mardi 24 mai 2016

Ma chère Tunisie sur une corde raide

23/05/2016
Sans même attendre les conclusions du Congrès d’Ennahdha, je dis que les deux Cheikhs ont mis le pays sur une corde raide.
Ennahdha, en apparence,  évolue, cède du terrain et se rapproche des valeurs républicaines.
Nous pourrions espérer que le pays va entrer dans une nouvelle ère d’union des cœurs, des esprits et des volontés pour le tirer enfin du marasme dans lequel il peine à sortir.
Telle est la volonté déclarée de nos deux  vieillards. Mais, résistera-t-elle à l’épreuve du temps?
La question fondamentale qui se pose est qui soutient réellement cette orientation stratégique  en dehors de ces deux personnalités politiques hors pairs que sont Ghannouchi et BCE ? les  structures qui sont derrière elles? une opposition qui n’arrive pas à se regrouper autour d’un dénominateur commun, politique, économique et social ? le peuple et surtout une jeunesse impatiente dont l’avenir est incertain?
Que Dieu garde en vie ces deux Cheikhs. Je fais ce vœu, non par amour pour ces deux personnalités, mais parce que j’ai de fortes craintes sur l’avenir incertain de mon pays.
Je ne pense pas que les bases politiques de ces deux personnalités ne  feront pas volte face aussitôt que l’une d’elle disparaîtra  de la scène politique.
Ennahdha a un parti fort et  bien structuré mais il recèle  en son sein des opposants  à cette nouvelle orientation.
La large base d’Ennahdha pourrait revenir à son credo initial à savoir l’islamisation du pays. Déjà, les «prêches»  envisagés en parallèle à l’action politique du parti augurent des intentions non avouées d’Ennahdha. A-t-on besoin de prêches?
Nidaa s’est effrité et BCE n’a plus véritablement une machine politique solide pour faire contrepoids à ce colosse. Pire, Il ne tient plus qu’avec l’appui d’Ennahdha.
Le reste des partis ne fait plus le poids avec Ennahdha avec une gauche immature, tenant toujours à une idéologie désuète, les nassériens  qui tiennent encore à des rêves nassériens bien enterrées  au pays qui les a vus naître et enfin, une opposition dite centriste, démocratique et sociale divisée par les égos et l’immaturité économique et politique.
L’avenir du pays ne tient qu’à un fil .Ma crainte est que les investisseurs surtout étrangers en seraient conscients. C’est pourquoi l’investissement  pourrait ne pas repartir  de plus belle. L’investisseur est préoccupé par la stabilité politique qui ne peut repose sur le simple pari de BCE.
La réussite du pari de BCE, que nous souhaitons, repose sur beaucoup d’impondérables. La volonté de Dieu, la « sincérité » d’Ennahdha et de sa base, le comportement de l’opposition et celui de la société civile.
Que Dieu préserve ce pays contre tous les dérapages possibles.
L’espoir, le seul peut être, serait que l’opposition se ressaisisse enfin!


Lettre ouverte au Ministre des affaires sociales et à la Direction de l’UGTT

19/05/2016
Nous avons entendu parler  que le Gouvernement envisage de prendre certaines mesures pour limiter le déficit abyssal des caisses de retraite et particulièrement celui de la CNRPS.
Au nombre de ces mesures figurerait la réduction des pensions de retraite.
Si une telle mesure portant atteinte aux droits acquis était prise, ce serait là une mesure inacceptable pour les retraités et surtout pour les foyers où seule une personne travaille.
Du jour au lendemain ce serait une chute de leur niveau de vie à la fin de leurs jours.
Certes, il y a les sans emplois et ceux qui ne sont pas bien rémunérés mais il y a aussi de hauts cadres qui ressentent la réduction de leur pouvoir d’achat et sont amenés à réduire leurs trains de vie en se privant de certains besoins essentiels pour eux et pour leurs familles.
Ceux qui échappent à ce rouleau compresseur ont eu la chance de gravir les échelons plus rapidement grâce à leur « compétence », peut être, les « services rendus » et les « parrainages ». 
Ceux qui gagnent  facilement 30000 dinars par mois, un peu moins, un peu plus, ne  ressentiront pas l’effet des mesures de réduction de leurs retraites, c’est certain.
L’état dans lequel se trouvent le secteur  bancaire, d’une manière générale, montre, si besoin est, que l’homme qu’il faut n’a pas été à la place qu’il faut. Le système de rémunération dans ce secteur devra être revu et corrigé pour diminuer les écarts patents et insupportables.
Je connais un Directeur Général (sans fonction), retraité depuis 13 ans, qui n’arrive pas à renouveler sa voiture et garde sa petite cylindrée achetée à crédit depuis 2000 ! Il ne peut accéder ni à la voiture populaire ni aux autres voitures !
Pour maintenir son train de vie accepteriez-vous qu’il songe à  vendre sa villa (comportant un rez-de chaussée) pour l’échanger contre  un logement dans un quartier populaire pour renouveler sa voiture ?
Au nom de la solidarité sociale l’Etat ne peut porter atteinte, d’un trait de plume, à la pension des retraités qui ont servi loyalement ses institutions et n’ont pas eu ni l’idée, ni le temps, de créer d’autres sources de revenus, occupés à servir.
L’Etat doit savoir, et on est tous là pour le lui rappeler, qu’il est le seul responsable du déficit des caisses et doit, par conséquent, assumer  ses responsabilités.
Je ne divulgue  pas de secret en affirmant que la question du déficit des caisses de sécurité sociale a été étudiée, en long et en large, par des commissions interdépartementales et des CIM  mais aucune mesure n’a été prise à temps pour limiter la dégringolade des déficits.
Aujourd’hui, le Gouvernement songe à réduire, par voie unilatérale, les pensions des retraités qui ne sont pour rien dans ce déficit ! C’est là une solution de facilité et de surcroit injuste.
Un de nos dictons ne dit-il pas  que la tête du chauve est proche de Dieu ?
C’est l’Etat, avant le 14 janvier 2011 et après cette date, qui a manqué de courage et de compétence  pour prendre, à temps, les mesures qui s’imposaient.
Pourquoi voulez-vous que le retraité fasse les frais de cette mauvaise gestion, passible, au moins, d’une sanction politique?
Il y a bien d’autres solutions que l’Etat devrait prendre plutôt que de se rabattre sur la réduction des retraites. 
Il ne devra pas le faire unilatéralement mais par voie référendaire car le premier intéressé aura le droit de choisir ce qu’on lui propose .Ce n’est pas une affaire de mesure réglementaire ni même de loi. Il va sans dire que les organisations salariales auront aussi leur mot à dire !
Le salarié ne peut plus accepter d’être le dindon de la farce, prêt à être plumé à chaque fois.
Certes, l’Etat s’est engagé sur la voie de la réforme fiscale dans la loi des Finances pour 2016 mais ce sont là des mesurettes et tous les experts en fiscalité s’accordent à dire que l’Etat peut faire plus, mieux et plus vite, s’il prenait le taureau par les cornes.
Il y a aussi des entreprises qui ne paient qu’une partie des cotisations à leur charge. Qu’attend l’Etat pour recouvrer d’abord ses créances ?
Enfin, voilà bientôt cinq ans que l’économie peine à redémarrer avec toutes les conséquences néfastes sur les finances de l’Etat, et  par ricochet, sur les  ressources des caisses sociales vu la diminution des cotisations alors que le nombre des retraités augmente.
Que fait l’Etat de tangible  pour que l’économie redémarre enfin ?
La résorption du déficit des caisses passe, essentiellement, par le redémarrage de l’économie, la bonne gouvernance, la réforme urgente de la fiscalité et la  révision d’un système de répartition qui a montré ses limites en le confortant par une dose de capitalisation nécessaire, par ailleurs, au développement du marché financier.
Si l’Etat tient à inclure le remodelage du mode de calcul des pensions, il se doit de respecter les droits acquis des retraités bénéficiant déjà d’une pension car ce n’est pas à cet âge qu’il est possible de pallier au manque de ressources générée par une réduction drastique des pensions.
Si le salarié savait  dés le départ que sa pension ne devrait représenter que 50% de son dernier salaire, il aurait  pris ses précautions. Maintenant c’est trop tard. 
Dans toute réforme urgente à envisager, le montant des pensions servies est une ligne rouge à ne pas franchir.
A bon entendeur salut.



lundi 9 mai 2016

Appel à la raison de nos décideurs

09/05/2016
Encore une fois, je parlerai de Si Youssef Essedik.
Je l’ai écouté, dans sa très courte émission hebdomadaire sur la radio nationale, ce vendredi 6 mai 2016, vers  14 heures. Il a émis son point de vue sur l’héritage, un livre qui a fait beaucoup de bruit livre sur les derniers jours de Mohamed, la prière du Vendredi et l’apprentissage du Coran…C’est un véritable plaisir de l’esprit.
Pour moi, Si Youssef restera un savant musulman, perspicace, courageux, animé par la volonté de réconcilier le tunisien avec sa religion.
On y voit sa volonté à vouloir remettre en cause  certains acquis qui nous ont été légués par les savants qui  nous ont précédés tout  en nous précisant ses sources que tout un chacun pourrait consulter et surtout tout en nous invitant à en débattre.
On ne peut être plus sûr et plus honnête intellectuellement.
Ses arguments sont, à mon humble avis, implacables, car ils s’adressent à la raison.
S’adressant au Cheikh Battikh qui s’abrite dérriére un verset clair et sans équivoque du Coran pour justifier certaines règles de l’héritage, il lui demande avec insistance de lui répondre sur certains autres versets, tout aussi clairs,  tel que, par exemple , celui qui parle de la libération d’un esclave pour réparer des manquements. La société actuelle compte-t-elle encore des esclaves lui dit-il ? Que faire ?
Ne devrions-nous plutôt faire fonctionner nos méninges? Dieu ne nous a-t-il pas créé libres ? Dieu ne nous a-t-il pas dit que notre prophète Mohamed est le dernier  de ses messagers ? Dieu ne nous a-t-il pas insufflé ce quelque chose de précieux qui nous distingue de tous les êtres et qui fait que nous pouvons aspirer à être ses véritables représentants  sur cette terre ?
Je crois que la renaissance de la civilisation arabo-musulmane sera conditionnée par une relecture de notre Coran car le temps des études exégétiques, faites par des hommes comme nous, est dépassé.
A chaque époque, ses savants. Sachons les écouter et tirer parti de leurs recherches.
Ce qui me tracasse c’est l’absence de volonté politique pour ouvrir, à ce savant, toutes grandes, les portes des médias surtout publics avant qu’il nous quitte prématurément.
Un programme, bien à lui, avec des débats contradictoires pourrait être une mesure courageuse et urgente à prendre à la veille du mois de Ramadhan.
Rappelez-vous que sa très courte intervention radiophonique hebdomadaire a été suspendue à la veille du mois de Ramadhan précédent. Elle n’a repris qu’au forceps.
Je crains qu’elle ne soit, encore une fois, suspendue, voire supprimée définitivement, cette année, avec ce nouveau Ministre des affaires religieuses qui n’a pas encore « nettoyé » ses mosquées et qui croit qu’en apprenant, bêtement, à nos enfants, le Coran, le pays combattra les extrémismes.
A l’appui de ce que j’appréhende, rappelez-vous ce que vient d’écrire un haut responsable d’Ennahdha dans un post « facebook ».
Oui, cet ancien ministre avait osé écrire que  les émissions de Si Youssef Essedik ne lui apprennent rien et qu’il ne perd rien à ne pas les entendre.
Voilà qui  dépasse l’entendement et qui augure d’une pente dangereuse à emprunter par ceux qui ont encore des mains qui tremblent.
Abassi ne vient-il pas de déclarer que le chef du Gouvernement est soumis à la pression de certains partis politiques qui contestent certaines de ses prises de position ?
Je pense, dur comme fer, que le pays a besoin d’un gouvernement de technocrates et non de politiciens qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez.
Rétrécir l’accès des médias, voire supprimer leur accès à si Youssef serait une tentative trop dangereuse.
Se limiter à ses écrits, c’est retarder la libération des esprits. Oui, je préfère de loin que de son vivant  il  mette à la portée, du grand public, et surtout aux moins de 40 ans, le résultat de ses réflexions profondes.
Nous avons un cruel besoin de relire notre Coran pour nous rapprocher davantage de notre religion dont nous sommes fiers.