Tunis le 27/12/2014
Certes, nous accordons un
préjugé favorable au nouvel exécutif avec ses deux composantes, Président de la
République et Gouvernement, d’être en mesure de prendre les mesures à court et
à moyen terme appropriées pour engager le pays dans l’effort de redressement, mais
cela n’empêche nullement le citoyen de faire les propositions, qu’il juge utile,
dans la contribution au rétablissement,
de la confiance.
D’abord, et le plus urgent, est de rétablir la
confiance en faveur des mal lotis.
On leur a accordé bien des
promesses. Le temps est venu de les tenir, au moins partiellement.
Les médias nous ont montré les poches de
misère intolérables qui défigurent le
paysage de notre pays et qui si elles persisteraient, outre qu’elles seraient
un outrage à nos martyrs tombés sur le champ d’honneur, constitueraient une
menace réelle pour la stabilité sociale et la poursuite du processus
démocratique.
Les nantis doivent, et dans
leur propre intérêt, en prendre conscience.
L’hiver est là avec sa rudesse. Si on a le
ventre creux et qu’on n’a pas de quoi se couvrir sous un abri de fortune, c’est
le moment ou jamais de montrer à nos concitoyens démunis que l’Etat et la
société civile ne les ont pas oubliés et sont là pour les aider.
Une large action de
solidarité doit être entreprise et dans laquelle nous devrions tous contribuer.
A cet égard, J’ai pensé à l’organisation
de caravanes en leur faveur qui sillonneraient le pays pour apporter un brin
d’espoir à ces personnes de tout âge. Mais,le tout est de savoir les organiser
méticuleusement.
Je propose au moins trois caravanes,
l’une pour les régions limitrophes de la frontière algérienne, une pour le centre
et la troisième pour le Sud et qui
démarreront ensemble à la même date, et travailleront en étroite coopération.
Ces caravanes seront
composées par, des représentants de l’Etat (affaires sociales, santé,
agriculture …), une ou plusieurs associations caritatives, les représentants de
Andi et ceux des deux nouveaux organismes de microcrédits.
La mission de ces caravanes
est d’apporter, certes, une aide concrète et immédiate (couvertures,
habillement d’hiver, chaussures et bottes, alimentation, pétrole, gaz etc) à
tous ceux et celles qui la méritent. Mais, ce sera aussi l’occasion d’enregistrer,
l’état des lieux, leurs doléances et leurs cordonnées dans un registre qui sera
d’une utilité certaine en cas de volonté de relèvement des prix des produits de
base. Ce sera aussi l’occasion de faire, en leur faveur, au moins les premières
démarches pour qu’ils aient une CIN pour ceux qui n’en ont pas.
Andi et les deux jeunes sociétés de microcrédit
identifieront les possibilités d’octroi de leur aide en nature et sous forme de
financement pour ceux et celles qui ont une idée de projet. Je pense, en milieu
rural, à faire revivre, par exemple, l’expérience du PDR mais, avec le suivi
nécessaire.
Outre l’octroi à ces
familles de bêtes à élever, de ruches pour la production de miel, que sais-je encore ,et avec la contribution du
Ministère de l’Agriculture, on pourrait prévoir des emplois pour la
construction de chemins vicinaux, le reboisement et la protection des sols
ainsi que la construction de lacs colinéaires pour l’irrigation.
Si dans chaque famille on
arrivait à employer, ou à mettre sur pied un projet pour le chef ou la
cheftaine de famille ou pour l’un de leurs enfants, on pourrait créer une lueur
d’espoir et ramener le goût de la vie et
donc du travail.
Quant au financement de ces
caravanes tournantes, on doit compter sur l’apport de l’Etat et de la société
civile en mettant à contribution les associations caritatives obéissant à des
règles de gestion transparentes.
Tant qu’on y est, pourquoi
ne pas créer un compte postal ( la Poste existe dans les coins les plus
reculés), avec les contrôles nécessaires pour recueillir les fonds locaux et étrangers
et éviter la triste expérience du 26/26 ?
Quant à la confiance pour la
reprise de l’investissement, elle devrait être établie à deux niveaux.
Le premier est l’examen avec
le Gouvernement sortant des entraves identifiées à la réalisation des
investissements déjà programmés et
bloqués pour différentes raisons excepté le financement qui, heureusement,
existe.
Qu’est-ce qui retarderait
une prise de décision adéquate impliquant une modification rapide des textes
pour le déblocage de ces investissements avant de rechercher de nouveaux
investissements?
Le second niveau est le
sauvetage, d’une part, des PME qui traversent des difficultés et qui
constituent l’essentiel de notre tissu industriel et, d’autre part, les unités
qui, avec une meilleure gestion et une meilleure gouvernance, pourraient
reprendre normalement leur activité.
Je pense particulièrement à
la CPG et au Groupe chimique dont la solution de leurs problèmes ne doit plus
attendre.
Les pertes de la CPG nous auraient-elles pas épargné un endettement accru auprès du
FMI ?
Le second niveau consiste
dans l’élaboration d’un plan de développement (triennal, quadriennal ou
quinquennal) qui donnera aux investisseurs locaux et étrangers une vue claire
et chiffrée des objectifs poursuivis et des moyens à mettre en œuvre.
C’est avec ce Plan que les
autorités pourront convaincre les pays frères et amis d’accompagner la reprise
de notre développement sans lequel l’expérience démocratique ne pourra pas être
menée à son terme et perdurer.
La mise en place d’un Conseil économique et
social, encore une fois, pourra regrouper nos compétences de divers horizons
pour participer à l’élaboration de ce Plan de développement économique et
social.
Les objectifs de ce Plan
doivent être ambitieux et tabler sur un taux de croissance économique élevé car
des taux inférieurs à 5% ne permettront nullement le relèvement des grands
défis.
En effet, les économistes s’accordent à dire
qu’un taux de croissance de 1% ne parvient à générer que 15 milles emplois
environ. A un rythme de croissance aussi
faible, combien de temps notre jeunesse pourra-t-elle attendre encore ?
Je crois qu’une action
rapide au niveau de ces trois axes serait en mesure de créer l’espoir et de
contribuer à la stabilité politique et sociale en emportant l’adhésion de tous,
riches et pauvres.