lundi 29 décembre 2014

Le rétablissement de la confiance ; une priorité


Tunis le 27/12/2014

Certes, nous accordons un préjugé favorable au nouvel exécutif avec ses deux composantes, Président de la République et Gouvernement, d’être en mesure de prendre les mesures à court et à moyen terme appropriées pour engager le pays dans l’effort de redressement, mais cela n’empêche nullement le citoyen de faire les propositions, qu’il juge utile, dans la  contribution au rétablissement, de la confiance.
 D’abord, et le plus urgent, est de rétablir la confiance en faveur des mal lotis.
On leur a accordé bien des promesses. Le temps est venu de les tenir, au moins partiellement.
 Les médias nous ont montré les poches de misère intolérables  qui défigurent le paysage de notre pays et qui si elles persisteraient, outre qu’elles seraient un outrage à nos martyrs tombés sur le champ d’honneur, constitueraient une menace réelle pour la stabilité sociale et la poursuite du processus démocratique.
Les nantis doivent, et dans leur propre intérêt, en prendre conscience.
 L’hiver est là avec sa rudesse. Si on a le ventre creux et qu’on n’a pas de quoi se couvrir sous un abri de fortune, c’est le moment ou jamais de montrer à nos concitoyens démunis que l’Etat et la société civile ne les ont pas oubliés et sont là pour les aider.
Une large action de solidarité doit être entreprise et dans laquelle nous devrions tous contribuer.
A cet égard, J’ai pensé à l’organisation de caravanes en leur faveur qui sillonneraient le pays pour apporter un brin d’espoir à ces personnes de tout âge. Mais,le tout est de savoir les organiser méticuleusement.
Je propose au moins trois caravanes, l’une pour les régions limitrophes de la frontière algérienne, une pour le centre et la troisième  pour le Sud et qui démarreront ensemble à la même date, et travailleront en étroite coopération.
Ces caravanes seront composées par, des représentants de l’Etat (affaires sociales, santé, agriculture …), une ou plusieurs associations caritatives, les représentants de Andi et ceux des deux nouveaux organismes de microcrédits.
La mission de ces caravanes est d’apporter, certes, une aide concrète et immédiate (couvertures, habillement d’hiver, chaussures et bottes, alimentation, pétrole, gaz etc) à tous ceux et celles qui la méritent. Mais, ce sera aussi l’occasion d’enregistrer, l’état des lieux, leurs doléances et leurs cordonnées dans un registre qui sera d’une utilité certaine en cas de volonté de relèvement des prix des produits de base. Ce sera aussi l’occasion de faire, en leur faveur, au moins les premières démarches pour qu’ils aient une CIN pour ceux qui n’en ont pas.
Andi et les  deux jeunes sociétés de microcrédit identifieront les possibilités d’octroi de leur aide en nature et sous forme de financement pour ceux et celles qui ont une idée de projet. Je pense, en milieu rural, à faire revivre, par exemple, l’expérience du PDR mais, avec le suivi nécessaire.
Outre l’octroi à ces familles de bêtes à élever, de ruches pour la production de miel,  que sais-je encore ,et avec la contribution du Ministère de l’Agriculture, on pourrait prévoir des emplois pour la construction de chemins vicinaux, le reboisement et la protection des sols ainsi que la construction de lacs colinéaires pour l’irrigation.
Si dans chaque famille on arrivait à employer, ou à mettre sur pied un projet pour le chef ou la cheftaine de famille ou pour l’un de leurs enfants, on pourrait créer une lueur d’espoir et ramener le goût  de la vie et donc du travail.
Quant au financement de ces caravanes tournantes, on doit compter sur l’apport de l’Etat et de la société civile en mettant à contribution les associations caritatives obéissant à des règles de gestion transparentes.
Tant qu’on y est, pourquoi ne pas créer un compte postal ( la Poste existe dans les coins les plus reculés), avec les contrôles nécessaires pour recueillir les fonds locaux et étrangers et éviter la triste expérience du 26/26 ?
Quant à la confiance pour la reprise de l’investissement, elle devrait être établie à deux niveaux.
Le premier est l’examen avec le Gouvernement sortant des entraves identifiées à la réalisation des investissements déjà  programmés et bloqués pour différentes raisons excepté le financement qui, heureusement, existe.
Qu’est-ce qui retarderait une prise de décision adéquate impliquant une modification rapide des textes pour le déblocage de ces investissements avant de rechercher de nouveaux investissements?
Le second niveau est le sauvetage, d’une part, des PME qui traversent des difficultés et qui constituent l’essentiel de notre tissu industriel et, d’autre part, les unités qui, avec une meilleure gestion et une meilleure gouvernance, pourraient reprendre normalement leur activité.
Je pense particulièrement à la CPG et au Groupe chimique dont la solution de leurs problèmes ne doit plus attendre.
Les pertes de la CPG  nous auraient-elles pas  épargné un endettement accru auprès du FMI ?
Le second niveau consiste dans l’élaboration d’un plan de développement (triennal, quadriennal ou quinquennal) qui donnera aux investisseurs locaux et étrangers une vue claire et chiffrée des objectifs poursuivis et des moyens à mettre en œuvre.
C’est avec ce Plan que les autorités pourront convaincre les pays frères et amis d’accompagner la reprise de notre développement sans lequel l’expérience démocratique ne pourra pas être menée à son terme et perdurer.
 La mise en place d’un Conseil économique et social, encore une fois, pourra regrouper nos compétences de divers horizons pour participer à l’élaboration de ce Plan de développement économique et social.
Les objectifs de ce Plan doivent être ambitieux et tabler sur un taux de croissance économique élevé car des taux inférieurs à 5% ne permettront nullement le relèvement des grands défis.
 En effet, les économistes s’accordent à dire qu’un taux de croissance de 1% ne parvient à générer que 15 milles emplois environ. A un  rythme de croissance aussi faible, combien de temps notre jeunesse pourra-t-elle attendre encore ?

Je crois qu’une action rapide au niveau de ces trois axes serait en mesure de créer l’espoir et de contribuer à la stabilité politique et sociale en emportant l’adhésion de tous, riches et pauvres.

mardi 23 décembre 2014

Ressuscitons le Conseil économique et social

Le Conseil économique et social (CES) prévu la Constitution de 1959 a été créé en vertu du décret-loi du 19 janvier 1961.
«Le Conseil économique et social est un organe consultatif en matière économique et sociale. Sa composition et ses rapports avec la Chambre des députés et la Chambre des conseillers sont fixés par la loi.»
«Cet organisme  est obligatoirement consulté sur les projets de loi à caractère économique et social, les textes amendant ces projets de loi, sur le plan de développement, sur les rapports d'exécution du plan, sur la conjoncture économique et sur les budgets économiques.
Le gouvernement et la Chambre des députés peuvent aussi le consulter sur d'autres projets de lois.
Le CES peut également examiner de lui-même des questions économiques et sociales et donner son avis sur le sujet, appeler le gouvernement à des réformes qui lui semblent opportunes ou transmettre des rapports au président de la République.
Le conseil entretient, par ailleurs, des «relations d'amitié avec des institutions similaires représentant les pays frères et amis».
Le CES est aussi membre fondateur de l'Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires, dont il est aussi membre du conseil d'administration.
Il est enfin membre fondateur de l'Union des conseils économiques et sociaux d'Afrique en 1994.»
Initialement, Il comprenait trente membres, nommés par décret pour cinq ans, représentant les salariés, les entreprises industrielles et les personnes «expertes».
Le 9 avril 1965, le nombre de membres passe alors à 37, dans le but d'inclure sept membres représentant le secteur coopératif.
Plus tard, en 1970, le CES passe à 42 membres. Les représentants du secteur coopératif sont alors remplacés par des représentants des secteurs agricoles et des services, des organisations de consommateurs et des organisations de jeunesse. En 1983, le conseil passe à 68 membres.
La loi organique no 88-11 du 11 mars 1988 fait passer sa composition de 68 à 117 membres, représentant la société civile et les régions.
Les membres se répartissent de la façon suivante:
  • les organisations professionnelles: 26
  • les organisations nationales, les associations et les professions libérales: 19
  • les régions: 24 (un par gouvernorat)
  • l'administration et les entreprises publiques: 18
  • les personnes «qualifiées»: 30
Par ailleurs, l'institution comprend cinq commissions permanentes, au lieu de deux précédemment.
 Ces commissions sont les suivantes:
  • Commission de l'éducation, de la jeunesse et de la culture
  • Commission économique, financière et de la conjoncture
  • Commission de la santé, du travail et des affaires sociales
  • Commission de la coopération et des relations extérieures
  • Commission de l'agriculture et du développement régional»
C’est ce que tout le monde peut trouver sur WIKIPEDIA.
La majorité à l’ANC, forte de son Pouvoir, a cru bon de supprimer cet organe en vue de faire table rase du passé comme si tout ce qui a trait à l’ancien régime devait être supprimé sans discernement aucun.
Le CES  a été ainsi dissout en vertu du décret-loi du 23 mars 2011 portant organisation provisoire des pouvoirs publics puis supprimé par la Constitution du 10 février 2014.
En partant du fait que:
  • La liberté d’expression, acquise après le 14 janvier 2011, a donné la possibilité au citoyen de s’exprimer sur divers sujets qui intéressent le développement du pays faisant apparaître que le pays regorge de compétences prêtes à servir,
  • Les députés au Parlement sont amenés à voter des textes sans avoir nécessairement, ni le temps, ni les moyens de se forger une idée précise sur le sujet traité,
  • Le pays qui traverse une situation difficile sur bien des plans n’a pas assez de temps pour trancher et prendre les décisions qui s’imposent,
  • Le Gouvernement voudrait bien associer tout le monde au redressement du pays,
  • Nos savants, économistes, experts ont, je pense, des études et des références sous la main  qu’ils sont prêts à en faire bénéficier la communauté,
  • Nos nombreux cadres partis à la retraite ont une expérience dont ils voudraient bien faire profiter le pays.
J’estime, par conséquent, que le conseil économique et social pourrait servir de cadre idoine à l’éclatement de ces compétences, d’où l’idée de ressusciter cet organe, le plus tôt possible.

Bien entendu, il y aurait  lieu de veiller à en faire une structure efficace,  et légère tout en restant multidisciplinaire et ce en redéfinissant les commissions, leur objet et leur composition.

A cet égard, l’énergie, l’eau, l’agriculture, l’éducation, l’industrie, la santé,  les technologies, les services et l’environnement devraient avoir une place de choix. 

Qui pourrait constituer une équipe restreinte qui, à partir des textes abrogés, pourrait préparer un projet de loi et le soumettre au Gouvernement et à la Chambre des députés?
Mokhtar El Khlifi