dimanche 8 octobre 2017

Le baiser de Gammarth


Un ressortissant franço/algérien, ne parlons pas un mot d’arabe, quitte la France où il travaille pour rencontrer, à Tunis, une  tunisienne qu’il connaitrait  pour passer le week-end avec elle. Après avoir bu de la bière ensemble, ils prennent, en voiture, le chemin de la côte pour s’échanger des baisers, nous a-t-on dit, dans leur véhicule.
La police, en tournée, les prend, vendredi soir, à une heure très tardive, en flagrant délit. Ils sont conduits au poste de police puis remis en liberté. Mais, retournement de  la situation, lorsqu’ils  exigent, avant de quitter le poste de police, le nom des agents qui les ont pris en flagrant délit, Ils sont  alors arrêtés et rapidement traduits  samedi en justice qui les a condamnés, en première instance, à la prison ferme.
Leur avocat, un certain Mre Mrabet,  a glissé un post dans facebook pour soutenir ses deux clients. Tous les commentaires sont en faveur de ces deux personnes.
 Curieusement, même Mr Lotfi Laamari et tous ses invités sur Cap FM ce Dimanche et Si Zied Krichen sur Mosaique FM soutiennent les deux jeunes gens. Les droits de l’homme, la constitution, les failles de procédure, sont invoqués à l’appui. Mais pas un mot émanant de l’autre partie.
Oui, les échos de cette triste affaire n’ont émané que de l’avocat mais personne n’a jugé utile d’entendre le point de vue de la Police pour savoir l’autre son de cloche.
 Que faisaient-ils à cette heure tardive seuls  dans une voiture ? Que leur ont reproché les agents de Police et que leur ont-ils répondu ? Que s’est-il passé au Poste de Police et sur quel ton ils ont demandé les noms des agents et à quels fins ?
Si la justice, les  a condamnés, elle avait ses raisons et on ne peut mettre en doute le verdict prononcé. Peut-être à l’appel le verdict sera modifié.
Est-il besoin de rappeler que, le Ministre de l’intérieur vient, il y a quelques jours, de mobiliser 50000 agents environ, pour venir à bout de tous les débordements que vit le pays et qui nous inquiète de plus en plus… Drogue, braquage, vols, viols, violences, terrorisme. Nous avons applaudi à cette mobilisation et voilà que lorsque  des agents de police exécutent les instructions qu’on leur a données, on met en doute leur façon de faire, au nom de la défense  de l’irrespect des droits de l’homme. Peut-être.
Ce qui m’inquiète le plus, c’est la tournure prise par cet incident qui révèle que nous sommes un pays déboussolé et qui n’a plus de repères.
Jeunes, nous avons appris, dans nos familles et à l’école, certaines valeurs dont la pudeur. Il y a donc des faits, des paroles et des gestes que la majorité de notre société répugne à faire et qui sont actuellement permises.
 S’étreindre dans des embrassades, ou même plus, dans la rue à une heure tardive de la nuit est quelque chose de moralement répréhensible, n’en déplaise à certains.
 Si Boubaker Akacha  a bien voulu le faire comprendre à Zied Krichen qui n’a voulu rien entendre toujours au nom des droits de l’homme auxquels le pays a souscrits.
Bientôt, sous la pression des lobbies, défenseurs acharnés d’un laïcisme extrême, nous verrons défiler, par exemple, dans nos rues des hommes  et des femmes nues comme en Espagne, ou verrons-nous deux hommes mariés représentés, par exemple, l’Etat tunisien auprès de Si Macron. C’est le comble. Les lobbies et ceux qui sont derrière les défendront mais la société arabo musulmane les rejettera. Si on pourrait voir de ces scènes sur nos écrans ce n’est pas une raison d’en faire autant dans nos rues. Et pendant que nous y sommes pourquoi ne laisser passer ces scènes de violence et de dépravation que tard dans la nuit ?
A si Zied Krichen et à Si Laamari, je leur dis, imaginez un seul instant que dans la voiture de Gammarth, il y avait votre fille et que la Police vous ait téléphoné, en pleine nuit, à ce sujet, dans quelle situation seriez-vous vous et vos femmes ?j’aimerais bien le  savoir.
Des lobbies exercent leur pression sur les Pouvoirs publics pour un alignement de nos valeurs sur celles de l’occident. Il conditionne même son aide à cet alignement graduel.
 N’avons-nous pas nos propres valeurs arabo-islamiques ?
 Est-ce une raison de les abandonner pour nous mettre au niveau de ces valeurs dites universelles et qui ne sont que celles de l’Occident qui nous les impose à doses homéopathiques. Figurez-vous que j’ai entendu une conseillère de la Présidence les défendre.
Sommes-nous un peuple sans histoire, sans racine profonde ou refusons-nous l’empreinte islamique  pour nous en tenir aux autres civilisations qui ont traversé notre pays ?
Qu’on ne me dise surtout pas que je veux vivre  1400 ans en arrière ou que je sois un défenseur de l’obscurantisme ou encore que j’adhère à Ennahdha ou à un parti similaire.
 Je n’appartiens à aucun parti et j’ai même voté pour BCE sans adhérer à son parti ce que je ne ferai plus de mon vivant.
Ce que je dis c’est que cet incident, en apparence anodin et qui a caché les problèmes posés par les lois de Finances (2017 non encore clôturée et 2018)  révèle que notre pays est à la croisée des chemins. C’est pourquoi, je pousse un cri d’alarme car je me vois entrainer dans un courant qui va détacher nos enfants de leur racine. Tout ce que nous  leur avons  appris, à la maison et à l’école, va tomber à l’eau sous la pression de ces lobbies.
Dans notre pays, nous ne sommes plus à l’aise. Nous sommes tiraillés par des courants .Notre société est fragmentée.
Oui Il y a ces laïques extrémistes surtout de gauche d’un côté et ces obscurantistes de l’autre. Entre les deux il y a une majorité qui se bat entre ces deux extrêmes. Des musulmans  attachés à leurs traditions tout en restant ouverts aux évolutions raisonnées et non à des impulsions du moment ne sont à l’aise sur le devenir religieux de leur pays.
J’adresse un appel aux autorités pour que le devenir de cette société fasse l’objet d’une étude profonde pour déterminer les valeurs qui figureront dans  l’enseignement à dispenser à nos enfants. A cette étude participeront toutes les composantes de notre société et les propositions qui en résulteront seront soumises à la ratification du peuple.
Nous saurons alors si avec ce respect des droits de l’homme nous allons ou pas vers un modèle de société  de libertinage, de libération des instincts animaliers, sans contrainte aucune, ou vers une société équilibrée, fidèle à ses valeurs, ouverte  au progrès et non répressive.
Dans un cas comme dans l’autre les textes législatifs et réglementaires devront être adaptés au modèle de société choisie.

L’Iran, le japon et bien d’autres pays tiennent à leurs propres valeurs. Pourquoi serions-nous les seuls  à les abandonner ?
08/10/2017
Mokhtar el khlifi