lundi 11 novembre 2013

On commence à perdre patience



 Article publié le 10 nov 2013 dans Leaders.com.tn

Le « quartet »  s’est bien acquitté de sa noble mission de réunir enfin,autour de la même table, après d’âpres et de longues discussions, 21 partis politiques décidés, après une longue  et grave crise politique, à convenir, par concertation, de la manière d’en sortir, à peu de frais.

Plus d’un s’attendait, après l’acceptation de la feuille de route établie dans ce cadre par le « quartet » contraignant les « frères ennemis » à respecter certains délais, que le bon sens et l’intérêt national prévaudra et que le pays allait enfin respirer.

Il semble que cette acceptation de la feuille de route n’ait été faite, par certains, que du bout des lèvres et qu’il y a eu même des partis qui ont préféré rester, à dessein, en dehors du processus.

Les uns et les autres, chacun à sa façon, ont tenu à le torpiller de l’intérieur pour Ennahdha et Ettakatol et de l’extérieur pour le CPR.

Ils ont été aidés, dans leur tâche destructrice, par d’autres partis tels que le parti wafa, quelques « indépendants » et, curieusement, El Joumhouri qui a osé, pour une raison que nous devrions établir, se démarquer  de la position du front du salut.

Les uns ont défendu l’indéfendable en tenant à ce que le prochain chef du Gouvernement soit un octogénaire, que nous respectons par ailleurs, alors que le pays foisonne de jeunes compétences pleines d’énergie. Ils ont  même menacé de recourir à l’ANC pour imposer leur candidat, balayant d’un revers de main les règles du consensus.

Les autres ont fait, en parallèle, le ménage à l’ANC en amendant, à leur façon, des articles du règlement intérieur sans rapport avec la nécessité d’activer le vote du projet de constitution prôné par le « Quartet » mettant définitivement ainsi sous leur coupe l’ANC.

Tous les détracteurs du processus mis en place, avec grand peine, par le « Quartet » semblent avoir uni leurs efforts pour défendre une « légitimité électorale » érodée par le temps. Nous revoilà revenus à la même case de départ.

Les amendements votés en force l’ont été par 109 voix dont probablement les 90 d’Ennahdha qui sont connus pour leur assiduité.

Ennahdha et le CPR principalement, semblent être les ardents défenseurs du maintien de l’ANC et des pouvoirs exorbitants dont elle dispose ignorant délibérément le rapport actuel des forces politiques.

 L’opposition réduite à une cinquante de députés ne pourra rien contre ce raz de marée d’autant plus qu’elle ne pourra pas compter sur les voix de ceux qui brillent par leur absence( 217-109 environ) alors que le pays croule.
Certes, le « Quartet » s’engage à modifier les règles du jeu pour désigner le futur chef de Gouvernement, mais ce n’est pas l’essentiel. L’essentiel est à faire au niveau de l’ANC.

Ou l’ANC disparait par une baguette magique ou c’est à Ennahdha, parti majoritaire, de se résoudre par un moyen ou un autre, à revenir à une position réaliste.

Une loi initiée par l’opposition et ayant l’appui d’Ennahdha devra légitimer le processus engagé par le « Quartet » et en accepter toutes les conséquences, pour mettre un frein à tout éventuel processus de blocage.

Sans cette loi, peine perdue, les efforts du « Quartet » seraient réduits à néant.

En attendant, plutôt que  de recommencer par proposer une nouvelle liste de candidats, il y aurait lieu de procéder inversement, en arrêtant d’un commun accord avec les partis politiques un programme sécuritaire et économique comportant des actions à court et à moyen terme, à exécuter par le prochain Gouvernement.
Les candidats à la Présidence du Gouvernement et les compétences bénévoles devraient participer à son élaboration.

Une fois le programme, ou du moins, ses grands axes définis, et publié, c’est au « Quartet » d’ouvrir la voie aux candidatures au poste de Chef de Gouvernement.

Il faudrait que les personnes intéressées acceptent cette mission difficile et ne soient pas désignées à leur insu.Les candidats à ce poste devraient, au préalable, accompagner leur candidature par la structure du Gouvernement et la liste de leurs futurs collaborateurs.

Dans une seconde étape le « Quartet » et les partis politiques pourront, à mon sens, s’entendre moins difficilement sur le choix de la personne.

Pendant tout ce temps perdu, l’économie peine à se redresser, mais certains partis politiques ne semblent pas s’en préoccuper outre mesure.
Il faut noter que les sondages révèlent un nombre très important de personnes n’ayant pas encore choisi la personnalité à élire. Selon les sondages, environ 50% de la base électorale s’abstiendraient ou n’iraient pas voter !

Aux politiciens je dis que vos tergiversations, vos calculs politiques, vos querelles d’égo ne feront qu’accentuer cette tendance et ne feront qu’attiser l’impatience de plus d’un tunisien à voir le bout du tunnel.

Vous devez savoir qu’une bonne partie de ce peuple vous suit et vous juge et commence à perdre patience. Ressaisissez-vous  !
Mokhtar El Khlifi

dimanche 10 novembre 2013

Le Gouvernement transitoire: quelques conseils pour réussir




 Article publié dans Leaders.com le 2013-10-29
     

       
Peut-être que le choix du futur chef du Gouvernement transitoire est déjà fait.

J’ose espérer que ce choix réponde à l’attente de la majorité des citoyens, des organisations nationales, des partis politiques et de nos partenaires étrangers.

C’est vrai que ce nouveau gouvernement doit avoir une large assise politique, mais il doit nécessairement emporter l’adhésion des entrepreneurs, des économistes locaux et étrangers pour provoquer le choc psychologique.

Il ne faudrait pas aussi perdre de vue une nécessaire continuité en matière d’étude des dossiers brûlants et la  mise à contribution, sans ostracisme, de toutes les compétences en matière politique, administrative et surtout économique.

Ma suggestion est que le nouveau chef du Gouvernement crée immédiatement un conseil politique, économique et social restreint.

Ce sera un organe consultatif dont l’activité des membres ne sera pas rétribuée.

Ce Conseil comprendra notamment, Monsieur Mestiri  Moalla, Ennaceur, les jeunes ministres de Caid Essebssi (Slim Chaker…) et certains ministres du Gouvernement Larayedh (Saidi, Besbes, Doghri …) des économistes, des fiscalistes, les experts comptables qui se sont manifestés dans les journaux et les plateaux de télévision (les Guen, Jaidene , Joudi, Labidi, Ben Romdhane, Radhi Meddeb, Guellaty, Walid bel Haj Amor…), des banquiers ( A. Frej…), sans oublier des hommes de culture (Jaidi, Amari)

Oui, je doute fort que des personnes âgées soient en mesure de soutenir un rythme de travail effréné, de multiples contacts sur le terrain et des voyages à l’étranger.

A cet âge, on peut avoir sa prostate, ses vaisseaux ou ses rhumatismes et que sais-je encore !
Les personnes âgées pressenties devraient avoir le courage et l’honnêteté de décliner les offres qui pourraient leur être faites.

C’est un grand service qu’ils rendraient au pays qui a besoin d’énergies nouvelles compétentes ouvertes sur le monde extérieur en perpétuelle évolution.

Je pense que les Nabli, Jelloul Ayed, Elyes Jouini  et bien d’autres pourraient conduire ce nouveau Gouvernement. Encore faudrait-il, bien entendu, que l’un d’eux accepte cette lourde charge.

Ma seconde suggestion a trait à la nécessité de faire des regroupements de Ministères avec des ministres secondés par de bons secrétaires d’Etat.

Les exemples qui me viennent à l’esprit sont ceux de la Défense et de l’Intérieur qui devraient être confiés à Monsieur Zbidi  qui n’aura pas à recevoir d’instructions de la part de la Présidence de la République.

Le second exemple est celui de l’économie, des Finances  du Commerce et de l’Industrie qui devraient être conduit par un seul ministre.

Quant à la Banque Centrale, Monsieur Chédli Ayari pourrait bien être reconduit dans ses fonctions.
Un dernier mot. Tous les partis politiques, les organisations nationales, l’ANC et la société civile devraient soutenir ce nouveau Gouvernement et lui donner toutes  ses chances.

Quant à ceux  dont les noms n’auraient pas été retenus, soit à la tête de ce Gouvernement, soit au sein du Conseil économique, politique et social, ils ne devraient pas lésiner sur le concours qu’ils devraient apporter à ce Gouvernement.

Avec ce Gouvernement et cet état d’esprit, notre pays entamera sa sortie de l’ornière et mettra le cap sur un développement véritable  au profit de tous.

Vaincre le terrorisme




Article publié dans Leaders.com le 2013-10-26
  
  

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We can.

Oui, nous pouvons vaincre le terrorisme mais à certaines conditions.

 A mon avis, ce terrible fléau s’ajoute à ce que nous endurons, sur le plan politique et économique. Ce grave problème qui menace la vie de chacun de nous, sans distinction d’âge et de sexe, commence à frapper et le sang de nos soldats et de nos agents de sécurité a commencé de couler.

Sa solution dépend de la conjugaison des efforts de tous, sans distinction. Tout le monde est concerné.
D’abord, le citoyen est appelé à être plus vigilant et prompt à porter à la connaissance des services de sécurité tout ce qui lui parait douteux qu’il s’agisse de personnes ou d’objets. Ce n’est pas de la délation, mais un acte citoyen. Certes, Il pourrait y avoir de fausses dénonciations, mais c’est aux services de sécurité de faire le tri et de ne pas tomber dans des guets-apens.

L’Etat doit avoir une ferme volonté de juguler ce phénomène, c’est là une condition essentielle. A cet égard, il devra améliorer le cadre d’action des services de sécurité en collaboration avec ceux de l’armée et leur fournir les moyens, de divers ordres.

Une cellule de crise réunie en permanence et regroupant les représentants de l’armée et des services de sécurité conduira les opérations sous les ordres du Ministre de l’intérieur et celui de la Défense Nationale. Cette cellule s’appuiera sur des études sur les réseaux extrémistes et le renseignement local et étranger.

Comme le terrorisme ne connait pas de frontières, il est essentiel qu’il y ait une collaboration avec les pays frères et amis qui ont acquis de l’expérience dans ce domaine. Le terrorisme à connotation islamiste a visé les pays africains, tel que la Libye, le Mali, le Niger, le Nigéria, l’Egypte, le  Soudan, la Somalie et bien d’autres pays.il vise, en particulier, à étendre son emprise sur le Maghreb arabe conforté à partir de la base qu’il a fondé en Libye où il trouve tous les types d’armements et toute la liberté d’action vu la déliquescence de l’Etat  libyen.
La coalition arabo occidentale a chassé le dictateur libyen mais n’a pas achevé sa mission en détruisant, ou en mettant au moins à l’abri, l’armement laissé par Kaddafi.

Il se trouve que la Libye est notre voisin et celui de l’Algérie et du Niger. Une alliance militaire anti-terroriste devrait pouvoir naître, au moins, entre ces trois pays pour circonscrire le danger libyen.

 Le rôle des satellites, des drones et des armées sur les frontières terriennes et maritimes devrait annihiler tout mouvement de troupes et d’armes et offrir ainsi la possibilité aux armées  nationales d’éradiquer, petit à petit, ce phénomène sur leurs sols.

L’appui des USA pourrait nous être utile.

Parallèlement, une action  culturelle et sociale devrait être engagée pour dissuader nos jeunes d’adhérer à ces mouvements terroristes.

L’enseignement doit être reformulé pour donner des têtes bien faites et pas seulement  bien pleines et éligibles au marché du travail.

Mais aussi, il faudrait, d’ores et déjà, lancer avec les pays maghrébins une  chaine satellitaire qui dispenserait un discours religieux modéré, tolérant  et conforme  à celui prôné par nos cheikhs de la Zitouna.

Elle réapprendra  à nos jeunes, et à nos moins jeunes, l’histoire de notre civilisation arabo-islamique et les perversions qui les ont entaché. Cette chaine abritera des débats contradictoires avec nos détracteurs de tous bords. Profitons, à ce titre, pendant qu’il est temps, de l’existence de nos penseurs à qui nous souhaitons longue vie, pour diriger ces débats,  éclairer notre lanterne et combler le déficit culturel de type religieux en allant aux sources véritables .

Il va sans dire qu’une véritable action de développement économique devra être engagée et cibler des taux de croissance économique à plus de 7% pour résorber le chômage et donner  à nos jeunes le goût du travail et de l’entreprise qui les éloignera à jamais des discours extrémistes.

Ces actions pluridisciplinaires nécessiteront des ressources et un know how que les pays occidentaux  seront prêts à nous fournir pour consolider notre démocratie naissante.

J’ose espérer que l’engagement du dialogue politique national sous l’égide du quartet contribuera à rétablir le calme et permettra d’achever en douceur cette phase transitoire qui a trop duré.

Appel à si El Béji & à si Ghannouchi




Article publié dans Leaders.com le 2013-09-08

Le pays traverse une situation des plus difficile surtout sur le plan sécuritaire, économique et social et nos politiciens tardent à trouver une solution pour sortir le pays de la crise.

La méfiance est réciproque et l’intérêt du pays passe, pour le moment, après les intérêts partisans.
 Face à l’échec des pourparlers indirects effectués sous l’égide de la société civile avec à sa tête, notamment l’UGTT et l’UTICA, il y a un risque que la rue, devenue incontrôlable par le fait de certains, dépasse les politiciens et le pays sombrera alors dans des luttes fratricides.

Ce serait alors trop tard.

La solution, avant ce désastre proche, est pourtant à portée de mains pourvu que la volonté politique de toutes les parties existe.

Le miracle tunisien n’est pas un rêve mais il peut devenir une réalité tangible tant que la volonté politique anime nos deux « vieux »,  Béji Caid Essebssi et Rached Ghannouchi.

En effet, c’est à ces deux hommes qu’il appartient de s’entendre sur une sortie de crise et de convaincre leurs collaborateurs récalcitrants, leurs alliés et leurs bases respectives, du bien-fondé de leur plan de sortie de crise, plan qui transcende les intérêts partisans.

Nous connaissons, à peu près, la position des uns et des autres et qui, à ce jour, ne sont pas encore parvenus à s’entendre.

Les uns défendent encore, becs et ongles, une « légitimité » que l’autre partie considère obsolète. Les uns veulent « balayer » l’équipe au Pouvoir, alors que celle-ci  leur dénie toute compétence à trouver une solution de rechange qui préserve la poursuite du processus démocratique.

Pendant tout ce temps, le pays glisse, irrésistiblement, sur une pente dangereuse.

Je suggère que les deux « vieux » soient à l’origine d’un plan qui sauve la face à tout le monde et sécurise le processus démocratique.

Ce plan, à prendre en bloc, pourrait s’articuler autour des points suivants :

- Mise en place d’un organe politique représentatif des organisations nationales (UGTT, UTICA et si possible les organisations nouvellement créées) ainsi que les  partis politiques, ou du moins, les principaux d’entre eux.
Cet organe politique est destiné à tenir compte du paysage politique actuel. Il aura la mission de définir le cadre général de la politique à suivre par le Gouvernement et de suivre l’activité  de l’ANC jusqu’aux prochaines élections.
- Reconduire le Chef de Gouvernement actuel (ou une autre personnalité choisie par Ennahdha) à la tête du Gouvernement.
- Recomposer l’équipe ministérielle de fond en comble en y nommant des personnalités choisies en dehors des partis politiques et connues pour leur compétence professionnelle et agrées par l’organe politique nouvellement crée.
Il devra être mis fin à la mission de tous les conseillers.  Cette équipe devra être des plus restreintes,  ce qui suppose que certains ministères seront  nécessairement regroupés (Finances, économie, industrie, commerce) pour faciliter la prise de décision.
 
- Le Gouvernement pourra s’appuyer sur le « Conseil d’analyse économique » nouvellement crée tout en élargissant sa composition à Messieurs Saidi, Besbès et Dimassi, Guen, Jaidene, Joudi, Ben Romdhane  et quelques autres  personnalités.
Ce Conseil aura la charge de faire un état précis des lieux en se fondant sur des chiffres incontestables. Il aura à définir des scénarios de politique économique, financière, fiscale et monétaire  à suivre tant dans l’immédiat qu’à moyen terme .Pour devenir effective cette politique à présenter par le Chef du Gouvernement  sera soumise à l’approbation de l’organe politique précité à mettre en place.
- L’ANC continuera, avec l’ensemble de ses membres, son activité jusqu’aux prochaines élections. Néanmoins, la « petite constitution » devra être amendée au préalable sur certains points. Une liste de ses attributions devra être définie. Cette liste comportera :
  • La rédaction et le vote du projet de constitution qui devra intégrer certains amendements réclamés par l’opposition et recevoir un toilettage de la part d’une large commission d’experts constitutionnalistes. La « petite constitution » intégrera la séparation des Pouvoirs prévue par le nouveau projet de Constitution et les attributions nouvelles du Président de la République.
  • La finalisation de la constitution de l’ISIE bis.
  • Le vote de la loi électorale à préparer par une commission d’experts laquelle devra recueillir l’accord de l’organe politique nouvellement crée.
  •  Le vote de la Loi de Finances 2014.
  • La ratification des conventions.
  • Les textes à caractère économique et financier en souffrance.
  • La loi relative à la justice transitionnelle.
- Parmi les  mesures urgentes que devra prendre le nouveau Gouvernement figurera la dissolution administrative et /ou juridique des LPR anciennes et nouvellement crées et le réexamen des nominations effectuées au sein de l’Administration, des collectivités publiques régionales et locales et des sociétés nationales et  des établissements financiers.

- Dans ce Plan, je ne cache pas qu’il aurait lieu de donner suite à la proposition de si Ghannouchi  d’opérer un changement à la tête de la Présidence de la République.

Ce plan a le mérite, à mon humble avis, de  prendre en compte les doléances des diverses parties. Il permet d’assurer la continuité et répond aux attentes des députés qui ont suspendu leur activité de l’ANC.
Il permettra surtout aux investisseurs locaux et étrangers d’avoir une idée exacte sur les orientations politiques et économiques du pays.

J’ose espérer que cette suggestion soit portée à la connaissance de nos deux « vieux » qui, malheureusement, n’accèdent pas directement aux journaux électroniques.
Enfin, j’ajouterai, que la Tunisie compte heureusement ces deux « vieux » dont la Tunisie a tant besoin plus que jamais dans  ces circonstances difficiles.