas d’être élu.
Hamma est une personnalité des plus respectables et des plus sincères. C’est un brillant défenseur des faibles. Son passé illustre son combat inlassable contre l’oppression et la dictature. Son choix comme Président me tente.
 Mais, car il y a un mais.
 En effet, il n’y a pas que Hamma, il y a derrière lui le front populaire et ses positions radicales surtout en matière économique. A la Présidence, il essaiera de les traduire dans les faits au niveau du Gouvernement et sera de ce fait une source certaine de conflits majeurs. A  mon grand regret, je ne voterai pas pour lui.
Compte tenu de ce qui précède, je voterai donc, in Chaa Allah, pour BCE, la conscience tranquille.
Par cet acte, je m’inscris en harmonie avec mon vote pour le Parlement. Je renouvèle ainsi ma confiance à l’homme qui a eu l’initiative et pu, en si peu de temps, contrebalancer Ennahdha pour le bien de la démocratie. Il est entouré par une pléiade de compétences .Il a un programme politique et économique ce qui ne l’empêche pas d’en discuter avec les autres partis avant de former un Gouvernement qui ait le soutien  de la majorité du peuple.
A la Présidence, il n’interférera pas dans les affaires du gouvernement et aplanira plutôt les éventuelles difficultés et lui rappellera, si besoin est, ce qui a été convenu avec les partis.
Sur le plan intérieur, Il  a  administré la preuve qu’il est apte à gérer les situations difficiles et à préserver la sécurité du pays au moment de la révolution libyenne. On ne change pas une personne qui a fait ses preuves et n’a rien à apprendre.
 A l’extérieur, avec son savoir-faire, il saura recueillir l’appui politique et financier des bailleurs de fonds publics et privés nécessaires au Gouvernement pour relancer la croissance dans l’intérêt de toutes les régions et de toutes les couches sociales.
 Enfin, il n’aspirera pas à un nouveau mandat, contrairement aux « jeunes » loups.

J’ai fait mon choix. C’est mon droit et ma conscience est tranquille. Je souhaite ne pas avoir à le regretter tout en soulignant, à l’intention de BCE et de son équipe, que nous descendrons dans la rue pour vous « dégager » si vous dérapez !

lundi 10 novembre 2014

Ennahdha, tenez votre Congrès!


Il faut avoir le courage et l’honnêteté intellectuelle de féliciter ses adversaires politiques lorsqu’ils prennent des décisions dans l’intérêt du pays.
Ennahdha vient de prendre encore une décision qui l’honore suite à la réunion de son «Majliss Echoura».
Elle revient sur sa proposition initiale de soutenir une personnalité bien déterminée et de laisser à ses adhérents la liberté de choisir le candidat à la présidentielle qui réponde le mieux aux objectifs de la «révolution».
Comme Ennahdha est traversée par plusieurs courants contradictoires, il est attendu que les votes pourront aller, apparemment, de l’abstention, au vote même pour Nidaa ou pour un autre candidat.
Dans quelles proportions? Ou est-ce que la consigne réelle est de voter contre Nidaa? Dieu seul le sait.
Nous ne sommes pas au courant des discussions au sein du «Majliss Echoura», mais il semble que le Cheikh, fin stratège, a, encore une fois, pesé de tout son poids pour éviter une future confrontation avec Nidaa ce qui rendrait leur cohabitation  des plus difficile, ce qui est contraire à l’intérêt du pays.
Il faut reconnaitre que ce Cheikh est un grand manœuvrier en politique et il faut lui reconnaitre son aptitude à prendre les bonnes décisions  compte tenu de la situation politique, des rapports de forces et de l’intérêt supérieur du pays.
Faut-il rappeler qu’il a tranché en ce qui concerne l’insertion de l’épineuse question de la «Chariaa»  dans la Constitution?
Ce Cheikh a également considéré que la femme ne peut être que l’égale de l’homme et non son «complément » et reconnu le Code du statut personnel. Il est vrai que les femmes ont manifesté dans la rue!
Il  refuse, aujourd’hui, de balayer d’un revers de main l’histoire nationale de la Tunisie et ne dénigre plus Bourguiba. C’est à son actif.
Sous la pression de la rue (Ettahrir, le Bardo) et sa lecture des événements d’Egypte, il a enfin opté pour le «dialogue national»  et la mise sur place d’un Gouvernement de technocrates, pour apaiser les tensions et éviter les dérapages possibles et se préparer pour les élections.
Sans ces décisions majeures, nous n’aurions pas abouti à confectionner une Constitution acceptable pour tous et la tenue d’élections libres et démocratiques qui vont bientôt s’achever.
Tout indique qu’Ennahdha est en train d’évoluer vers un parti qui effraie de moins en moins les tunisiens.
Ce sont là des faits mais rien n’est moins sûr que les choses ne changeraient pas, surtout après la disparition du Cheikh et que nous ne souhaitons nullement.
Il n’est pas exclu que les «faucons » reprennent du poil de la bête surtout que si de nouvelles élections leur donnent, demain, une majorité confortable, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Le tunisien demande au Cheikh de consolider ce changement en tenant son Congrès pour modifier sa charte dans le sens de l’évolution amorcée.
En effet, son dernier Congrès ne s’est pas prononcé sur certains points fondamentaux  préférant les reporter à plus tard.
Je crois que le moment est venu.
En excluant l’interférence du religieux dans le politique, en rejetant clairement l’Islam importé et en optant pour un Islam modéré à la tunisienne, Ennahdha donnera le meilleur gage de son ouverture.
C’est à cette condition que, personnellement, je changerai d’idée sur ce parti idéologique, car j’ai toujours à l’esprit le contenu de cette fameuse vidéo du Cheikh à «ses enfants salafistes» ainsi que celle du Cheikh Mourou avec Ghnim, le défenseur de l’excision.

Mokhtar El Khlifi

dimanche 2 novembre 2014

Devoir national et réalisme politique


Tunis le 30 octobre 2014
Article publié dans Leaders.com

Les urnes ont fait tomber leur verdict impitoyable qui ne satisfait personne. Une très courte majorité pour Nidaa, talonné par le puissant parti d’Ennahdha  qui perd la majorité au Parlement, l’émiettement, voire le laminage des forces démocratiques qui ont fait une mauvaise lecture de la situation et enfin l’exclusion des partis RCDistes.
Pour Nidaa qui a remporté ces élections sans grand panache, c’est un cadeau empoisonné dans la mesure il parviendra difficilement à constituer une majorité au Parlement avec ses 85 sièges sur 217.Il devra chercher 24  voix pour avoir la majorité  requise de 109 voix.
A mon sens, il lui est difficile de compter sur les seules voix (15) du Front Populaire en raison de son programme économique trop à gauche et avec une orientation peu enviable pour une reprise de l’investissement national et surtout étranger. Remettre en cause le règlement de la dette tunisienne est un obstacle majeur à difficile à surmonter.
Peut-il compter sur les voix (17) d’UPL ? Déjà les déclarations de certains dirigeants de Nidaa montrent qu’ils ne « gobent » pas ce parti et lui dénient même la qualité de parti qui  se montre déjà un peu trop gourmand puisqu’il réclame, à grands cris, des postes importants (économie, Finances que sais-je encore ?) que Nidaa n’est pas prêt de les lui accorder car il foisonne de compétences.
Nidaa pourrait, sur la base d’un programme clair, constituer un noyau dur avec Affek. Mais les 8 voix d’Affek sont insuffisantes pour constituer une majorité.
Nidaa ne pourra pas compter sur les autres petits partis, à moins qu’il court le risque d’une instabilité gouvernementale.
Restent les voix d’Ennahdha (16 voix sur 70) pour  atteindre une majorité stable composée de Nidaa (85 voix, Affak 8 voix, Ennhdha 16).
Là y a des obstacles majeurs à dépasser. Nidaa perdra la confiance de ceux qui lui ont accordé leur confiance pour contrebalancer  « l’ogre » qui s’est engagé à remettre en cause leur modèle de société. Ce dernier sera-t-il prêt de tenir un Congrès pour amender sa charte qui devra montrer qu’il s’est démarqué des frères musulmans et qu’il a décidé de faire une nette séparation entre le politique et le religieux ?Le Cheikh qui a montré, plus d’une fois, son réalisme politique ( question de la « chariaa »,complémentarité de la femme, révision du projet de Constitution du  1ER Juin (dont s’est enorgueilli MBJ), acceptation enfin du dialogue National, démission du Gouvernement etc.) est en mesure de le faire. Mais sa base est-elle prête de le suivre ?
Que reste-il à faire pour BCE ?
A mon sens, il s’orientera tout droit vers la constitution d’un Gouvernement de technocrates indépendants qui appliquera un programme économique et social arrêté par les partis et les principales composantes de la société civile (UGTT et UTICA ) d’où l’urgence qu’il y a à remettre en selle le « Dialogue National » autrement composé.
A mon avis, cet organe devrait comprendre, outre les représentants des principaux partis politiques, ceux des partis historiques qui ont été écartés par la technique du « vote utile » et des représentants de la société civile.
Le programme économique et social de Nidaa servira de base de discussion. Un dénominateur commun devra être dégagé et c’est ce nouveau programme qui servira de cadre à l’action du futur Gouvernement. Ce  cadre sera soumis, bien entendu, à l’approbation du Parlement.
Je pense qu’en dehors de cette démarche, il n’y a point de salut car on engagera le pays dans une ère de turbulence dont on fera bien de faire l’économie !
Inutile de rappeler que le pays attend des réformes importantes et parfois douloureuses pour que le pays soit remis sur les rails.
Le pays a vécu l’expérience d’absence de vision économique, de la mollesse, des tergiversations, de la peur de prendre les grandes décisions et des contradictions entre les trois composantes du Pouvoir surtout avant le Gouvernement Jomaa ( affaire Baghdadi ) à qui nous devons lui rendre un vibrant hommage pour avoir conduit le pays vers des élections saines et hautement sécurisées grâce au concours de notre armée et de nos forces de sécurité que nous félicitons bien vivement.
Nous avons besoin d’un Pouvoir politique fort, sans être dictatorial, pour  redresser le pays et le remettre sur la voie du travail et de la productivité qui conditionnent une redistribution équitable des richesses produites entre les citoyens et les régions.
Les élections présidentielles approchent à grand pas. Les candidats sont relativement nombreux.
Ceux qui ont perdu les élections législatives par égo, recherche du Pouvoir ou mauvais calcul politique doivent avoir la pudeur de s’écarter vu leur poids politique réduit à la portion congrue au lieu de brandir l’épouvantail du retour à la dictature, ignorant à dessein, qu’après le 14 janvier 2011, ni les institutions mises en place, ni le bon et courageux peuple tunisien avec sa vaillante société civile, ni sa presse libre et courageuse, parfois à outrance, ne le permettront plus, plus jamais !.
Aux « indépendants » que les élections ont montré qu’ils n’ont plus de base pour les soutenir, d’avoir le courage de se désister et de se réserver pour d’autres fonctions au service de ce pays meurtri. Nous leur en serons reconnaissants.
Ce comportement responsable nous permettra de conforter le résultat des élections législatives et de nous faire gagner un temps dont le pays a tant besoin.
Renouvelons notre confiance à ceux que le peuple a désignés pour conduire le pays, faisons en sorte qu’ils bénéficient d’un préjugé favorable mais restons toujours aux aguets pour redresser la barre.

Vive la Tunisie !!!

lundi 15 septembre 2014

Le second coup d’Etat médical


Tunis le 15 /09/2014

Le premier a réussi en arrivant à destituer, en novembre 1987, feu le Président Bourguiba. Le Professeur Amor Chedly a dit son mot sur ce certificat médical « légalisant » le départ de Bourguiba dans son ouvrage, « Bourguiba, tel que je l’ai connu ».
 Le second coup émanerait des proches de BCE et de son médecin traitant qui auraient attiré l’attention de si Amor Shabou, spécialement, sur la gravité de la maladie qui frapperait BCE et qui justifierait qu’il n’accède pas aux hautes charges de l’Etat pour laisser la place à autrui. Monsieur Shabou n’a pas manqué de sauter sur l’occasion. Personnellement je comprends que les proches voudraient préserver la santé de BCE en lui épargnant les charges éreintantes de la conduite des affaires de l’Etat. C’est humain, mais ce n’est pas comprendre le dessein de BCE qui fait peu de cas de sa santé devant la mission qu’il veut mener à son terme.
Que le diagnostic soit vrai, à moitié vrai ou faux, ce qui n’est pas à exclure, la première conclusion est qu’il est inadmissible qu’un médecin  divulgue à des tiers l’état de santé de son patient. Le conseil de l’ordre des médecins devrait réagir et sanctionner ce comportement.
La gravité de la maladie de BCE, si gravité il y a, a été portée à la connaissance du public à dessein, à mon sens, contrairement à ce que prétend Monsieur Shabou.
Ce dernier qui n’a pas eu le courage d’en parler directement à BCE et de lui recommander de ne pas briguer le mandat présidentiel pour raison de santé, a préféré lui adresser une lettre sensée lui parvenir personnellement et à titre confidentiel.
Est-elle tombée en de bonnes mains ?
 Cela ne lui a pas suffi, car après quatre jours et devant l’absence de réaction de BCE, il a transmis une copie de cette lettre à ses collaborateurs, une quarantaine. Comment un être aussi intelligent que Si Shabou n’a pas, un seul instant, pensé que l’un de ces collaborateurs allait « fuiter » cette dangereuse lettre pour BCE et Nidaa ?
 Ne s’est-il pas adressé à BCE pour lui dire à la TV qu’il est entouré de judas et de Brutus ?
Monsieur Shabou a voulu que cette lettre fasse beaucoup de bruit. Il a réussi sur ce point et son amplification par Ettounsia en témoigne car c’est lui qui aurait contacté le présentateur de l’émission.
Pourquoi cette lettre ? Monsieur Shabou avance qu’il était de tenu de traiter BCE sur le même pied d’égalité que le Président Marzouki pour avoir la conscience tranquille. C’est fait. La lettre à Monsieur Marzouki était publique. Celle adressée à BCE a fini, par une entourloupette, à être publique. Comment peut-on admettre que quelqu’un se fasse « harakiri » ?
Je déduis du comportement de Monsieur Shabou qu’il en veut à BCE et à son mouvement contrairement à ce qu’il affirme. Pourquoi traiter dans cette lettre et à la TV de l’âge et de la santé de BCE et du linge sale de Nidaa en cette période délicate ? Pourquoi juger publiquement que sur les 33 listes électorales de Nidaa , trois seulement tiennent la route ?N’est-ce pas une invite à ce que l’électeur choisisse une autre liste ?N’a-t-il pas dit que c’est une erreur de dire que Nidaa est le seul capable de conduire le pays vers le salut  et qu’il y a une multitude de partis aptes à le faire? je n’en vois réellement pas.
Monsieur Shabou prétend que l’idée du mouvement Nidaa est la sienne avec la participation de BCE .Mais, souvenez-vous bien, Il a quitté ce mouvement lorsqu’il a sans doute déduit que c’est BCE qui va en prendre la tête. Il y est revenu mais avec ces déclarations peut-il encore prétendre faire partie de ce mouvement et que veut-il réellement ? Cette félonie est-elle le prix à payer pour qu’Ennahdha le propulse au poste de Chef de Gouvernement ? N’a-t-il pas dit du bien du Cheikh et n’a-t-il pas affirmé qu’il y a de grandes chances que son parti revienne au Pouvoir ?
A la question qu’on lui a posée en ce qui concerne son choix pour qui voter, il a répondu qu’il était en train d’étudier les programmes des uns et des autres comme si dans cette phase il est question de programme à définir.
Les choix sont clairs à tous ceux qui ne sont pas frappés de cécité politique.
Sur le plan politique, il y a le choix du modèle de société et de l’homme capable de le mener à son terme ou du moins d’en asseoir les bases irréversibles.
Sur le plan économique, il y aura un nouveau modèle de développement et une politique axée sur la liberté d’entreprendre avec une intervention de l’Etat dans certains secteurs stratégiques ainsi qu’une redistribution équitable des ressources entre les régions et entre les citoyens appelés à plus de productivité.
A son actif, BCE veut réussir ce défi au péril de sa santé et je crois que s’il avait trouvé l’homme ou la femme capable de le mener, il lui aurait cédé sa place. N’avait-il pas dit un jour qu’il cherchait une femme pour diriger ?
Aidons cet homme à nous faire traverser le guet et n’ajoutons pas à ses « ennuis » de santé d’autres ennuis !
Une mise au point de ses nouveaux médecins permettrait de calmer les esprits échauffés et désorientés.
En dépit de ces faits et bien  que je n’appartienne pas à Nidaa, ni à aucun autre parti, je voterais, in chaa Allah, pour BCE et Nidaa, car seul Dieu est maitre de nos destinées.

 Georges Pompidou et François Mitterrand n’ont-ils pas conduits le destin de la France bien qu’étant frappés par une terrible maladie ?

lundi 1 septembre 2014

Effectivement, nous n'avons plus l'excuse de l'ignorance


01/09/2014
  


A la dernière question que lui a posée Leaders, «que diriez-vous aux Tunisiens?», BCE  a répondu textuellement : «Maintenant, avec toutes ces évolutions connues par le pays, nul n’a plus l’excuse de l’ignorance. L’avenir de la Tunisie est entre vos mains. Vous en êtes responsables et vous en serez comptables. Votez, et votez en plébiscitant un projet d’avenir et non une personne.»
Cela donne à réfléchir à plus d’un d’entre nous.
Ce qui me revient à l’esprit c’est ce qui s’était passé début 2011.
Certains voulaient , à juste titre, amender la Constitution de 1959 en introduisant les garde fous nécessaires pour éviter les dérives qu’ont connues les présidences précédents le 14 janvier 2011 et, sans perdre de temps, se mettre au travail, les autres, qui n’ont aucunement fait la «révolution» ont préféré la mobilisation de la rue (Kasbah 1, 2) pour imposer une option différente,  préférant  l’élection d’une assemblée constituante et marquant ainsi leur décision de faire table rase du passé, appuyés en cela, malheureusement, par des personnalités politiques connues qui avaient, sans doute, des comptes personnels à régler.
Lors de la rédaction de la nouvelle constitution par l’ANC, je retiendrai, avec une profonde amertume, l’intervention d’un jeune député, qui fort de son diplôme en droit public, a voulu partir d’une feuille blanche, rejetant le projet de texte préparé par l’équipe du professeur Ben Achour avec lequel il n’a pas été publiquement très aimable.
L’histoire retiendra que ce second choix  a été  le plus mauvais. Peut-être qu’il y aura, un jour, des procès publics à faire à ceux qui n’ont pas vu juste, vu les lourdes conséquences qu’ils nous ont fait subir?
L’économie a souffert et souffre terriblement encore. La Tunisie est fortement endettée. L’Etat est en déliquescence. Le pays est terriblement divisé. Le terrorisme est solidement implanté dans notre pays, voire dans certains de nos esprits. Notre modèle de société a été remis en cause et la  mauvaise graine a été plantée dans nos mosquées et dans l’esprit de nos enfants.
Il va donc falloir une patience de sacristain pour recoller les morceaux.
Personnellement, je n’ai plus «l’excuse de l’ignorance» et j’ai vraiment peur pour mon pays. Certes, je voterai, contre vents et marées, pour le parti que je jugerai en mesure de sauver le pays, mais je ne suis pas sûr de ce que les urnes nous réserveront finalement et qui pourraient, sans un sursaut salvateur, nous replonger dans la situation que nous avons vécue, avec de surcroît, une continuité d’au moins cinq ans, sinon plus.
La réponse de BCE est terrible, car lourde de sens. Nous sommes face à un nouveau choix historique, semblable à celui de l’année 2011.
Puisse Dieu, cette fois, éclairer la lanterne des prétendants au Pouvoir et ils sont nombreux, aussi bien au Parlement qu’à la Présidentielle !
Puisse Dieu, cette fois, éclairer la lanterne de chaque électeur et le mettre à l’abri des influences, de tout genre, pour qu’il vote en son âme et conscience dans l’intérêt du pays!
Je me méfie du vote  de certains électeurs. Certains  intellectuels qui croient comprendre tout ce qui se passe autour d’eux, mais qui tirent des conclusions hâtives, car certaines données leur échappent, faute d’une bonne communication.
Je me méfie aussi de ceux qui mettent tout le monde dans un même sac et ont opté pour le vote  en blanc ou encore vont briller par leur absence, le jour historique, des élections, par peur ou conviction.
Je me méfie encore et surtout du concitoyen analphabète et dans le besoin, peu au fait des enjeux, et qui, pour un peu d’argent,  ou en lui faisant vibrer la fibre religieuse, sera prêt pour voter pour vous. N’a-t-il pas été établi que dans certaines régions, certains de nos concitoyens n’ont pas hésité à  soutenir les terroristes en les approvisionnant en fournitures et en renseignements?
J’ai aussi des doutes sur la capacité de l’ISIE 2 à réaliser des élections transparentes vu notamment la limite des moyens humains dont elle dispose pour contrôler les financements des partis et le déroulement d’un scrutin transparent.
L’ISIE 2 nous révèle que l’électeur aura affaire à 1500 listes électorales pour les législatives contre 1662 en 2011, réparties sur toute la République, un véritable casse-tête qui va se répéter.
Pour la Présidentielle, on se bouscule  aussi et la liste ne cesse de s’allonger. Une quarantaine nous dit-on et la liste n’est pas close ! Cela vous donne l’envie de vous présenter. Pourquoi pas moi diriez-vous ?
Chacun, et somme toute c’est son droit, se sent en mesure de nous représenter. N’ont-ils pas assez de modestie pour relever que d’autres qu’eux pourraient bien les représenter et peut-être mieux? Que cherchent-ils en fait? le Pouvoir? l’argent? la gloire? Influencer en leur faveur  le cours des événements? Mais, l’intérêt du pays, y a-t-on vraiment pensé?
Pour « plébisciter ce  projet d’avenir et non une personne »,je m’adresse à l’ISIE pour qu’elle demande à chaque parti de lui présenter, avant le début de la campagne électorale, son programme, s’il en a un, et de faire savoir à l’électeur le parti qui refuse ou ne peut pas se plier à cette exigence.
Ces programmes seront condensés, par les services de l’ISIE, dans un document permettant de faire une comparaison, rubrique par rubrique, de la position précise de chaque parti sur chaque point.
Ces rubriques permettront d’avoir la position de chaque parti sur notamment, le drapeau national, oui le drapeau national, car certains l’ont remplacé par un fanion noir, le rôle de la religion dans la politique, les acquis de la femme, les principaux choix économiques, la politique de l’énergie et de l’eau, l’environnement, les investissements prioritaires, l’éducation et la formation, les relations politiques et économiques extérieures, les maux qui rongent notre société (stupéfiants, proxénétisme, contrebande, terrorisme), la santé etc.
On devrait également pouvoir disposer des CV et de la photographie de chaque candidat surtout au futur parlement.
Ce document comparatif qui devra recevoir bien entendu l’aval de chaque parti et qui sera mis à la disposition des médias sera très utile pour aider l’électeur à faire son choix car, soyons sérieux, ce ne sont pas les quelques minutes à la TV qui nous donneront une idée précise et complète sur le programme de chaque parti.
Je voudrais enfin dire que plus d’un politicien attendait la position  officielle et définitive de BCE et se préparait à la conduite à suivre.
C’est fait. BCE se présente à la Présidentielle. Peut-être que certains l’y ont poussé en menaçant sa vie. Les uns s’en réjouissent, d’autres non et c’est normal.
Ce que je souhaite, c’est que certains candidats aient le courage, la clairvoyance, le bon sens et le sens des responsabilités et de l’intérêt national pour se retirer et sauver la face s’ils estiment, en leur for intérieur, ne pas être à la hauteur des enjeux politiques et économiques qui se posent.
A mon humble point de vue, l’électeur aurait à choisir entre trois candidats tout au plus. On devrait s’attendre à un candidat d’Ennahdha dont le projet de société est connu et nous en avons eu un avant-goût des plus amers.
 Un second candidat qui défendra un projet de société  nettement à gauche complétement déconnecté de la réalité du siècle, orienté plutôt vers la redistribution des richesses qui nous conduira vers une nouvelle impasse.
 Le troisième  candidat aurait pour objectif principal de consolider notre modèle de société, de rétablir la confiance dans les institutions de l’Etat tout en les réformant, de sauvegarder les libertés, d’établir un plan de lutte crédible contre le terrorisme, d’unir les tunisiens et de redresser notre économie qui sera orientée vers le travail, la production, la productivité et la redistribution des richesses une fois produites.  
Pour les législatives, le constat est amer car il y a  trop de listes alors que les enjeux politiques et économiques  sont clairs ce qui  aurait dû inciter certains partis à opérer des regroupements. Les intérêts personnels ont prévalu et c’est bien dommage.
Que les jours avenir nous réservent d’agréables surprises et nous fassent la démonstration que nos politiciens ne manquent pas de réalisme politique et du sens de l’intérêt national.


mardi 19 août 2014

Pour qui voterais-tu?


Le droit de vote est une affaire strictement personnelle, cela va de soi, mais par les temps qui courent on peut se permettre de réfléchir à voix haute sans prétendre influencer quiconque. La question se pose pour deux raisons.
La première est que l’inscription sur les listes électorales a été fixée au 29 juillet après que l’ISIE ait, par complaisance, cédé au «dialogue national» en acceptant de faire une très courte prorogation d’une semaine.
La seconde, c’est parce que plus d’un citoyen, analphabète ou non, estime, à tort, qu’il a ras le bol des partis politiques jugeant en conséquence, inutile de se faire inscrire et/ou d’aller voter. Les sondages d’opinion confortent cette tendance et il y a donc un risque élevé d’abstentions. C’est bien de se faire inscrire mais une campagne devrait être, d’ores et déjà, enclenchée pour limiter les abstentions.
Imaginez un seul instant que les figures de l’actuelle ANC se retrouvent dans le futur parlement avec un régime d’assemblée qui a prouvé ses limites dans bien des domaines.
Dans ces conditions pour qui voterais-je?
Je voterai pour un parti politique qui fera figurer dans son programme la nécessité d’amender la Constitution pour qu’elle abandonne le régime d’assemblée pour un régime présidentiel soumis bien évidemment à des contrôles et qui juge opportun de rétablir les anciennes armoiries de la République, «ordre, liberté et justice».
Sans ordre, il n’y aura ni liberté, ni justice. Les constituants de 1957 qui avaient pensé à ces armoiries avaient le sens de l’Etat et avaient les pieds sur terre. La Tunisie a besoin d’un pouvoir éclairé fort, très fort même, qui ne souffre pas les atermoiements, vu les problèmes sécuritaires et économiques. Les faits en témoignent. Qu’on ne me dise surtout pas  que je regrette un régime qui a été balayé par la jeunesse de Sidi Bouzid, de Thala, Kasserine et du bassin minier un certain 14 janvier 2011.Certes, toute vérité n’est pas bonne à dire.
Je voterai pour un bloc de partis dont les composantes ont compris qu’ils auront tout à perdre s’ils se présentent seuls. L’intérêt du pays et le réalisme politique commandent qu’on mette de côté les égos, la suffisance intellectuelle et qu’on tire les leçons du passé récent. Se présenter seul pour voir ce qu’on « pèse » est un choix qui cache uniquement une volonté présomptueuse d’accéder au Pouvoir. Plus d’un électeur sanctionnera cette attitude qui fait peu de cas des enjeux politiques et économiques réels,
Je voterai pour ceux qui font la nette distinction entre le politique et le religieux  et ont donc fait un choix clair de ce  que sera notre modèle de société, à savoir une société plurielle, démocratique, ouverte sur la science, les cultures et les civilisations et respectueuse des valeurs, tournée vers le futur et respectueuse de la femme et de la jeunesse, une société où la séparation des pouvoirs existe de fait et où les médias et la justice jouissent de leur autonomie, 
Je voterai pour ceux qui présentent les grandes lignes d’un programme économique crédible qui allie la nécessité et l’urgence de produire plus et mieux puis de répartir sans toucher à l’élan productif en ayant pour objectif l’élimination graduelle et sure des diverses inégalités,
Je voterai pour ceux qui comptent dans leur équipe des hommes intègres, compétents qui ont acquis une expérience managériale et qui ont un réseau international de connaissances utiles au pays,
Je ne voterai pas pour des partis  ayant une base religieuse, qui ne reconnaissent pas les frontières nationales allant jusqu’à diluer le pays dans des regroupements à consonance  surtout religieuse ou qui ont ouvertement troqué notre emblème national contre des fanions importés d’ailleurs ou  encore des partis qui n’ont aucun programme économique solide ou qui vendent des chimères, où ne sont pas encore parvenus à s’adapter aux exigences de notre siècle.

J’ai la ferme conviction que l’électeur finira par trouver cet « oiseau » rare qui participera activement à conduire notre pays vers un avenir beaucoup moins morose. Que Dieu aide notre pays en éclairant ses dirigeants.