Révolution tunisienne
Geert Wilders en Tunisie ?Tout le monde a appris que le populiste Geert Wilders vient de remporter une nouvelle victoire. En effet, le tribunal d'Amsterdam a jugé jeudi que ses propos contre l'islam et les musulmans ne constituent pas des incitations à la haine et à la discrimination. « Geert Wilders était poursuivi pour des déclarations datant de 2006, quand il avait comparé le Coran à Mein Kampf ( Hitler ), demandé son interdiction, et exigé des musulmans qu'ils se conforment «à la culture dominante», afin d'«arrêter le tsunami de l'islamisation». Son film Fitna, disponible sur Internet depuis 2008, qui mêle des versets de Mahomet à des images d'attentats terroristes, était également cité[i]. » «Aussi longtemps que je vivrai, je continuerai de m'exprimer» a affirmé Wilders.
Au nom de la laïcité et de la liberté d’expression que l’Occident défend bec et ongles, il y a aussi en Tunisie, des prémisses qui ne trompent pas. La Tunisie s’achemine à ce train-là, lentement et surement vers une liberté d’expression à la hollandaise ou encore à la danoise. Vous vous vous rappelez les caricatures de Mohammed qui ont fait grand bruit et ont fait le tour du monde ?Il n’est pas exclu qu’au nom de la liberté d’expression le caricaturiste danois soit défendu et que le film de Wilders sera projeté dans nos salles de cinéma !
Le citoyen moyen tunisien est-il prêt d’accepter cette évolution ? Est-il prêt d’hypothéquer l’avenir de ses enfants ?
Nous vivons actuellement à l’ombre de la Révolution un déferlement de mouvements émanant de la société civile pour la constitution d’un front pour la défense de la liberté d’expression sans frein et l’égalité des femmes en matière d’héritage en dépit de l’interdiction coranique et la multiplication des conversions à la chrétienté ( voir l’Eglise d’El Hafsia )
Le dernier acte en date est la projection à la salle de Cinéma « AfricArt » à l’Africa, d’un film de Nadia El Feni intitulé « Ni Allah ni Maître » où une artiste tunisienne raconte notamment comment plus d’un tunisien n’observe pas le jeun en invoquant des pseudos arguments.
Je me demande pour quelle raison ces artistes ont choisi un tel film provocateur en pareille période ? Je n’y vois que leur volonté insidieuse d’amener la société tunisienne, par le biais des lettres et des arts, à modifier le mode de vie auquel elle est habituée et qui fait son identité en la rapprochant de plus en plus de l’occident et en la détachant de son socle arabo musulman.
De tout temps, des personnes jeunent et d’autres non et, à mon sens, il n’y a nul besoin d’en faire un étalage. La liberté d’expression de nos artistes a bien d’autres domaines que le sacré pour s’exprimer.
Il est à craindre que ce qui fait notre identité est en train d’être battu en brèche au nom de la « pensée universelle ».
Ma foi, c’est ce que recherche l’Occident qui a reconnu que le plus grand danger vient de l’Islam et met les bouchées doubles pour en limiter l’expansion.
Plutôt que de rechercher à consolider ce qui fait notre identité arabo musulmane certains de nos intellectuels ne font qu’aider consciemment ou non à ce que cette identité s’effrite.
A cet égard, le communiqué de Monsieur le Ministre de la culture m’a vraiment étonné dans sa formulation déséquilibrée[ii] car il a ignoré le côté provocateur du film projeté.
Jamais et au grand jamais, un tunisien de censé n’acceptera de se renfermer sur son passé et de tourner le dos à un occident dont nous avons grandement besoin surtout dans le domaine de la science et de la technologie. Mais nous avons nos propres valeurs. A l’instar du Japon, de la Malaisie ou de la Turquie ces pays ont su garder leur identité tout en s’ouvrant sur l’Occident et en tirer parti pour avancer.
La Tunisie d’aujourd’hui est-elle un désert intellectuel où seuls ceux qui se jettent corps et âme dans la destruction de leur identité ont seuls voie au chapitre ? Pourquoi se taisent-ils ? Pourquoi ne réagissent-ils pas à ces dérapages ? Suis-je en dehors de l’histoire ?
Le revers de la médaille est la propension des partis de Dieu à faire eux-mêmes la loi pour protéger l’Islam comme si l’Islam avait besoin de leur aide pour se maintenir et s’étendre en terre d’Islam.
Pourquoi toute cette violence des salafistes pour empêcher ces laïques à voir un film qui répond à leurs propres convictions. Certes, nous ne les partageons pas, mais nous nous refusons à les en empêcher par la violence.
Le pays est en train de voir des vertes et des pas mures de la part de ces « barbus ».
Si l’Etat les laissait faire, il n’y aurait plus de bars, de maisons closes, de touristes. Il y aurait une plage pour les hommes et une plage pour les femmes. Il y aurait une école pour les filles et une autre pour les garçons. Les femmes n’auront d’autres choix que des gynécologues de même sexe. Que sais-je encore ?
Ce serait un univers à l’envers, véritablement irrespirable.
Je viens d’apprendre que ces énergumènes ont empêché des touristes d’entrer dans la Mosquée de Kairouan pour prendre des photos. Je croyais que ce problème était résolu depuis Bourguiba qui était entré en conflit avec un Imam sur la question et où la sécurité était intervenue.
Le tourisme demeure un pan important de notre économie qu’il convient de défendre contre les islamistes qui veulent le limiter aux touristes arabes !
Comme en Espagne les prospectus que j’ai vus, il y a plusieurs années de cela, informaient le touriste qu’il se devait de respecter l’identité chrétienne de ce pays. Nous pouvons en faire autant et mettre une pancarte dans chaque suite pour que le touriste qui décide de visiter une mosquée fasse sa douche, mette des vêtements respectables et cache sa chevelure s’il s’agit d’une femme. Le touriste nous respectera davantage en voyant que nous sommes fidèles à notre identité. En effet, une mosquée n’est pas une écurie où on y entre en short et les chaussures aux pieds !
Il y a donc des règles à définir pour que celui qui ne croit pas dans l’Islam continue de côtoyer en paix celui qui en est profondément imbu. Mais soyons clairs, la Tunisie est une terre d’Islam et d’accueil que les non croyants locaux et étrangers se doivent de respecter en évitant de heurter de front leurs profondes convictions. C’est un casus belli que de tenter de franchir cette ligne rouge au nom de la liberté absolue et de la pensée universelle.
Ainsi, deux courants antagonistes traversent le pays et cherchent à imposer leurs lois. Un courant laïc à l’extrême et un courant islamiste rétrograde. Derrière ces mouvements des partis politiques. Entre ces deux courants, un citoyen désappointé et un Etat qui refuse de prendre le taureau par les cornes pour rectifier le tir et remettre les pendules à l’heure.
Ce dont nous voulons c’est d’une société arabo musulmane respectueuse de l’autre mais prête à se défendre pour préserver son identité et la renforcer.
Si nous sommes arrivés à avoir parmi nous des concitoyens qui rejettent l’Islam cela est dû à notre système éducatif qui n’a pas réservé la place qu’il mérite à l’enseignement de l’Islam tolérant, d’où une méconnaissance de l’Islam sous son vrai jour. Notre islam est plutôt le résultat d’habitudes héritées de nos parents Sans cette connaissance profonde de l’Islam et de la Charia, il est facile à nos détracteurs de en détourner.
Je n’adhère à aucun parti et je refuse de le faire et je répète que la Tunisie doit rester fidèle à son héritage notamment arabo musulman tout en restant tolérante
Aujourd’hui, le ver est dans le fruit. Où nous laissons le vers pourrir le fruit lentement mais surement, ou nous prenons les devants pour arrêter ce dérapage.
Il n’y a que deux solutions à mon humble point de vue.
La première est de multiplier le dialogue inter religieux dans les médias. Un média a eu la bonne initiative d’ouvrir le débat en réalisant une rencontre entre le Professeur Taalbi et Cheikh Mourou. Ce fut un régal .De ces débats le citoyen se forgera une idée plus juste de l’Islam.
La seconde, est que l’enseignement religieux doit dorénavant avoir une place de choix dans notre enseignement n’en déplaise aux laïcs.