12/05/2014
Article publié sur Leaders.com :4374 Visites au 20/05/2014
Par Mokhtar El Khlifi
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Vendredi 9 mai 2014,
l’interpellation de deux ministres du Gouvernement Jomâa, Madame Karboul
et Monsieur Sfar, s’est terminée en queue de poisson, à ma grande satisfaction.
Pour celui qui a suivi les débats, on s’attendait à ce que les deux
ministres interpellés répondent aux questions des députés après la pause de la
prière du moghreb.
Cette pause fut longue et on a deviné que quelque chose se tramait dans les
coulisses de l’ANC. Puis la séance plénière a enfin démarré et vint une
déclaration incolore et inodore des deux ministres. Du coup on a su qu’il y
avait quelque chose qui a été conclu.
Ce fut une réelle mascarade, car la ministre du tourisme n’avait pas à être
interpellée. On savait déjà qu’après le premier incident de croisière, Madame
Karboul avait, dans un souci de transparence, demandé au Ministère de
l’Intérieur de mettre noir sur blanc la procédure à suivre pour les touristes
détenteurs de passeports israéliens. Ce qui fut fait.
Mais le document a fuité et a été
porté à la connaissance du public. Qui en a été l’auteur? Le Ministère de
l’intérieur se doit d’identifier la personne qui a divulgué un document
administratif alors qu’il n’était pas habilité à le faire. Ce département
contient encore des éléments qui ne devraient pas y être.
Quoique tout le monde, et surtout les professionnels du tourisme, savaient
que les touristes israéliens nantis d’un passeport israéliens visitaient la
Tunisie à l’occasion de l’accostage des bateaux de croisières à la Goulette ou
lors du pèlerinage annuel à la Ghriba, ce document a soulevé un tollé.
Une véritable mascarade.
Les auteurs de cette triste et regrettable mascarade étaient ceux qui
attendaient Karboul, voire Jomâa, au tournant.
Il y avait aussi ceux qui voulaient se distinguer en cette période
préélectorale, sans oublier surtout, ceux qui voulaient jouer au pyromane et au
pompier à la fois.
Tous démontraient ainsi de manière flagrante leur irresponsabilité politique
par le peu de souci qu’ils ont à résoudre nos problèmes économiques.
Les professionnels savaient que la pratique était de ne pas viser le
passeport et de délivrer à ces touristes un laisser passer, tout en
prenant soin, pour des raisons de sécurité évidente, de surveiller leur
déplacement. On savait aussi que plus d’un israélien était détenteur d’un
passeport français ou américain et cela facilitait les choses.
En quoi cette procédure que nous acceptons, pour des raisons évidentes de
promotion de notre tourisme, constitue-t-elle une reconnaissance de l’Etat
d’Israël? Qui oserait, parmi les tunisiens, reconnaitre l’Etat d’Israël tant
que les palestiniens ne l’ont pas fait? Personne.
Mais qu’on ne se voile pas la face,
cet Etat, existe et est reconnu par l’ONU, les grandes puissances de ce
monde et le sera un jour, bon gré mal gré, par tous les Etas arabes.
Nous avons même intérêt à coopérer
avec cet Etat s’il se détache du sionisme et maintien son caractère laïc.
Comme on le voit, aujourd’hui, ni les gouvernants israéliens, sans
envergure politique véritable pour faire la Paix, ni la population arabe ne
sont encore mûrs pour faire ce saut salutaire.
Qui donc a arrêté cette mascarade? La composition de la liste des auteurs
de la motion de censure et de celle qui l'a suivie est assez édifiante. Elle
comprend, certes, quelques électrons libres mais surtout Ennahdha, le CPR et
Wafa. Qui a fait pression sur les signataires de la motion de censure pour
retirer, à la dernière minute, leur signature
? Je pense que c’est Cheikh Ghannouchi.
S’il l’a fait, c’est très probablement que le chef du Gouvernement qui
suivait ces débats piteux, lui a téléphoné pour lui dire que si ces
deux motions passaient, il démissionnerait avec toute son équipe et l’a mis devant
ses responsabilités dans l’ouverture de cette crise dont la Tunisie ne se
remettra pas.
Personnellement, je
m’attendais à ce qu’il vienne en personne, à l’ANC, pour remettre les pendules
à l’heure, comme Bourguiba, pour Kaddafi au Palmarium!
La question que plus d’un Tunisien se pose est : à quoi joue Ennahdha,
en étant le pyromane et le pompier à la fois?
Le texte du code électoral, par la
volonté d’Ennahdha, encore une fois, laisse augurer d’un parlement ayant
une composition similaire à celle de l’ANC.
Comment changer ce pronostic
pessimiste et réaliste à la fois?