mercredi 27 juillet 2016

Lettre aux Européens et particulièrement aux Français

27/07/2016
De grâce servez-nous d’exemple dans la lutte contre la barbarie et le terrorisme.
D’abord, en tant que musulman, je ne peux qu’éprouver de la compassion pour toutes les victimes de France (… Bataclan,  Nice et récemment Rouen) de Belgique et  d’Allemagne… et m’incliner devant leurs dépouilles… Je ne peux que présenter mes sincères condoléances aux familles des victimes de l’intolérance, de la sauvagerie et de la barbarie.
Je suis d’autant plus peiné que parmi les terroristes figurent, en bonne place, des personnes d’origine tunisienne, car je suis tunisien et fier de l’être.
J’ai suivi avec étonnement et tristesse la position des partis politiques français  qui se sont ligués contre le Gouvernement de Mr F.Hollande critiquant sa politique et celle  de son Ministre de l’Intérieur Mr Caseneuve.
Pour des raisons, sans doute électorales, la Droite tout comme le Front National, se sont ligués pour tirer à boulets rouges contre leur Gouvernement.
La France n’est pas mon pays mais des attaches culturelles me lient à elle.
Politiquement, économiquement et financièrement nous  avons également un grand intérêt à la stabilité et au développement de la France quel que soit son Gouvernement puisque nos intérêts sont solidaires.
Plutôt que de voir vos plateaux TV nous abreuver de critiques contre le Gouvernement en place, j’aurais aimé voir s’exprimer plutôt une solidarité agissante  dans la lutte contre le terrorisme et je suis certain que l’électorat français appréciera davantage cette franche et sincère collaboration, car aujourd’hui, sachez-le, tout citoyen français est menacé dans sa vie et exige du Pouvoir politique, quel que soit sa couleur, de le protéger.
Mettez tous ensemble une cellule de crise pour inventer des répliques à ce démon du terrorisme que même les bracelets électroniques n’arrêtent plus.
Seul le Gouvernement français sera incapable de couvrir toute la France avec ses citoyens et ses visiteurs et là où se trouve des français à l’étranger.
Alors, c’est la mobilisation du citoyen français et la coopération internationale  qui sont requises. Sur ce plan, les partis politiques peuvent être efficaces en apportant leurs précieux concours.
Je pense que l’importante communauté musulmane, établie en France, doit, plus que jamais, montrer sa nette disposition à apporter son précieux concours au rétablissement de la sérénité dans le cœur des français quelle que soit leur croyance religieuse.
Toutes les mosquées ne doivent plus être des lieux de propagation d’un discours d’intolérance et de violence.
A cet  égard, le choix des Imams est capital. Mieux fermer une mosquée (ou une école coranique) que laisser une mosquée ouverte avec un Imam qui prêche la  violence.
Cet assainissement urgent des lieux de culte devrait être fait par les musulmans eux-mêmes avec l’appui, encas de besoin, des forces de sécurité.
Le discours religieux doit s’éloigner des sentiers battus et coller à la réalité du moment.
La France et les pays européens doivent pousser les dirigeants musulmans à mettre en place un organe composé d’oulémas, éclectiquement choisis, dans divers pays ( Maghreb & Egypte) qui auront à donner un éclairage nouveau à nos textes que chacun lit actuellement à sa façon et à le diffuser à travers aussi bien une chaine satellitaire qui contrebalancera d’autres chaines qui diffusent l’extrémisme religieux, que sur Internet.
Nous avons une sommité en la personne de Si Youssef Essedik qui pourrait  peut-être donner son avis sur cette démarche culturelle.
En attendant l’effet du remodelage des jeunes cervelles, il faut suivre discrètement et sans relâche, les jeunes là où ils peuvent se trouver et mieux surveiller les lieux publics (Eglises, Mosquées, Synagogues, gares, aéroports, trains, bus, lieux de spectacles et de divertissement…) en aidant les forces de sécurité.
Enfin, que l’Occident accepte de se pencher sur les politiques qu’il est en train de mener au Moyen-Orient et de part le monde et les remplace par une saine et franche coopération qui commence par le soutien aux pays du Sud dont les citoyens crèvent en mer.
L’injustice, la raison du plus fort, économique et politique, les alliances contre nature, la recherche du gain par des multinationales sans scrupules, un conseil de sécurité mal composé, sont des ferments qui alimentent la haine, sans toutefois l’excuser.
Changez de politiques, montrez-nous le bon exemple pour que notre monde devienne vivable car il ne l’est plus et vous avez participé à sa perte.

Mokhtar el khlifi

jeudi 21 juillet 2016

Essid : un cas de conscience pour chaque élu


Plus d’un d’entre nous a écouté l’interview accordée, le 20 juillet 2016, au canal Ettassia par Monsieur Habib Essid.
Je retiens que c’est un patriote responsable qui a le sens de l’Etat, un grand commis de l’Etat, un responsable toujours prés à servir son pays et qui ne tient pas à rester au poste qu’il occupe actuellement à moins que l’ARP en décide autrement.
En sollicitant un vote de confiance, il s’en est remis à l’ARP, et à travers elle, au peuple tout entier.
Il a reconnu que le verre était à moitié plein (ou vide selon les esprits) et que toute œuvre humaine est imparfaite.
Le citoyen ose espérer que le discours de Si HABIB Essid et le vote seront publics.
Il aspire à ce que le chef du Gouvernement brosse, avec davantage de précisions, les handicaps de toutes natures que son Gouvernement a rencontrés et qu’il n’a pas pu dépasser pour réaliser un taux de croissance plus élevé.
Le prochain Gouvernement sera-t-il en mesure de les surmonter si on ne lui donnera pas les moyens de le faire ?
Si Habib Essid parvient à convaincre chaque député, intellectuellement honnête, du bien fondé de ce qu’il a entrepris jusqu’ici et des aménagements qu’il y a lieu d’introduire tant au niveau de la structure de son équipe qu’au niveau des objectifs et des moyens, pourquoi voulez-vous que le député vote la défiance au gouvernement actuel?
Pratiquement, si la décision au niveau de la coalition au Pouvoir est prise de ne pas reconduire Monsieur Essid et que chaque député suivra à la lettre les instructions de son parti, Monsieur Essid partira certainement après avoir pris à témoin le peuple.
Heureusement que, si les choses se passeront normalement, nous aurons « elbawsala » pour avoir le détail des votes et chaque citoyen aura son idée sur chaque député lors des prochaines élections.
Ce peuple est mûr et ne pardonnera pas celui qui aura sacrifié si Essid sur l’autel de considérations partisanes ou personnelles étroites, alors qu’il n’a encore aucune idée sur celui qui pourrait prendre sa place et pourrait remplir son fauteuil. Un « tient » vaut mieux que « deux tu l’auras ».
En présentant son initiative, BCE n’a-t-il pas dit que l’actuel chef de Gouvernement pourrait être reconduit ?
La balle est donc dans le camp de Si ESSID qui devra convaincre le peuple et chaque député pour que ce dernier vote, en son nom et en son âme et conscience et donc à l’abri de toute pression partisane.
Le peuple sera attentif et saura si chaque député a vraiment pris, en son âme et conscience, l’intérêt de ce pays meurtri qui attend son sauveur car il a trop attendu.
Essid sera un cas de conscience pour chaque député et chaque citoyen si l’ARP l’aura mal jugé d’autant qu’elle n’est pas sûre que son remplaçant fera mieux et aura un profil meilleur. 
Que l’art de bien communiquer, si souvent invoqué, s’il existe chez certaines langues bien pendues qui peuvent dire, le pour et son contraire, peut aussi nous conduire à la démagogie et au chaos.
Un dernier mot, le prochain Gouvernement devra ressusciter rapidement, dans une nouvelle forme, cet organe consultatif qu’était le Conseil économique et social qui a été balayé bêtement d’un trait de plume.
Il devrait aussi créer, à mon sens, un conseil consultatif des sages qui regroupera les personnalités politiques qui ont occupé des postes très importants dans les rouages de l’Etat (Présidents, Premiers Ministres, Secrétaires d’Etat, PDG, Gouverneurs, Hauts cadres) à l’effet d’éclairer le Gouvernement dans sa mission ardue.
Si Essid sera reconduit, s’il le mérite, le pays pourra gagner du temps et repartir de bon pied sur des bases solides et donc se remettre rapidement au travail. 
En comparant Essid et les figures annoncées par certaines fuites je préfère de très loin ce patriote honnête et sincère qui devra s’entourer d’une bonne équipe et de bons conseillers.
21 juillet 2016
Mokhtar el khlifi

mercredi 20 juillet 2016

L’oiseau rare : les cinq conditions à remplir


Le président de la République a affirmé qu’il n’a pas pesé sur le consensus dégagé par les délibérations des divers partis politiques et organisations nationales qu’il a réunis à l’effet de dégager une « feuille de route » mais il a tort d’affirmer que sa mission est terminée.
Pratiquement, on imagine difficilement que  cette assemblée,  puisse, seule, parvenir à choisir un chef de Gouvernement et son équipe, en peu de temps, d’où l’urgence de définir une procédure.
C’est le rôle des conseillers du Président de faire leur travail s’ils en ont l’étoffe.
Je dis cela car on aurait du lui conseiller d’inviter l’UNAT et les représentants des autres organisations nationales ouvrières et patronales. Pour l’UNAT on s’est  enfin repris mais pour les autres cette erreur devrait être réparée  ultérieurement. Pourquoi ces représentants seraient-ils absents ? Qu’a-t-on à leur reprocher ? Est-ce pour ne pas offusquer l’UGTT et l’UTICA ?
Quoiqu’il en soit, je suggère, en toute modestie que la Présidence devrait s’engager dans le processus  sans  pour autant peser sur le choix de la personne du chef du Gouvernement.
La première des choses à faire est de rendre publique la feuille de route, par respect pour ce peuple et en vue de montrer ce à quoi le prétendant à la Présidence du Gouvernement doit s’engager et s’il  juge en son âme et conscience qu’il en a l’étoffe ,qu’il est un meneur d’hommes, qu’il sait communiquer et qu’il a la compétences techniques nécessaires pour  tracer les orientations et les correctifs à y apporter éventuellement, diriger et contrôler  le travail de son  équipe et rendre compte à l’ARP.
Chaque partie aura certainement son chef de Gouvernement à proposer, mais c’est ignorer que d’autres personnalités peuvent prétendre, à tort ou à raison, à ce poste et c’est leur droit. Pourquoi les  priver, dans les coulisses, de présenter leurs candidatures ?
Bien entendu, les représentants des partis et des organisations nationales devront normalement s’entendre sur un certain nombre de critères. Au nombre de ces critères, je citerai quelques uns.
 L’indépendance vis-à-vis des partis politiques et des organisations nationales. Ignorer cette condition c’est retomber dans les errements du passé qui peuvent expliquer les « mains tremblantes » du Gouvernement Essid.
La seconde condition est la compétence. Cette compétence sera appréciée par les représentants des partis et des organisations nationales dans l’aptitude du candidat à défendre son programme d’actions et les aménagements qu’il entend introduire. Il devra donc ne pas se contenter d’une « feuille de route » incolore et inodore et préciser la politique qu’il entend suivre et les premières mesures qu’il entend prendre.
 La troisième condition est que le candidat se doit de présenter son équipe et de défendre son choix si on venait à lui présenter des objections sur tel ou tel  Super-Ministre, Ministre ou Secrétaire d’Etat. Cette équipe n’aura de compte à rendre qu’au chef du Gouvernement qui sera seul responsable de toute la politique engagée devant l’ARP. Mettons  donc fin à ces interpellations intempestives de Ministres à l’ARP. C’est du show et de la perte de temps pour le législatif et l’exécutif.
La quatrième condition est que le Chef du Gouvernement et son équipe s’engagent à s’abstenir de se présenter aux élections.
La cinquième condition est qu’il présente un état de ses biens inscrits aussi bien en son nom qu’au nom de son épouse et de ses enfants.
A BCE de définir la procédure, incluant les délais à respecter par les futurs candidats et  de la soumettre à l’accord des parties présentes et de la publier.
En espérant que les conseillers de BCE lisent ce que la société civile écrit et plaide, à bons entendeur salut !
20/07/2016


mercredi 13 juillet 2016

L’histoire se répète : le Pacte National


J’ai lu récemment le livre autobiographique de feu Mohamed Charfi intitulé « Mon combat pour les lumières ».
Il renferme bien des appréciations sur les faits et les hommes  politiques qui nous côtoient et nous apprend à mieux les connaitre. C’est un véritable plaisir de le lire.
Je me limiterai à évoquer ce qu’il écrit sur le Pacte National, un sujet d’actualité.
Dans la page 198 et suivante il évoque le Pacte National .Ecoutez-le.
« …C’était l’idée de Moncer Rouissi. Il l’a proposée en 1988 au président Ben ALI qui l’a chaleureusement approuvée. Il s’agissait de fêter le premier anniversaire du 7 novembre 1987 par la proclamation d’une déclaration qui résumerait la philosophie de la politique de l’avenir, une plateforme sur laquelle toutes les forces vives  de la nation s’entendraient et qui définirait les règles du jeu entre toutes les parties. Par l’intermédiaire de Hédi Baccouche, Premier Ministre, ( et véritable auteur de la fameuse déclaration du 7 novembre 1987 à laquelle plus d’un y a cru[i]) le Président me propose d’être le rapporteur de la commission qui aurait à élaborer ce pacte…
J’avoue que l’idée de pacte m’a enchanté. Il faut dire qu’à l’époque j’ai pêché par excès d’optimisme. Comme tous les tunisiens, je souffrais de l’impasse où se trouvait mon pays depuis les dernières années de Bourguiba…
J’ai aimé l’idée de pacte national, parce que je pensais et je pense toujours ( janvier 2008) que la démocratie ne peut pas naitre dans la violence et le chaos. Il est donc préférable de définir les règles du jeu et obtenir de toutes les parties qu’elles s’engagent à les respecter. Cela conduit les opposants et les dirigeants syndicaux, qui n’ont jamais participé au pouvoir, à être réalistes, à modérer leurs revendications et à n’adopter que les moyens d’action légaux et pacifiques. Et cela conduit les gouvernants, une fois rassurés, à consentir à libéraliser le système sans craindre ni la destruction de l’Etat ni les règlements de compte, à n’avoir peur ni pour le pays ni pour eux-mêmes. Malheureusement ces espérances seront déçues. Deux parties n’ont pas respecté leurs engagements. Le gouvernement n’a pas libéralisé le système. Et les islamistes ont voulu imposé leur politique hostile à la réforme du système éducatif (dont a été chargé feu Mohamed Charfi à la tête du Ministère de l’Education Nationale).Ils le feront, comme nous le verrons, avec violence, ce qui fournira le prétexte au gouvernement pour imposer un régime plus autoritaire que celui qui existait avant le 7 novembre ( date de la destitution de Bourguiba).Il n’empêche que le Pacte National, porteur d’un beau projet qui a malheureusement échoué, reste un document important auquel on se référera peut-être un jour…
Le Pacte National a été élaboré par une sous-commission composée d’Abdelwahab Bouhdiba, Touhami Nagra, Moncer Rouissi et Mohamed Charfi…Nous avons consulté tous les tunisiens qui représentaient un courant d’opinion ou les intérêts d’un groupement : tous les partis, y compris ceux qui n’étaient pas reconnus, tous les syndicats de salariés, de patrons ou d’étudiants, les ordres professionnels, certaines associations. Tout le monde a accepté volontiers de coopérer avec nous à l’exception du POCT (parti  ouvrier communiste tunisien) présidé par Hamma Hammami qui n’a  pas manifestement cru à la sincérité de la démarche. Plus tard, l’évolution de la situation politique lui donnera raison…le texte est connu. Je ne serai  donc pas long pour le commenter ici. Je dirai simplement que la Tunisie se serait portée beaucoup mieux si tout le monde avait respecté ce pacte…
La commission qui est censée avoir élaborer le Pacte national était composée de tous les partis politiques reconnus, auquel on a ajouté Ennahdha, simplement toléré, et les principales organisations nationales. En trois séances plénières réunies au grand complet sous la Présidence du Premier Ministre, la commission a a pris connaissance du projet et y a apporté quelques retouches…le Pacte a été adopté à l’unanimité des présents et a été signé par toutes les parties au cours d’une séance solennelle organisée au palais de Carthage…tous les signataires ont été appelés à apposer leurs signatures avec indication de leurs noms et de leurs qualités…j’étais heureux ;Je pensais que avec ce texte et les engagements pris par tous, la Tunisie de l’après Bourguiba était partie du bon pied. Quelque temps après, je recevais la proposition du ministère de l’Education. »
Il serait utile que Leaders publie le texte du Pacte National car ce serait vraiment utile.
Aujourd’hui 13 juillet 2016, dans un nouveau contexte et de nouveaux acteurs de la politique un nouveau Pacte à connotation surtout économique et sociale vient d’être signé à Carthage.
Osons espérer qu’il fera long feu et ne connaitra pas le sort du précédent.
Un autre vœu que je formule. Que le nouveau maitre de la Kasba n’accepte d’appliquer ce Pacte que s’il est assez précis, car c’est dans les détails que réside les éventuelles difficultés d’application et qu’il conditionnera sa prise de fonction à la condition de former librement son équipe à l’abri de toute pression  et qu’il sera le seul  à rendre des comptes de la gestion de ses ministres  à l’ARP.
 Mokhtar el khlifi
13 juillet 2016




[i] Les ajouts entre parenthèses sont de l’auteur de la note