samedi 31 janvier 2015

Profondément déçu

27 /01/2015

Je n’appartiens à aucun parti et j’ai voté pour Nidaa et BCE. J’ai voté pour que notre modèle de société tel que nous l’ont légué nos aïeux demeure le même et sans fioriture wahabiste, ikhwaniste ou autre. J’ai voté pour le programme de ce parti. C’est mon affaire.
Aujourd’hui , au stade où vont les choses, des doutes me traversent l’esprit et si on me demandait de voter à nouveau, je voterai blanc.
Mais, Je crois que je ne suis pas le seul.
D’abord, Nidaa nous a imposé un chef de Gouvernement, sans aucune explication. Mis devant le fait accompli, nous avons entériné ce choix. Mais, personnellement, et c’est mon droit, j’aurais préféré quelqu’un d’autre, un autre profil, soit de Nidaa, soit de l’extérieur de Nidaa.
 Certes, il devrait travailler en harmonie avec BCE, mais j’aurais préféré qu’il ait une expérience de Gouvernement, une maîtrise des dossiers économiques et financiers et une auréole internationale.
Je ne vous cache pas que j’ai pensé à MKN. C’est l’homme de la situation.
Ensuite, voilà un bon bout de temps qu’on n’est pas encore arrivé à former une équipe appelée à gouverner. L’équipe esquissée, malgré tout le respect que nous devons à toutes ses composantes, ne donne pas l’impression qu’elle tirera le pays du marasme dans lequel il se trouve.
Dites-moi, en votre âme et conscience, si vous êtes satisfaits des profils placés dans certains départements plus qu’essentiels, tels que les Finances & l’économie, la Défense, l’intérieur, la santé publique etc
Pourquoi ne pas avoir pensé à reconduire certaines têtes du Gouvernement Jomaa ?
 La continuité aurait commandé que Mr Ben Hammouda,  qui fait bonne équipe avec l’actuel Gouverneur de la BCT, soit reconduit dans ses fonctions.
A l’heure où j’écris, il est en train de convaincre les bailleurs de fonds à souscrire à un emprunt important, sans garantie des USA ou du Japon. Le retard dans la formation du Gouvernement pourrait  avoir des répercussions sur le montant et /ou le taux.
En apparence, les tractations donnent l’impression qu’elles ont donné  un Gouvernement atone qui ne laisse pas transparaître la nette volonté de changement.  Il a voulu satisfaire, tel ou tel parti, perdant de vue sa mission qui est de sortir le pays de l’impasse.
Parmi les erreurs figure, en bonne place, la démarche suivie pour recueillir l’adhésion des partis politiques et des organisations nationales (UTICA & UGTT).
Si on avait une vue précise des objectifs et du cadre économique ainsi que des réalisations à court et à moyen terme, on aurait commencé par passer en revue et très rapidement, avec toutes ces entités ces deux aspects.
Optons-nous pour une économie de marché sans contrôle,  une économie avec une intervention importante de l’Etat dans bien des secteurs ou vers un panachage des deux ?
Quelles solutions devrions-nous adopté pour certains dossiers épineux, tels que celui de l’endettement croissant de l’Etat, de la situation précaire de la CPG, des caisses de sécurité sociale, des entreprises déficitaires en quête d’argent frais, des banques traînant de lourds impayés qui limitent leur action d’investissement, de la CGC et ses éventuelles répercussions sociales, des grands équilibres macro-économiques, de la réforme fiscale,  du code des investissements, du secteur hôtelier qui ploie sous une dette bancaire importante, du commerce parallèle, de la justice, de la Douane, de l’enseignement, des revendications salariales, de la politique sécuritaire, des réformes de l’enseignement  et j’en passe ?
Les discussions permettraient d’aboutir à un consensus sur de grandes lignes, ou à défaut, permettraient d’identifier les parties avec lesquelles il n’est pas possible de s’entendre.
Le préposé à la Direction du Gouvernement rédigera alors sa feuille de route qui sera paraphée par les partis qui y adhérent sans réserve et prendra la liberté de placer l’homme qu’il faut à la place qu’il faut qu’il appartienne ou non à un parti politique.
En effet, si autour des grandes lignes  du programme à réaliser, arrêté en commun, il y a un consensus, le choix des personnes pour l’exécuter relève de la compétence exclusive du Chef du Gouvernement sans interférence, ni des partis politiques, ni de la Présidence de La République. Le vote dans ce cas est acquis à l’ANRP.
A ces discussions suivront, bien entendu, des instructions pour mettre au point un Plan de développement économique et social grâce à nos cadres et à nos nombreux experts.
 Il va de soi qu’une fois formé, le Chef de Gouvernement informera les intéressés par ces postes ( pour prévenir des démissions intempestives !), puis les partis politiques  pour susciter d’éventuelles objections de taille tenant à la compétence et à la moralité des personnes choisies avant de  présenter son esquisse au Président de la République, puis aux médias.
A l’heure actuelle, je m’interroge sur l’attitude que prendrait un responsable politique qui a choisi de ne  pas soutenir le Gouvernement à l’ANRP.
 S’il s’abstiendrait de voter ou voterait contre et qu’il s’en tiendrait là, ce n’est pas grave, car même avec une courte majorité, les textes législatifs finiront par passer.

Mais, cela devient grave, si, derrière ce refus, se profile  une volonté d’entreprendre, sur le terrain, une action politique pour contrecarrer ou bloquer l’action d’un gouvernement approuvé par la majorité des élus. Si des partis jouent à ce jeu-là, c’est la preuve de leur immaturité et de leur irresponsabilité politiques.
Donc, en modifiant la procédure du choix de l’équipe appelée à diriger, on pourrait, en effet, éviter ce risque ou tout au moins  le minimiser.
Critiquer l’action du Gouvernement est une chose. Le bloquer dans son action directement ou par le biais des organisations nationales pouvant inclure des tendances acquises à certains partis, cela pourrait nous conduire vers des lendemains peu réjouissants et retarder la reprise économique.
Souhaitons que dans les heures, ou les jours, qui viennent nous aurons enfin, un Gouvernement qui laisse augurer des lendemains qui chantent et qui n’excluent pas les nécessaires sacrifices équitablement répartis.



jeudi 22 janvier 2015

Que veut l’UGTT ?

Tunis le 22 janvier 2015
La multiplication des grèves avec arrêt du travail et des services ne peut laisser le citoyen indifférent. Les secteurs de la santé, de l’enseignement secondaire et supérieur, des transports sont frappés par des grèves. L’essentiel des revendications concerne des augmentations salariales face à la montée des prix. L’UGTT se base sur des accords passés avec le Gouvernement et non encore honorés.
 Aujourd’hui, dans la quasi indifférence générale, les ouvriers ayant appartenu à la société de transport du Phosphate dissoute, désireux d’être intégrés à la CPG, ne transportent plus le phosphate depuis quelque temps ( 2mois !) par camions vers Gabés entraînant l’épuisement des stocks alimentant le Groupe chimique tant et si bien que ce dernier a cessé de produire avec toutes les conséquences inhérentes à cet arrêt. Pourquoi un transport onéreux par camions alors que le chemin de fer est moins cher ? Le Maroc vient de recourir au transport par pipe-line !
Les ouvriers de la CPG ne sont pas restés en reste et  ont enclenché, eux aussi une grève, pour que la CPG leur serve les primes de rendement de 2013 et 2014 alors que la CPG est déficitaire. Jusqu’à quand continuer à traire cette vache à lait malade ?
Cette noria de grèves rend perplexe surtout que l’équipe BCE n’a pas encore à former un Gouvernement.
Que veut, au juste, l’UGTT ?
Je me pose cette question depuis qu’un adjoint de Monsieur Abassi a osé considérer que le délai de préavis de 10 jours pour déclencher une grève est une spécificité tunisienne et que la grève à la Transtu était, par conséquent, légale !
Je me pose cette question depuis que j’ai entendu le syndicaliste, si Lassaad Yaakoubi sur Nessma, le 20 janvier, développer ses arguments avec fougue, comme toujours, et nous rappeler que les enseignants du secondaire entreront en grève pour deux jours. Il nous informe, le 21 janvier, dans une conférence de Presse, que la grève a été un succès car elle a été suivie par 90% du corps enseignant.
Je dis merci à l’UGTT et au corps enseignant  de nous avoir gratifié de cette nouvelle grève par ces temps difficile que traverse la pays.
Je ne pense pas que les parents d’élèves soient heureux de voir leurs enfants perdre des heures de cours alors que leur niveau est déjà faible et que la plupart recourent au système des heures supplémentaires grassement payées, qui ont enrichi plus d’un.
Monsieur Yaacoubi exhibe des photographies de l’infrastructure défaillante de certains établissements du secondaire pour réclamer des primes. Il  insulte l’avenir en contestant le modèle de développement  du nouveau Gouvernement  en gestation car appuyé par la BIRD et le FMI en qui il n’a pas confiance car ils occultent l’aspect social vu qu’il optera pour l’économie libérale. Du jamais vu !
Il devrait être au diapason des évolutions, car, depuis quelques années, la BIRD  tient compte des aspects sociaux .Le FMI , d’habitude rigide a également tenu compte cet aspect dans son soutien à la Tunisie.
L’argumentaire de l’UGTT, à travers si Yacoubi, me rappelle les revendications de  la Gauche qui n’ont pas varié et  qui explique qu’elle a choisi de rester dans l’opposition.
Est-ce que la Gauche a investi l’UGTT et a aujourd’hui voix au chapitre pour bloquer l’action du prochain Gouvernement ?
Farhat Hached se retournerait dans sa tombe s’il apprenait une pareille orientation.
Je me rappelle que Farhat Hached se proposait de faire adhérer son organisation à la SFIO, franchement à gauche, mais après discussions avec Bourguiba, il a fini par adhérer à la CISL.
 Tous les dirigeants syndicaux qui se sont succédés à la tête de l’UGTT n’ont pas dévié de cette orientation au point qu’entre le parti au pouvoir et l’UGTT , il y avait une symbiose qui a facilité l’indépendance, l’édification de l’Etat et de l’économie du pays .Lorsque Bourguiba était exilé à la Galite, c’est  Hached qui  a poursuivi  la lutte pour l’indépendance. Il en a, d’ailleurs, chèrement payé le prix. Paix à son âme.
L’UGTT, aujourd’hui, voudrait-elle réveiller les vieux démons qui ont secoué, à un moment donné, les relations entre le parti au pouvoir et l’UGTT et faire entrer le pays dans des luttes fratricides ? J’en ai bien l’impression et je souhaite que cette impression soit fausse vu ses conséquences graves pour l’UGTT et le pays.
L’UGTT au sein du « Quartet » nous a donné un très bel exemple de la concorde nationale qui a séduit le peuple tunisien et les pays étrangers.
La commission  interdépartementale qui a été récemment créée et regroupant le Chef du Gouvernement, l’UGTT et l’UTICA a été pour nous une expérience originale pour préparer l’avenir et circonscrire les différends. Que fait-elle actuellement ?
Quand nous débarrasserions-nous de cette opposition dangereuse et désuète entre gauche et droite ?
Quand nous débarrasserions-nous de la volonté d’entrer dans une politique de bras de fer avec les employeurs publics et privés ?
Quand la société civile restera-t-elle inactive face à ces dérives ?
Pour nous, il faut d’abord produire plus et mieux puis penser à répartir.
 A cet égard, une nécessaire coopération, voire une association, entre le capital et le travail doit avoir lieu. Le capital n’est pas notre ennemi et inversement.
 Le tout est de s’entendre à l’échelle nationale sur un plan de développement comportant un accord sur un modèle de développement ambitieux et ses priorités une fois qu’on sera tous d’accord sur le véritable état des lieux.
 Ce plan ne pourra voir le jour que grâce à une franche collaboration entre l’UGTT  (et les autres organisations qui ont vu le jour) et l’UTICA (et les autre organisations qui ont vu le jour),  l’UTICA, la société civile, avec ses experts en abondance, et l’Etat.
La réalisation de ce plan engendra la croissance dont les fruits seront répartis avec davantage de justice. Il va sans dire que parmi les objectifs de ce plan il y a lieu de réformer graduellement notre administration pour introduire davantage de gouvernance, de justice fiscale et de transparence de nature à supprimer certaines iniquités et certains abus.
Il est temps d’arrêter ces grèves avec des arrêts de travail préjudiciables à notre économie.
 Penchons-nous, en priorité, sur les problèmes sociaux et de gestion de la CPG qui doit reprendre sa production et ses exportations et ce dans les délais les plus brefs. C’est un devoir national pour toutes les parties et le rôle de l’UGTT est, à cet égard, capital.
Monsieur Abassi prenez vos responsabilités.Nous avons encore confiance en vous.  


mardi 20 janvier 2015

La « révolution » inachevée

19 Janvier 2015
La révolution qui a commencé par l’action des forces  intellectuelles  et politiques, s’est manifestée dans la triste épreuve du  bassin minier, puis à Sidi Bouzid, par l’immolation de feu Mohamed Bouazizi. Elle  n’a pas eu, malheureusement, de véritables leaders.
Les jeunes  démunis de tout, se sont exposés, un peu partout dans le pays, à la mort par balles, pour réclamer, simplement, le droit à la vie, tout comme leurs concitoyens. Ils n’avaient aucune philosophie, ni aucun projet de remplacement de l’existant.
Ceux qui les ont soutenus, une fois qu’ils ont acquis la quasi-certitude que le coup de pousse à apporter ferait triompher l’insurrection, l’ont soutenu et se sont accaparés de l’aubaine pour revendiquer le droit d’en être les auteurs et d’en fixer les objectifs et les moyens, d’où les positions divergentes et donc les situations conflictuelles (création d’une ANC avec perte de temps et d’argent).
Cette «révolution» a  apporté des gains inestimables, une Constitution après bien des tergiversations et surtout la liberté d’expression, au point que nous commençons à souffrir de cet excès lié au fait que nous ne sommes pas bien préparer, d’où la nécessité de dompter cette cavale en furie pour que nous puissions aller de l’avant, sans trop de pertes.
Oui, c’est à toutes les  parties concernées de faire l’effort sur elles-mêmes pour sauvegarder cette liberté en créant leur propre code de déontologie.
Mais il y a des échecs patents qui donnent à cette « révolution » le goût de l’inachevé.
Si l’institution du « Dialogue national » a été également une brillante réussite due au « Quartet », par contre, l’institution du dialogue socio-professionnel a été occulté.
Nous enregistrons ses effets, dans le domaine économique, avec ses graves retombées sociales, portant les germes de rebondissements déstabilisateurs. 

Sur ce point essentiel, cette « révolution » piétine, car on ne vit pas que de liberté tant qu’on a des ventres creux et des sans-abris.

D’abord, les « laissés pour compte » ont pris leurs désirs pour des réalités et demandent de cette « révolution » de  satisfaire, illico presto,  leurs besoins de travail, de santé, de logement et d’alimentation. Personne n’a fait le nécessaire travail d’éducation et d’encadrement pour exposer crûment les choses comme elles sont et ramener les revendications à leurs justes valeurs.
Les pouvoirs publics, quant à eux, n’ont pas été en mesure de maitriser la hausse des prix.
Ici aussi, la liberté des prix ne doit pas être absolue. Elle a  aussi ses limites. Pour chaque produit importé ou fabriqué, l’Etat en particulier, doit pouvoir dresser et actualiser son prix de revient TTC et le publier sur son site. C’est à partir de ce coût qu’on peut fixer, en toute transparence, une marge raisonnable sur laquelle les pouvoirs publics peuvent agir si elle s’avère excessive.

Le Commerce parallèle et le contrôle des circuits de distribution se heurtent à des difficultés que nous ignorons. Après le dépôt de viandes avariées découvert, après un contrôle administratif, nous commençons à douter de ce que nous mangeons dans nos assiettes et au prix fort.
Sans investissements nouveaux, il n’y aura pas de création significative d’emplois.
En ce qui concerne l’investissement privé, l’UTICA reste timide dans son action  s’appuyant sur l’absence d’infrastructure et l’insécurité qui règne, quoiqu’actuellement elle tende à s’estomper, il est vrai, mais graduellement.
Saluons l’investisseur qui a osé créer une unité de traitement du lait à Sidi Bouzid.
Mais où sont les autres investisseurs ? Où est l’esprit d’entreprendre ?
Malgré le marasme dans lequel se dépêtre le pays et son tissu industriel, l’UGTT, quant à elle, poursuit sa course effrénée en avant, pour satisfaire, sous la pression de ses adhérents, les revendications  salariales de sa base.
Bien sûr que ses accords, arrachés  à l’Etat, en fait sous la pression,  donnent le droit virtuel à l’UGTT de  reprocher à cet Etat de renier ses engagements  qui, il faut le dire, ne se justifient aucunement en pure orthodoxie financière.
A-t-on le droit de servir, tenez-vous bien, des primes de rendement à des unités déficitaires (CPG, transports) alors que l’Etat est exsangue ?
Elle considère comme légitimes ses revendications face à la montée des prix dans tous les secteurs nonobstant le fait que la production et la productivité soient en recul. Elle a ses arguments. Elle doute des chiffres du Pouvoir à qui elle reproche aussi son inertie, ou son incapacité, à juguler, notamment, le commerce parallèle et les dysfonctionnement dans les  circuits de distribution.
Pour faire aboutir ces revendications, rien de plus facile que de recourir à la grève fut-elle sans préavis (avec quatre jours et une perte quotidienne de 140 mille dinars à la Transtu !).

J’ai même entendu, sur une chaîne TV, l’un des directeurs adjoints de l’UGTT, remettre en cause le préavis de 10 jours prévu par la loi au motif que c’est une spécificité tunisienne. Heureusement qu’elle existe !

Les derniers développements, particulièrement dans le secteur des transports et des phosphates, montrent l’urgence qu’il y’a à s’entendre sur la démarche à adopter pour maîtriser les revendications sociales qui semblent ne pas connaître de répit et aller crescendo.
Certes, la grève est un droit prévu dans la Constitution et il ne viendrait à l’idée de personne de le remettre en cause, de même que sa contrepartie, à savoir le droit au travail, le recours au lock-out et aux réquisitions.
Le droit au travail revendiqué âprement par une député n’a pas, malheureusement été retenu par l’ANC. Il en résulte un net déséquilibre regrettable.
Pour faire face à ce raté de notre « révolution », il me semble, plus que nécessaire et urgent, de tout remettre sur le tapis à savoir, la situation financière réelle du pays et sa capacité ou à son incapacité à faire face aux revendications salariales, la situation financière des entreprises particulièrement publiques et celles de notre tissu de PME, la transparence des comptes des entreprises et la contribution fiscale des uns et des autres.
De ces réunions de travail doit se dégager une autre spécificité tunisienne, celle d’un consensus socio-professionnel pour les quelques années à venir.
Il existe une commission présidée par le chef du gouvernement et réunissant l’UGTT et l’UTICA. Il faudrait l’élargir à ceux qui n’en font pas encore partie et l’activer. C’est un cadre idoine pour tracer une feuille de route.
Cette commission se doit, au plus vite, de se pencher sur les arrêts des services et de la production qui se répètent et nuisent au redémarrage de l’économie. Elle doit trouver immédiatement une solution pour la CPG et le Groupe chimique.
Le pays ne peut dépendre de ces actions irresponsables qui nuisent aux entreprises et, en fin de compte, à tous ceux qui revendiquent et, in fine, à l’économie nationale.
Tant qu’on n’aura pas brisé l’idée que par la force on peut arriver à faire plier l’autre, nous vivrons des jours de plus en plus sombres et la société civile n’est pas prête à faire encore des sacrifices en payant plus d’impôts et en s’endettant, pour combler les déficits de nos entreprises.
Le retour au travail et à la productivité est une urgence pour tous.
Il faut, de toute urgence, que les grèves avec arrêt de la production ou des services soient proscrites. Le salarié peut manifester son mécontentement tout en travaillant normalement  et sans excès de zèle.
Nous apprenons avec une large satisfaction que « La fédération générale des agents municipaux affiliée à l’UGTT a décidé, samedi 17 janvier 2015, d’arborer le brassard rouge, durant trois jours, à partir du lundi 19 janvier» .
Il  va sans dire que  le patronat, public ou privé, doit recevoir le message de cette nouvelle forme de revendication et  l’examiner avec le sérieux et la diligence nécessaires.

Nous ne sommes pas les seuls à adopter la formule du brassard rouge ! (Japon, Corée du Sud....).

J’irai même plus loin. Le patronat doit prévenir ces actions de revendication en partageant le fruit de la croissance de l’entreprise et qui n’a lieu, faut-il le rappeler, que par la conjonction des forces du travail et du capital.
Sous d’autres cieux, le salarié est associé au capital de son entreprise !
Le large écart entre ce que perçoit le patron et le salarié doit se rétrécir. Dans le secteur bancaire (par exemple) les écarts sont plus que criants !

Sans cette véritable révolution dans l’esprit, des uns et des autres, dans la façon d’aborder et de résoudre nos problèmes sociaux  et économiques, nous n’arriverons pas à réaliser la nécessaire harmonie dans notre développement socio-économique, combien nécessaire, à la consolidation d’un processus démocratique fragile et engagé à grand peine.

mardi 13 janvier 2015

La liberté d'expression a-t-elle une limite ?

13/01/2015

Encore une fois, je tiens à parler de l’étendue de la liberté d’expression  suite au lâche assassinat des caricaturistes de Charlie Hebdo, dans un acte de vengeance, perpétré par de jeunes français se revendiquant de la mouvance d’el Quaida, au Yemen.
Oui, Charlie Hebdo avait osé tourner en dérision le prophète Mohamed en n’hésitant pas à faire l’amalgame entre Islam et terrorisme.
Qui de nous oserait ,par plaisir, pour faire rire, et  d’un simple trait de plume,représenter le Prophète Mohamed et lui mettre sur la tête une bombe suggérant qu’il est à l’origine des actes terroristes faits en son nom et  donc au nom de l’Islam ?
Un musulman qui se respecte et s’attache à sa religion n’oserait pas le faire.Pourrait, par contre,  y oser, un agnostique, une personne d’une autre religion et ce par, ignorance, haine, plaisir ou intérêt mercantile  en vue de gonfler les recettes de son journal à la suite de ce  qu’on a coutume d’appeler un « buzz » dans le langage journalistique.
Le mal a été fait et plus d’un musulman en a été profondément affecté.
Lorsque des voix se sont élevées pour dénoncer cette atteinte criante au sacré, plus d’une voix s’est élevée pour réfuter ces protestations qui ont fusé à travers le monde musulman, parfois, il est vrai, avec certains excès,au motif qu’elles remettent en cause, selon eux, le principe sacro-saint de la liberté d’expression.
Charlie-Hebdo a été poursuivi en justice par les représentants de la communauté musulmane en France.
Le Président de la République, en exercice, s’est déplacé au tribunal pour soutenir le journal. Hier, dans sa déclaration, ce même Sarkozy, a continué sur sa lancée en parlant de guerre menée par des « obscurantistes » contre la « civilisation ».Obama lui  a parlé « d’atteinte à nos valeurs ».
De quelles valeurs parle-t-il si son pays a osé intervenir, par exemple, en Irak,  détruisant aveuglément des lieux historiques et portant atteinte à la santé des enfants irakiens ?Le Vietnam n’en parlons pas.
Tout le monde, aujourd’hui, s’est mobilisé, dans un même élan, sous l’étiquette  de « je suis Charlie ». Même, ici à Tunis, notre syndicat des journalistes se l’est approprié !
D’un autre point de vue, un Imam connu pour son extrémisme, n’a pas manqué dans son prêche de ce vendredi,  de soutenir les auteurs de ces lâches assassinats et d’inciter son auditoire à la violence.
Deux positions extrêmes aux conséquences graves.
Moi je dis que la liberté d’expression ne doit pas être absolue et donc sans limite. La défendre c’est défendre l’indéfendable.
Pour apaiser certaines craintes légitimes, il ne s’agit pas de légiférer et de poser noir sur  blanc des interdictions et de les imposer à la profession.
C’est aux journalistes français, parce que actuellement les plus concernés directement, et à nos journalistes tunisiens aussi, chacun de son côté, de se pencher sur ce grave problème de l’étendue de la liberté d’expression, et d’établir un code de déontologie qui respecte, au moins le sacré, s’ils ne veulent pas être, peut-être sans le vouloir, à l’origine de violences.
Je considère que l’une des vertus cardinales d’un journaliste est d’être un professionnel, car un professionnel connaît ses limites et respecte son lecteur et son auditeur. Etre journaliste professionnel, c’est être responsable. 
Il y a en Tunisie, des limitations à prévoir dans la charte telles que la diffusion de fausses informations ou l’atteinte à la dignité des personnes. Je ne veux citer, pour exemple, que l’usage du terme de « tartour » pour un Président de la République et d’autres qualificatifs. J’aurais aimé qu’on lui fasse des critiques sur son action présidentielle sans plus et être plus responsable.
Moi, je « ne suis pas Charlie ».Je ne suis Charlie que si Charlie respecte mes convictions religieuses profondes. Cela ne m’empêche pas de m’incliner sur les tombes des caricaturistes victimes de l’obscurantisme.
Cet obscurantisme n’est aucunement lié à un problème  de « civilisation » comme le prétend Sarkosy. La France n’a pas offert à tous ses enfants la même égalité des chances. Elle n’a pas veillé à contrôler ses mosquées et ses imams.Elle n’a pas coordonné ses efforts avec les pays nord africains, connus pour leur islam modéré, pour propager une culture islamique appropriée, dans les livres et sur les ondes.
La France et l’Occident qui disposent de moyens technologiques puissants pour intervenir sur Internet et certains satellites peuvent brouiller les émissions tendancieuses divulguant un islam obscurantiste. Ils  ne l’ont pas fait, toujours, au nom de cette « sacro-sainte » liberté d’expression  absolue mais dont ils récoltent aujourd’hui les fruits amers.
Cet obscurantisme est à nos portes, en Libye. Que vont faire les politiques réunis demain, 11  janvier 2015, à Paris, pour prendre des mesures concrètes et endiguer ce phénomène ?