C’est le débat houleux du 27
juillet à l’ARP qui rend mal à l’aise ce qui m’a poussé à écrire cet article.
L’ARP a curieusement bien
travaillé ces deux derniers mois qui ont vu pas mal de projets de loi votés. Il
y avait un retard à rattraper pour justifier le départ en vacances comme si le
pays a besoin de vacances.
La loi relative à la
violence contre les femmes nous a révélé la collaboration de tous les députés
de ce texte important et avant gardiste.
Les débats relatifs à
l’amendement du règlement intérieur ont largement atténué les reproches qu’on
pouvait faire au sujet de la lenteur des travaux et des absences des députés et
ce au vu des nombreuses propositions d’amendement relatives aux commissions, aux conditions de
travail des députés, aux interventions des députés en séance plénière ou en
commission, aux visites sur le terrain, aux absences justifiées ou non, aux interpellations des ministres et
du chef du Gouvernement et j’en passe.
J’ose espérer que le nouveau règlement intérieur
donnera au temps sa valeur, introduira plus de souplesse et d’efficacité sans peser
outre mesure sur le temps de l’exécutif et prévoira des sanctions à l’encontre
des absences notoires et non justifiées de quelques députés.
Le débat du 27 juillet sur
le projet de loi relatif à la ratification d’une convention d’emprunt de 500
millions d’Euros auprès de l’Union européenne a été des plus houleux et a été
émaillé par les interventions très
virulentes d’une certaine opposition. Elle n’a pas ménagé le ministre des
Finances par intérim qui était absent et
sur qui on a tiré à boulets rouges sans justification et avec des appréciations
inacceptables.
Quelqu’un
avait commencé par montrer une image sur son portable qui montrait le
ministre en train d’accorder une interview à une radio locale alors que cette
importante convention d’emprunt était en discussion à l’ARP.
Le président de séance a fini par demander au ministre de
se présenter. Il s’est avéré ensuite que ce ministre était venu à l’ARP à
l’heure convenue le matin, mais comme la séance a été reportée, il a quitté les
lieux pour présider la commission tuniso-saoudienne qui ne s’est pas réunie
depuis plusieurs années!
J’ai tremblé à l’idée que la
convention d’emprunt auprès de l’Union
européenne de 500 millions d’Euros ne soit pas ratifiée, mais le Ministre a
bien fait de leur dire que le compte du Trésor est au rouge et que sans les 200
millions d’Euros qui seront versés immédiatement, l’Etat n’aura pas de quoi
payer les salaires et les pensions d’aout et de septembre !le reliquat de
400 millions sera versé une fois certaines conditions remplies par la partie tunisienne.
Ce coup de semonce a remis les pendules à
l’heure et la convention a été finalement ratifiée avec 118 voix sur 139 !
Comment peut-on admettre
qu’un ministre soit trainé dans la boue alors qu’il aurait suffi de faire sa
petite enquête pour savoir que cette absence ne lui est pas imputable ? Qui
pourrait accepter dorénavant le poste de ministre ?
Ne peut-on pas nous
dispenser de pareils incidents qui portent préjudice à l’ARP et au pays ?
Cet incident révèle le
piteux état de nos finances publiques et donc de notre économie.
Depuis le 14 janvier 2011,
notre pays donne l’impression qu’il fait du surplace surtout en matière
économique.
Le constat amer est là. La
perte de temps est manifeste.
L’investissement n’a pas encore repris de
manière significative de manière à réduire le nombre des chômeurs dont les heureux nantis d’un diplôme universitaire continuent à être rétribuer à 400 dinars par
mois si jamais ils trouvent un emploi et
de surcroit précaire. C’est insoutenable pour l’universitaire et sa famille.
L’Etat se démène mais les faits sont têtus.
Nos enfants bardés de leurs diplômes quittent
leur pays natal que d’autres cueillent comme un fruit mûr pour développer leurs
économies. A ce jeu, les Etats étrangers qui dispensent, parcimonieusement,
leurs aides gagnent largement au change et ont le « culot » d’exiger
une catégorie de profils ( les ingénieurs, les médecins, les meilleures crues…)
Sur le plan de la démocratie,
Kasba 1 et Kasba 2 nous ont donné une assemblée constituante qui a mis deux ans
à mettre sur le papier, au forceps, une nouvelle constitution et un régime
politique mi-figue, mi-raisin, qui dans les faits a montré que le pays est
difficilement gouvernable et que si ce régime était maintenu, il assurerait
difficilement la pérennité de l’Etat.
Actuellement, il ne tient qu’à la politique du
consensus assez contestée et dont les initiateurs sont des personnes âgées qui
ne sont pas éternels.
La Tunisie est un véritable
chantier béant. Il suffit de gratter. Tout doit être revu et corrigé. Hélas, le
temps presse mais l’économie n’attend pas.
Si l’investissement ne
reprend pas c’est que l’environnement ne s’y prête pas. L’investisseur local et
étranger a encore peur mis à part certains.
Il faudrait que le cadre juridique qui assure
une justice équitable soit renforcé. Il faudrait que l’Administration bouge et
gagne la bataille du numérique. Il faudrait que le citoyen et l’entreprise
paient leurs impôts pourvu qu’ils soient justes.il faudrait que la bataille
contre la corruption soit gagnée. En un mot, il faudrait que la confiance
revienne.
Il faudrait aussi que le
chef du Gouvernement pense à revoir la
structure de son staff non en fonction des pressions partisanes ou des CV mais
en fonction des programmes concrets que
lui présenteraient ses ministres en poste ou nouveaux.
L’Etat est au four et au
moulin comme on a coutume de le dire. La lutte contre le terrorisme coûte cher
et ampute le budget de sommes faramineuses. L’instabilité en Libye
ne favorise pas nos exportations et ne favorise guère les flux
touristiques et de santé. Nos entreprises
cumulent des stocks qu’elles n’arrivent pas à écouler telle que ceux de la CPG et du groupe chimique nous
dit-on. Les revendications légitimes des populations concernant le droit à un environnement
sain viennent grever leur budget.
A cela s’ajoute les revendications salariales quoique
légitime mais qui ne peuvent coexister avec un chômage
incompressible.
Que peut faire l’Etat et peu
importe celui qui aspire à être prématurément à sa tête ?
On lui demande d’avoir un plan d’actions, des
idées claires, des mesures concrètes, des échéances, un nouveau modèle de
développement. Cela est exigible dans un Etat où règnent la Paix, la sécurité,
la paix sociale, la concorde et l’esprit
de sacrifice et non la politique de « chacun pour soi et Dieu pour
tous ».
Tous les Etats sont disposés
à nous aider. Toutes les institutions financières internationales manifestent
concrètement leur intérêt pour notre pays en y déversant des sommes conséquentes.
Mais il
y a là une limite si de notre côté nous ne faisons rien et que de surcroit nous
tirons à boulets rouges sur des organismes auprès desquels nous nous sommes
adressés, de notre plein gré, pour obtenir des financements nécessaires à notre
survie.
Dans cette ARP je n’ai pas
entendu notre opposition appeler ce peuple au travail bien fait.
Dans notre pays je n’ai pas
vu une organisation syndicale enfourcher le cheval du travail, de la
productivité, de la formation professionnelle, de la mobilité dans le travail
et de la croissance.
Dans notre écrasante
majorité, nous vivons au-dessus de nos moyens
et la volonté du sacrifice est quasi absente lorsqu’on touche certaines
catégories sociales.
Sans ce changement, l’Etat
ne pourra que procéder à des fuites en avant, à des replâtrages comportant
essentiellement la recherche de financements pour boucler un budget de l’Etat à
l’état exponentiel.
Tunisiens, de grâce,reveillez-vous,
parlez moins, travaillez plus et mieux, payez vos dettes et vos impôts, unissez
vos efforts, abandonnez les idéologies désuètes
car notre Etat n’arrive plus aujourd’hui à régler même ses dépenses courantes !!!
De quoi demain sera-t-il
fait ?j’ai vraiment peur.
Tunis, le 27 juillet 2017