mardi 29 septembre 2015

La Tunisie a un capitaine à bord


24/09/2015  (Article publié dans Leaders.com.tn)

Plus d’un d’entre nous attendait que le Président de la République s’adresse, enfin, au peuple pour mettre les  choses au clair, car le doute sur le devenir de la Tunisie a commencé à  s’incruster dans l’esprit de certains.
Plus d’un s’est permis de dire que le navire n’avait pas de capitaine à bord, car les mesures structurelles de redressement de l’économie tardaient à être prises.
 Certains, envieux, voulant prendre la relève avant terme ou n’ayant pas accepté le jeu démocratique, travaillaient en sourdine à renverser l’équipe au pouvoir en bloquant ses rouages.
Plutôt  que de résoudre les gros dossiers, l’exécutif  se trouvait confronté à résoudre les affaires courantes et à répondre aux revendications salariales  alors que les caisses sont vides  et ce des les premiers jours du gouvernement.
Imaginez  l’activité d’un groupe chimique connu pour ses importantes recettes en devises, bloquée pendant prés d’un mois ou plus, car des citoyens de la région ne pouvant plus supporter le chômage et la misère et encouragés également par certains ont voulu, contre tout bon sens, être recrutés par la CPG (Compagnie des phosphates de Gafsa).
Le groupe chimique a repris son activité  ce qui est à mettre à l’actif de ce gouvernement qui, par ailleurs, est en train de débloquer les projets dont le financement est disponible et à réaliser des travaux d’infrastructure.
Il ne se passe pas un jour où il est question de contrôle des prix, de contrôle de la qualité des produits et de saisie de produits de contrebande.
Mais l’investissement,  surtout nouveau, ne repart pas au rythme souhaité et qui dit investissement, dit création de nouveaux emplois.
Peut-on espérer qu’avec un PIB de 1,5%  et qui pourrait être bien en deçà  pour l’exercice 2015, résoudre, au moins partiellement, le lancinant problème du chômage, surtout des jeunes, lorsque l’on sait qu’avec un point de PIB, on ne peut aspirer qu’à créer environ 15 milles emplois ?
 BCE ( Béji Caid Essebssi , Président de la République) nous a confirmé, hier, ce qu’on savait déjà, que les investisseurs tant privés qu’étrangers rechignent  à  réaliser des investissements tant que le climat social  et sécuritaire ne sera pas stabilisé.
Sur le plan sécuritaire les choses s’améliorent de plus en plus grâce notamment aux concours de certains pays dans la formation et la fourniture d’équipements à nos forces de sécurité et à nos forces armées  et il ne se passe pas de semaine sans apprendre que des terroristes ont été arrêtés et que des cellules dormantes ont été découvertes grâce à la vigilance de nos enfants et au concours du citoyen qui a appris à dénoncer tout ce qui lui parait louche.
Avec la tenue prochainement d’un atelier sur le terrorisme et l’arrivée des hélicoptères sophistiqués, achetés aux USA, il y a fort à parier que le terrorisme sera maîtrisé et, peut être, éradiqué, si toutefois, la crise libyenne sera résolue.
Nous venons d’apprendre que grâce aux bons offices de BCE  un compromis vient d’être réalisé entre l’UGTT( organisation salariale) et le Gouvernement pour qu’une trêve sociale soit enfin réalisée dans le secteur public au cours de ce qui reste de l’année 2015 ainsi qu’en 2016 et 2017.
Une trêve dans le secteur privé pointe à l’horizon malgré des débuts difficiles entre l’UGTT et l’UTICA ( organisation patronale ) car en dehors de la concertation et du dialogue, rien ne peut être résolu dans ce pays.
Sur le plan politique BCE a défendu le choix qu’il a fait d’associer Ennahdha ( parti à fondement religieux)  au Pouvoir en dépit des réticences de la base du parti qu’il a créé et qui l’a mené au Pouvoir.
 Il a été le premier à comprendre, et c’est le rôle d’un chef, que le pays ne peut être gouverné sans la deuxième force du pays.
 Il a pu convaincre  son principal dirigeant qu’elle  a sa place sur la scène politique pourvu qu’elle abandonne certaines de  ses positions qui la rattachent à des idéologies religieuses extérieures.
 Est sourd celui qui ne veut pas entendre. Est aveugle celui qui ne veut pas voir.
Ne constate-t-on pas qu’Ennahdha a bien changé?
Ceux qui sont  encore réticents devront attendre les conclusions de son prochain congrès.
 Le pragmatisme politique de BCE, lui a valu les critiques de ceux qui ont voté pour lui.
Certains  ne croient plus dans le parti qu’il a crée ce qui pèsera lourdement dans les prochaines élections si des mesures ne seront pas prises pour faciliter l’ingestion de cette pilule amère, mais combien  nécessaire.
 Ne dit-il pas qu’en politique, seuls les résultats comptent ?
En d’autres termes un politicien qui se respecte doit avoir le courage et l’obligation de modifier sa position initiale si cette  modification lui permet d’atteindre l’objectif fixé, à savoir la sortie du pays de l’ornière.
Personnellement, je préfère de loin ce pragmatisme à l’entêtement de d‘une gauche qui continue de croire dans une idéologie désuète ce qui explique son refus de collaborer avec la « droite » et l’attitude  de ses partisans au sein de l’UGTT qui, depuis quelque temps, ne semble plus tenir compte des impératifs nationaux.
BCE a réussi le défi de rétablir la stabilité sociale prélude nécessaire à la mise en place d’un plan de développement  économique qui sera sans doute discuté avec toutes les parties concernées, y compris l’opposition.
BCE réussira sans doute à faire passer son projet de loi relatif à la réconciliation  qui touche les agents administratifs ayant exécuté des ordres sans pour autant bénéficier de faveurs en contrepartie.
Il touchera également les hommes d’affaires qui reconnaîtront leurs torts en remboursant à l’Etat les faveurs accordées majorées de 5%.
Tout en déniant à quiconque de recourir à la pression de la rue pour rejeter ou amender ce texte, BCE accepte , cependant,  les modifications décidées par l’ARP,  seul organe légitime, pour examiner les projets de textes du chef de l’Etat.
Que l’opposition sache qu’elle doit inscrire son action politique dans le cadre de la légitimité démocratique et ne pas essayer de la contourner en recourant à la rue parce qu’elle serait minoritaire au sein de l’ARP.
 Le message a sans doute été bien reçu par les parties concernées.
Le pays, en difficulté, est, aujourd’hui, à la croisée des chemins.
L’UGTT et l’UTICA ont eu enfin le sens des responsabilités pour inscrire leurs actions dans le cadre du dialogue et de la concertation tout en ayant pour objectif commun, la sortie du pays de l’ornière.
Reste l’opposition.
Que ceux qui veulent prendre la relève, démocratiquement, bien entendu, aient la patience  d’attendre les prochaines élections.
 En mettant la main à la pâte, toutes les forces vives du pays, plutôt que de se cantonner dans des idéologies désuètes, des critiques superficielles et des dénigrements systématiques, pourront convaincre le futur électeur de  leur utilité, sinon celui-ci, composé surtout de jeunes et de femmes, les balaieront pour toujours, laissant la place à deux grands partis, Ennahdha qui est en train de collecter de nouveaux suffrages et Nidaa s’il arrive, toutefois, à se désempêtrer de ses faux problèmes.
BCE semblait dire hier aux tunisiens, sans distinction, que l’exécutif a fait ce qu’il a pu sur le plan interne et à l’international et qu’il a besoin d’achever son œuvre  si tous les tunisiens le soutiennent et se remettent au travail.
Les actions entreprises démontrent que la Tunisie a un capitaine à bord contrairement à ce que certains essaient de nous faire croire.
L’opposition, toutes couleurs confondues, est face à un choix historique.  Participer activement et positivement à la reconstruction du pays qui a besoin de leurs concours tout en acceptant honnêtement le jeu démocratique, ou continuer de nager à contrecourant en étant la source de certains blocages qui peuvent concourir à précipiter  le pays dans sa descente aux enfers.
Que la raison, l’amour du pays et le pragmatisme politique triomphent enfin !
A bon entendeur salut.

15


vendredi 4 septembre 2015

Aylan Kurdi, l’enfant syrien rejeté par la mer


Article publié le 04/09/2015 par Leaders.com
Oui, qui d’entre nous n’a pas été ému par cette image d’un enfant de 3 ans rejeté par la mer la face contre le sable ?

Cette triste image continue de faire le tour du monde et d’émouvoir ceux qui ont un brin d’humanité et peuvent, sans remords, se regarder dans un miroir.

 Il y a aussi, cet autre image d’un enfant syrien, plus âgé, qui s’exprime dans un anglais hésitant pour expliquer aux Hongrois qui ne veulent pas d’eux et qui ont barricadé leur frontière de fils barbelés qu’ils doivent plutôt stopper la guerre car il ne demande qu’à rentrer dans son pays.

Ce qui est étonnant, c’est que des dizaines, voire des centaines d’enfants syriens sont morts et meurent encore sous les bombes, les tonneaux de dynamite, les immeubles qui s’écroulent et les balles perdues ou non et ce depuis pas mal de temps sans qu’aucun mouvement de sympathie international similaire ne se soit manifesté!

Pourquoi, le monde, aujourd’hui , semble prendre conscience de l’horreur de cette guerre ?

Est-ce que tous les médias ont joué, pour Aylan, le rôle qui est le leur ? Est-ce que le phénomène migratoire a atteint une ampleur exceptionnelle et va s’amplifiant ? Est-ce que l’Europe se sent menacée par ce péril à ses frontières ? Est-ce parce que l’Europe qui peine à sortir de la récession et  qui est de surcroît traumatisée par le terrorisme des islamistes craint d’être envahie par la marée des musulmans ? Est-ce parce que, Madame Merkel, la Chancelière allemande, dont le pays n’est pas impliqué dans tous ces foyers de tensions ,a été la première à ouvrir ses portes aux migrants alors que des pays arabes riches et certains pays européens ne l’ont pas fait?

Toutes ces interrogations me taraudent l’esprit.

 Je ne me sens pas fier d’appartenir à ce monde plein d’antagonismes, de contradictions, d’intérêts matériels sordides, d’idéologies désuètes, de nationalismes exigus, de volonté de domination du plus faible ou de celui qui ne partage pas vos valeurs et  pour tout dire un monde où l’humanité tend à se perdre.

Le monde d’aujourd’hui est menacé de s’autodétruire sans que ces fichus politiciens n’aient eu le courage de trouver un consensus, certes difficile et douloureux, mais combien nécessaire pour revoir leur conception des rapports entre les Etats.

C’est à cette assemblée mondiale prestigieuse créée au lendemain de la première guerre mondiale, à savoir, la SDN puis l’ONU, pour préserver, tenez-vous bien, la Paix dans le monde, que l’enfant Syrien Aylan, et par sa bouche, tous les enfants du monde, s’adressent, pour que les rapports mondiaux changent dans le bon sens, pour qu’ils aient le droit à la vie, à la nourriture, à l’instruction et à la culture, à la santé et à la Paix.

Il est temps que l’ONU se réveille de sa profonde léthargie.

Elle doit être dirigée par quelqu’un de la trempe du défunt Dag Hammarskjoeld et non par un simple administrateur aux ordres d’un pays ou d’un groupe de pays puissants ,avec un conseil de sécurité qui doit représenter équitablement l’ensemble du monde et non les cinq pays les plus puissants.

De timides tentatives ont été faites pour intégrer l’Allemagne et l’Inde dans le conseil de sécurité, parmi les membres permanents, mais sont demeurées lettre morte.

Cette révolution de l’ONU qui ne pourra être faite que sous la pression de la rue de tous les pays du monde, ne pourra être conduite que par l’Allemagne et la Suède qui ne cessent de montrer qu’ils sont les moins deshumains de ce monde.

De grâce, laissez-moi poursuivre encore mon rêve en souhaitant que cette nouvelle ONU, défende effectivement certaines valeurs et principes.

Outre la Paix dans le monde, la protection de l’environnement au sens large du terme, la réparation des injustices politiques commises par certains pays au détriment de certains peules (le peuple palestinien, le peuple kurde…) et qui minent la coexistence des peuples, la reconnaissance des richesses dans le monde comme étant un bien commun à toute l’humanité ainsi que leur juste répartition, la liberté de  circulation des personnes, des biens et des capitaux, la liberté de conscience, le bannissement du racisme, la défense des valeurs démocratiques et la coopération des Etats dans tous les domaines, devraient être ses objectifs principaux.

Aurions- nous besoin de tous ces arsenaux militaires entre les mains de nains politiques prompts à de nouveaux Nagasaki et de nouveaux Hiroshima ?

Ne pourrions-nous pas reconvertir cette puissance destructrice dans la reconstruction d’un monde que nous sommes en train de détruire à petit feu ?

Avons-nos  besoin de nouveaux Aylan Kurdi pour nous ressaisir et transformer nos rêves et nos espoirs en une réalité ?